Parmi la longue liste des discriminations auxquelles font face de nombreuses personnes, la grossophobie s’y ajoute. Elle sévit toujours grandement dans nos sociétés. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Selon le dictionnaire Larousse, cela désigne : « un ensemble d’attitudes et de comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses, en surpoids ou obèses. » Avec en prime, des préjugés selon lesquels les personnes grosses le sont parce qu’elles le veulent.
C’est ce que dévoile une récente étude de la start-up Fedmind. Or, l’obésité est provoquée par plus de 110 facteurs scientifiques ! Zoom sur cette étude réalisée auprès de 1 002 individu.e.s âgé.e.s de 18 ans et plus, sur leur perception de l’obésité.
« Tu n’y mets vraiment pas du tien »
Patatra ! Quand on croyait que la crise sanitaire aller désamorcer les fausses croyances autour de la prise de poids et l’obésité, c’est perdu. L’enquête menée par Fedmind, à l’occasion de la Journée mondiale de l’obésité le 4 mars dernier, montre que deux tiers des répondant.e.s estiment que le fait d’être gros.se ou obèse est avant tout un problème de volonté. Un raccourci extrêmement réducteur !
Tout aussi consternant, ce bilan sur « la grossophobie en France » rapporte qu’1 Française sur 5 (près de 1 sur 4 chez les hommes) affirme que la grossophobie pourrait avoir « un effet positif ». Selon certain·e·s, cela permettrait finalement de « faire perdre du poids aux personnes obèses qui ne veulent plus subir de remarques désobligeantes ».
« Le fait de se sentir mal, de culpabiliser, d’être rejeté·e et de ressentir des émotions négatives va justement amplifier un cercle vicieux et la prise compulsive des kilos émotionnels. Les personnes obèses ne peuvent pas être dans le déni, tout est fait pour leur rappeler leur condition », explique Maïwen Janovet, présidente de l’association Obèses Anonymes et fondatrice de Fedmind au magazine Neon
Donner de la visibilité aux personnes en surpoids encouragerait l’obésité
On aurait pu croire que les mentalités avaient changé en 2022, grâce notamment aux différents mouvements de body positivisme qui consistent à célébrer et accepter tous les corps et types de morphologies. Mais visiblement les chiffres de Fedmind montre ô combien il y a une réelle grossophobie qui persiste en France et des préjugés toujours autant répandus.
En effet, pour 1 Français.e sur 3 donner plus de visibilité aux personnes en surpoids sur les réseaux sociaux, les médias ou encore dans les films, banaliserait l’obésité. Moralité, selon ces personnes interrogées, elle se développerait plus.
Des opinons qui vont à l’encontre du militantisme bienveillant sur lequel repose le body optimisme, qui vise surtout à désinvisibliser les personnes gros.es ou obèses et à faire tomber les stigmates en montrant des personnes en surpoids.
La grossophobie : un problème de société
Si la grossophobie existe en 2022 c’est bien en partie à cause de diktats de beauté ancrés dans notre société. Être belle ou beau a été longtemps associé à une taille fine, des jambes musclées et un ventre plat avec des abdos. Les réseaux sociaux n’ont d’ailleurs pas arrangé les choses. Des fils d’actualité Instagram pleins de personnes à la taille mannequin, aux fesses rombondies et parfaitement sculptées. De quoi faire complexer n’importe qui !
L’obésité n’est pas un chiffre en trop sur la balance. Si elle semble n’être toujours pas considérée comme une maladie en France par certain·e·s Français·es, elle l’est bel et bien par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’obésité est causée par de nombreux facteurs, dont le stress, le manque de sommeil, la sédentarité, la consommation d’alcool, un faible apport de calcium et bien d’autres raisons scientifiques.
Malheureusement, de nombreuses personnes sont victimes de harcèlement moral à cause de leur poids. Les préjugés sur l’obésité sont toujours autant répandus. Conséquences : elles se replient sur elles-mêmes et se coupent du monde extérieur. Visiblement, il va encore falloir du temps pour faire évoluer les mentalités…
Comment lutter facilement contre la grossophobie ?
Sachez premièrement, qu’une journée de la lutte contre la grossophobie a été créée par la Mairie de Paris. À cette occasion, les professionnel.le.s de santé ont reçu une formation spécifique concernant les discriminations physiques. La Journée mondiale unifiée contre l’obésité a également lieu chaque année le 4 mars. Une date qui permet, plus que jamais, de sensibiliser les mentalités afin de faire évoluer la vision du public en luttant contre les idées reçues.
Et pour lutter à votre échelle, nous vous recommandons de vous renseigner sur l’obésité afin de changer votre regard. Enfin, soyez à l’écoute des personnes qui en ont besoin. Si vous remarquez des comportements de harcèlement ou d’agressions, ou en êtes victime vous pouvez :
- Appeler « Non au harcèlement » au 3020
- Déposer plainte au commissariat
- Téléphoner à « Net écoute » au 0 800 200 000
Et pour lutter contre les discriminations, rendez-vous sur le site anti-discriminations.fr. N’hésitez pas également à venir en discuter sur notre forum.
