Tous les humains de chats le savent : leur boule de poils préférée peut avoir mal sans jamais rien montrer. Pas une plainte, pas un miaulement. Un vrai petit stoïque sur pattes. Mais ça, c’était avant. Depuis peu, une application développée au Japon promet de traduire les grimaces félines en indicateurs de douleur, avec un taux de fiabilité annoncé à 95 %. Baptisée CatsMe!, cette appli, conçue par la start-up Carelogy en partenariat avec des chercheurs de la Nihon University, analyse en quelques secondes la tête de votre matou et vous indique s’il est en pleine forme… ou en pleine souffrance.
Comment ça fonctionne ?
Le principe est simple : on prend une photo du visage du chat via l’application, puis celle-ci compare l’image à une base de données de plus de 6 000 photos de chats – certains bien portants, d’autres clairement moins. L’algorithme analyse alors 5 zones clés du visage :
- la position des oreilles (plus elles sont aplaties, plus c’est inquiétant),
- l’ouverture des yeux,
- l’inclinaison de la tête,
- la tension du museau,
- et la position des moustaches (oui, elles parlent aussi, en quelque sorte).
Une pastille verte, jaune ou rouge vous informe alors du degré de douleur potentiel. Si la pastille est rouge, il est sans doute temps d’appeler le vétérinaire – ou de cacher la boîte de transport si vous tenez à vos bras.
Pourquoi le Japon ?
Le choix du Japon comme terre de naissance pour une telle appli n’est pas un hasard. Le pays voue une véritable passion aux félins. Il y en a plus de 8,9 millions dans l’archipel, selon la BBC, soit plus que de chiens. Ce phénomène a même un nom : « nekonomics », ou comment le chat influence l’économie locale.
Entre cafés à chats, mascottes d’entreprise et objets en tout genre, les matous sont partout. Alors, une appli pour leur bien-être ? Évidemment. Et l’intelligence artificielle fait déjà partie du quotidien des Japonais, notamment via leur smartphone. La combinaison des deux donne un outil aussi high-tech que kawaï.
Un succès immédiat et un usage malin
Lancée il y a seulement quelques mois, CatsMe! revendique déjà plus de 230 000 téléchargements au Japon. Parmi ses utilisatrices, Mayumi Kitakata, 57 ans, humaine de Chi, un chat de 14 ans, voit dans l’appli un allié précieux : « Il est à un âge où les maladies commencent à apparaître. Pouvoir détecter un problème sans multiplier les visites chez le vétérinaire, c’est rassurant ».
Et c’est là l’un des intérêts majeurs de l’application : réduire les visites inutiles tout en agissant plus vite quand c’est nécessaire. Car selon le professeur Kazuya Edamura, l’un des chercheurs à l’origine du projet, « plus de 70 % des chats âgés souffrent de douleurs chroniques, mais seulement 2 % sont réellement diagnostiqués ».
Et demain : d’autres animaux… ou des humains ?
Pour l’instant, CatsMe! ne fonctionne qu’avec les chats. Mais les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Des versions pour chiens, hamsters et même animaux dits de ferme sont envisagées. Et à long terme, pourquoi pas une extension à l’humain ? Notamment pour aider au diagnostic de douleur chez les nourrissons ou les personnes atteintes de troubles cognitifs, qui peinent à exprimer leur mal-être.
Rassurez-vous : aucune IA ne remplacera de sitôt les vétérinaires. Comme le rappellent les concepteurs de l’appli, « CatsMe! est un outil d’aide, pas un substitut médical ». Si votre chat vous semble abattu, apathique ou se lèche compulsivement, un rendez-vous chez le professionnel reste la meilleure option.
Avec CatsMe!, le Japon confirme une nouvelle fois son avance dans l’intégration de la technologie dans le quotidien. Et si cette application ne remplace pas l’intuition humaine ni le bon vieux câlin du soir (heureusement), elle apporte toutefois une réponse concrète à une question que beaucoup d’humains se posent : « Est-ce que mon chat va réellement bien ? ». Si votre chat ne peut pas parler, il peut maintenant… se faire comprendre.