Certains destins féminins restent enfouis dans les abysses de l’histoire. De l’Antiquité, au Moyen Âge en passant par la période contemporaine, des actes féminins ont apporté leur pierre à l’édifice. La réussite n’a pas de sexe et ces femmes de caractère ont réussi à le prouver. Souveraines, scientifiques, guerrières, artistes, politiciennes… toutes se sont frayées un chemin honorable dans un univers éminemment masculin.
Pour éviter une amnésie collective de ces parcours glorieux, sortons de l’ombre 10 femmes méconnues qui ont façonné l’Histoire. Alors, qui sont ces héroïnes injustement laissées de côté ?
1 – Wu Zetian, unique femme « empereur » de Chine
Dans les profondeurs de l’histoire chinoise se cache un épisode atypique, voire fantaisiste : celui du triomphe de Wu Zetian. Au VIIe siècle, alors que le féminisme n’est pas encore inscrit dans les mœurs, elle bouleverse les traditions patriarcales et jouit d’un grand pouvoir.
Les dynasties impériales placent souvent les femmes aux oubliettes, mais cette battante rusée joue de son influence pour faire évoluer les mentalités. D’abord, elle occupe le statut d’impératrice, mais lorsque son époux, l’empereur, décède, elle ne tarde pas à se hisser sur le trône. Cachée derrière une tenture, elle est décrite comme stricte, mais elle accorde une place toute particulière aux femmes. Ses décisions politiques ont d’ailleurs fait pencher la balance de l’égalité. Elle fut l’une des premières à redorer le blason des Chinoises et à améliorer leurs conditions de vie.
2 – Tomoe Gozen, une samouraï légendaire
Au cœur du Japon médiéval, les prouesses de cette jeune téméraire sont largement respectées. À cette époque, beaucoup de femmes savent manier le naginata, une longue lance qui leur sert d’arme de défense pour protéger la maison en l’absence de leurs maris. Tomoe Gozen, elle, est plus ambitieuse. La samouraï habile se rêve en combattante, en pleine démonstration de force pour faire trembler les ennemis.
Acharnée, elle s’entraîne et atteint un niveau impressionnant. Elle maîtrise à la perfection l’art du kenjutsu, un sabre japonais et du tir-à-l’arc. Une palette large de qualités qui lui permettra de devenir capitaine dans l’armée de son compagnon. Par sa persévérance et son courage, Tomoe a de quoi faire rougir les soldats. La légende raconte qu’elle se serait même battue de façon héroïque jusqu’à sa mort.
3 – Amina de Zaria, conquérante combative
La destinée de cette femme guerrière reste encore bloquée à la frontière du Nigeria. Son nom ne parlera peut-être qu’aux adeptes de géopolitique. Pourtant, avec sa hargne et sa bravoure, Amina de Zaria s’est forgée le statut d’emblème de l’histoire africaine.
Fille du roi Bakwa Turunku, elle ne rêve pas d’une vie de château. Véritable battante dans l’âme, elle troque sa couronne de princesse contre une armure de soldat. À la mort de son père, Amina reprend le flambeau du pouvoir et domine la cité-État de Zazzau en pays haoussa. Grâce à sa force de caractère, elle tient les rênes d’une armée de 20 000 hommes. Peu malléable, l’héroïne ne se laisse pas influencer et personne n’ose lui tenir tête. Mais avec sa politique de conquêtes, elle alloue à son Royaume une place flamboyante au cœur de l’Ouest Africain.
Aujourd’hui encore, son histoire fascine le pays. Cette reine audacieuse est devenue un véritable mythe.
4 – Nzinga du Ndongo, puissante reine guerrière
Nzinga du Ndongo s’inscrit dans la lignée de ces souveraines tenaces. À la fin du XVIe siècle, les troupes portugaises envahissent le royaume du Ndongo (actuel Angola) et pillent toutes les richesses du territoire. Nzinga grandit dans un climat d’oppression et s’éprend d’admiration pour son père qui tente de résister devant les colonisateurs.
