À leur entrée en EHPAD, les personnes âgées sont obligées de se séparer de leurs compagnons à poils et de les confier à une nouvelle famille. Mais ce scénario déchirant pourrait bien faire partie du passé. Le 1er mars dernier, le gouvernement s’est dit favorable à l’accueil des animaux dits « de compagnie » dans les EHPAD. Même si cette mesure, dans le sillage de la loi « bien vieillir » doit encore être discutée avant de s’officialiser, elle se précise doucement. Nos aîné.e.s pourront donc bientôt passer les portes de ces lieux de résidence impersonnels avec leurs petites bêtes sous le bras. Un assouplissement nécessaire pour le bien-être des séniors.
Les animaux, en passe d’être acceptés en EHPAD
Le sujet est sur la table depuis un moment. Mais après plus de 40 ans de débats animés autour de l’accueil des animaux dits « de compagnie » en EHPAD, l’initiative semble enfin sur le point de se concrétiser. C’est la ministre déléguée chargée des personnes âgées et handicapées, Fadila Khattabi, qui a ravivé l’espoir. Dans l’émission « Les 4 Vérités » diffusée sur France 2, elle a laissé fuiter l’information, sans prendre de détours. Elle a même évoqué une entrée en vigueur dès le printemps prochain. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a par la suite confirmé les déclarations de sa collègue. « Je suis favorable, dans le prolongement de l’amendement de @philippejuvin, à ouvrir la possibilité dans la loi d’accueillir les animaux de compagnie en EHPAD« , a-t-elle déclaré sur X (ex-Twitter).
Pour l’heure, l’inclusion des animaux dits « de compagnie » en EHPAD dépend surtout du bon vouloir des établissements. Mais la mesure pourrait se généraliser dans les prochains mois à venir et devenir une « obligation ». Tout va se jouer lors d’une commission mixte paritaire le 12 mars à l’Assemblée nationale. Si les délibérations sont positives, un vote plus conséquent se tiendra à l’Assemblée le 19 mars, puis au Sénat le 27 mars. Tout n’est pas encore gagné, mais les prises de position politiques sont plutôt encourageantes et optimistes. Ces déclarations ministérielles pourraient faire pencher la balance.
🔴🗣️ INFO : la ministre Fadila Khattabi annonce que, "dès ce printemps", les résidents en EHPAD pourront désormais "amener avec eux leur animal de compagnie". #Les4V @fadila_khattabi pic.twitter.com/zpmEvE7glx
— Telematin (@telematin) March 1, 2024
En revanche, pas tous les animaux autorisés
Même si Fadila Khattabi a parlé d’une « belle avancée », elle a toutefois tempéré son récit. Les EHPAD ne sont pas censés se transformer « en zoo ». Elle a donc prévenu que toutes les espèces ne seraient pas tolérées. Seuls les chiens, les chats, les poissons rouges et le petit canari pourraient suivre leurs humain.e.s dans ces résidences spéciales. Les autres, à l’image des chevaux, des mygales ou encore des serpents ne passeraient pas de l’autre côté de la grille.
En résumé, les bêtes un peu trop exotiques ou imposantes devraient être interdites. Mais ces conditions sont susceptibles d’évoluer ou de subir d’autres modifications par décret. Tout est encore à « construire ».
Concrètement, comment cette mesure va se traduire ?
Les animaux ne sont pas étrangers aux EHPAD puisque certaines structures en reçoivent ponctuellement lors d’ateliers de médiation. Lapin, cochon d’Inde ou encore poneys s’immiscent alors entre les déambulateurs et les mains froissées des séniors. Ce qui ne pose aucun problème. En revanche, considérer les animaux dits « de compagnie » comme des habitants à part entière est un peu plus complexe pour les EHPAD. Les établissements réticents pointent notamment une charge de travail trop lourde pour le personnel, déjà sur-sollicité et souvent en sous-effectif. Qui s’occupera de l’animal ? Comment s’articulera cette cohabitation ? Ces questions apparaissent légitimes pour le bien-être de tou.te.s.
Toutefois, les associations ont émis quelques idées et autres solutions pour prouver la viabilité du projet. L’association Terpta, a ainsi suggéré la création d’un espace dédié dans l’EHPAD pour relayer les personnes âgées qui portent le lourd poids des années. Cette salle avec une capacité d’accueil de 18 bêtes, sera tenue par un.e bénévole et un.e des salarié.e.s. L’association 30 millions d’amis, qui défend cette initiative depuis des années, se propose elle aussi en renfort. Les quelques EHPAD qui s’étendent déjà aux animaux dits « de compagnie » peuvent également servir de modèle d’inspiration. La plupart d’entre eux les admettent seulement si la personne âgée ou la famille est en mesure de s’en occuper quotidiennement.
Animaux en EHPAD, de nombreux bienfaits pour les séniors
Faire une place aux animaux dits « de compagnie » en EHPAD est loin d’être une mesure superficielle. C’est une décision qui tombe sous le sens. Avec leurs fidèles amis à poils ou à plumes à leurs côtés, les personnes âgées profitent d’une précieuse présence. Elles ne sont pas seules entre les murs froids de leur nouvelle chambre et peuvent se livrer à ces confidents, toujours prêts à leur tendre une oreille. Ainsi, elles ne sont pas totalement « dépaysées ».
Plus qu’une compagnie, les animaux sont parfois des moteurs de vie. Ils servent de boussole dans ces lieux remplis de visages inconnus et de couloirs démesurés. Les animaux favorisent également le lien et provoquent la conversation. Dans les espaces communs, les animaux permettent de faire le trait d’union entre les résident.e.s. Ce sont également de très bons coachs de sport. Au lieu de faire du tricot face à la petite lucarne qui leur sert de fenêtre, les séniors sortent leurs animaux, jouent avec des balles en mousse et restent en mouvement.
Autoriser les animaux dits « de compagnie » dans les EHPAD, c’est esquisser des sourires à chaque coin de bouche et combattre la morosité ambiante de ces établissements, assez tristounets. Mais pour l’heure, le suspense reste entier.