Le roi habitue sa fille aux combats dès son plus jeune âge, ce qui lui permet de se forger un mental d’acier. Au vu de sa répartie, la forte tête est envoyée comme négociatrice auprès des Portugais. Après de longues heures d’échanges, elle sort gagnante et remporte des succès diplomatiques. Pendant plus de 40 ans, Nzinga a bâti un véritable empire autour de son règne. Elle aurait même permis aux femmes d’accéder à des postes à hautes responsabilités. Si cette épopée date de plus de 600 ans et reste méconnue en Occident, Nzinga, elle, reste un symbole de résistance en Angola.
5 – Alice Guy, pionnière du cinéma mondial
Alice Guy, femme talentueuse, indépendante et surtout visionnaire est une figure du cinéma muet de la fin du XIXe siècle. Paradoxalement, cette as du projecteur est tristement laissée dans l’ombre. Pourtant, son ascension professionnelle est follement admirable pour une femme de cette époque.
D’abord recrutée par un certain Léon Gaumont, Alice gravit les échelons petit à petit passant de simple secrétaire à réalisatrice aux doigts d’or. Dans un monde dopé à la testostérone, elle se fraie un chemin en toute discrétion et rejoint les sommets du succès. Elle se met à fabriquer des « histoires fabriquées comme ça » et fait naître son premier film « La fée aux choux ». Grâce à cette prouesse technique du 7e art, elle devient la première réalisatrice mondiale.
Comme une cheffe d’orchestre envoûtante, cette avant-gardiste dompte les pellicules avec délicatesse et se forge un avenir piqué d’allégresse. Avec son tempérament pimenté, elle permet à Gaumont de se démarquer devant son rival Pathé. Mais au fil des siècles, cette reine des salles obscures est devenue une illustre inconnue. Alors, redorons le blason de celle qui nous a permis de regarder des fictions.
6 – Joan Clarke, cryptologue aux mains d’argent
Alan Turing aurait sûrement été dans l’embarras pour décrypter Enigma sans sa fidèle acolyte, Joan Clarke. Les hommes ont souvent droit à leur quart d’heure de gloire, mais les femmes, elles, restent bien souvent au second plan. Joan n’a pas eu les mêmes louanges que son collègue puisque ses accomplissements ont vite disparu des radars. Pourtant, sans elle, le célèbre génie d’Alan Turing, aurait sûrement été minimisé voire inexistant.
C’est aussi grâce à cette femme ingénieuse que l’on bénéficie aujourd’hui de l’intelligence artificielle et de l’informatique. Personnage emblématique du monde scientifique, elle reste méconnue du grand public. Pourtant, au sein de la Hutte 8, elle est chargée du décryptage des codes de la machine Enigma qui codait les communications chiffrées du Troisième Reich. Déterminée, la mathématicienne travaille d’arrache-pied pour briser ce code. Avec l’appui de son compère, elle y parvient et sauve ainsi des milliers de vies. Malgré tous ses efforts, elle ne jouit pas des mêmes privilèges qu’Alan Turing, mais reste un modèle féminin prodige.
7 – Jane Goodall, la meilleure alliée des chimpanzés
Tout le monde connaît Jane, l’icône du dessin animé Tarzan. Eh bien, cette femme qui murmure à l’oreille des singes existe véritablement. Déjà petite, elle se plonge dans l’histoire de Dr Dolittle, un vétérinaire qui a le don de communiquer avec les animaux. À l’image de son héros, elle se passionne pour les bêtes et se lie d’amitié avec les chimpanzés.
Au tournant des années 50, elle rejoint les terres sauvages de la Tanzanie et passe son temps à sillonner la jungle. Jane se lance dans une aventure ambitieuse : analyser le comportement de ces petits primates. En faisant preuve de patience et de persévérance, elle atteint son objectif et observe chez les singes des comportements complexes semblables à ceux de l’humain. Entre l’aventurière au grand cœur et ces mangeurs de banane, la complicité est immédiate. Aujourd’hui cette grande dame continue sa lutte pour la préservation de l’environnement et du haut de ses 80 ans, elle milite toujours pour la protection des animaux.
8 – Hedy Lamarr, l’icône glamour à l’origine du Wi-Fi
Dans les années 40, elle recevait des montagnes d’éloge pour son charisme. La star Holywoodienne était même considérée comme « la plus belle femme du monde ». Derrière ce visage angélique et cet attribut de « croqueuse d’hommes » se cache surtout une intelligence remarquable.
Au-delà de sa brillante carrière au cinéma, Hedy avait soif de connaissances, peu importe le domaine. Vraie touche à tout, elle manipule des machines sans trembler, elle se lance dans des expériences sans craindre de tout faire exploser… Une femme glamour qui a le goût du risque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle conçoit ainsi un système secret de communication pour rendre indétectables les torpilles alliées. Peu crédible aux yeux de l’armée, la jeune femme est sans cesse refoulée. Pourtant, cette invention est l’ancêtre du GPS et du Wi-Fi.
Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’elle reçoit des honneurs pour ses recherches novatrices et qu’elle obtient un prix pour son invention. Aux yeux de la société, beauté et intelligence étaient deux traits de caractère complètement opposés. Hedy Lamarr, personnalité à contre-courant, a réussi à briser ce préjugé avec son géant intellectuel.
9 – Valentina Terechkova, première à côtoyer les étoiles
Rien ne prédestine cette ouvrière du textile à rejoindre le podium des premiers cosmonautes. Mais, l’avenir peut parfois prendre de curieuses tournures. Valentina quitte les bancs de l’école pour subvenir aux besoins de sa famille aux revenus modestes. Comme sa mère, elle rejoint une usine de textile et suit des cours par correspondance en parallèle. Passé la majorité, elle se cherche, se découvre et se passionne pour une activité atypique: le saut en parachute. Valentina caresse les nuages et admire les paysages.
Cette passion affirme bel et bien son tempérament intrépide. Dans les années 60, l’Union soviétique et les États-Unis se livrent une bataille d’image pour remporter la première place dans l’espace. Les Russes ont une longueur d’avance et envoient le premier homme dans l’espace dès 1961. Forcément, ils scrutent de près les meilleurs profils féminins pour accomplir le même exploit que Youri Gagarine. Et l’inattendu arrive : la jeune femme est retenue parmi les 400 candidates. Elle rejoint la capsule spatiale Vostok 6 et passe 70 heures en orbite autour de la Terre. Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’égalité des sexes.
10 – Junko Tabei, première reine de l’Everest
C’est lors d’une sortie scolaire sur le Mont Nasu, que la Japonaise aguerrie a découvert l’alpinisme. Cette première expédition la prend aux tripes et lui fait ressentir une adrénaline débordante. À seulement 10 ans, elle sait ce qu’elle veut : arpenter les montagnes.
Plus tard, elle crée même son propre club exclusivement réservé aux femmes : le Ladies Climbing Club (LCC). Avide de nouveaux challenges, Junko prend son envol et rejoint les terres du Katmandou au Népal. Elle a été sélectionnée pour participer à la première excursion féminine sur l’Everest. Cette pente raide qui peut s’avérer parfois dangereuse ne refroidit pas Junko. Après une longue ascension semée d’embûches, elle voit enfin le bout de ces 8 848 mètres d’altitude. Le 16 mai 1975, elle devient la première femme à atteindre le toit du monde.
Cette série de portraits encourage à s’affirmer davantage. Comme des hymnes à l’optimisme, ces fragments de vie nous invitent à pousser la porte de nos rêves et à concrétiser chacun de nos projets. Si dans la langue française, le masculin l’emporte, dans l’histoire chaque genre est au même pied d’égalité. Ces femmes méconnues de l’Histoire ont réussi à démanteler les clichés.
À vous toutes. À nos droits. À l’égalité. À nous sans qui le monde ne pourrait pas exister. Parce que l’égalité entre les femmes et les hommes ce n’est pas un jour par an, mais toute l’année. Ne cessez jamais de vous affirmer, de vous déployer, de vous révéler. Ensembles pour demain !