Les enfants ne refusent jamais un tour de carrousel. Dès qu’iels croisent cette attraction urbaine au coin de la rue, iels supplient les parents avec leur plus belle frimousse pour avoir des jetons et se hisser à travers les sièges. Mais bientôt iels ne pourront plus enfourcher les chevaux en bois et autres animaux figés. En tout cas c’est ce qu’espère l’association PETA, qui souhaite les supprimer de ces loisirs à ciel ouvert. Une requête forte qui n’est pas vide de sens. Les faux animaux sur les manèges pour enfant ont peut-être fait l’adrénaline de nombreuses générations, mais ils ne sont plus au goût du jour.
L’association PETA veut retirer les faux animaux des manèges
Au sein des airs de jeux ou sur les grandes places, les carrousels s’érigent en maître. Avec leur structure imposante, leurs ornementations colorées et leurs plaques tournantes, impossible de les rater. Les enfants ne manquent pas de rappeler leur présence aux parents, qui font généralement tout pour les contourner. Les chérubins sortent leur plus belle auréole pour arriver à leur fin et s’adonner à cette chevauchée fantastique.
Mais avant que le manège se mette en marche, iel doivent choisir leur place et ça, c’est un sacré dilemme. Dos d’éléphants, selles de cheval soigneusement décorées ou lions en habit de cirque… les enfants ont plusieurs créatures inanimées à disposition. Cependant dans un futur proche, ces animaux pourraient bien disparaître du décor. C’est toute l’ambition de PETA, association qui milite en faveur du bien-être animal.
Elle a fait parvenir un courrier à Aaron Landru, président de Chance Rides, premier fabricant de manèges outre-Atlantique pour retirer ces bêtes des barres dorées. PETA n’en est pas à son coup d’essai. Elle s’est déjà soulevée contre les corridas, les zoos, les expériences menées sur les animaux en laboratoire ou encore la chasse. Mais cette fois-ci elle s’attaque à une autre cause : la représentation des animaux dans l’espace public. Supprimer les animaux des manèges pour enfants est loin d’être une « mesurette » ou un acte superficiel. C’est une question de « symboles » et d’interprétation.
La raison ? Ils véhiculent une mauvaise représentation des êtres vivants
L’association n’a pas réclamé ce retrait pour punir les enfants, mais pour les aider à mieux considérer les êtres vivants et à les voir comme leur « égal ». Les faux animaux greffés sur les manèges pour enfants sous-entendent d’office que les humains ont un pouvoir de supériorité sur eux. Certes, ils n’ont pas de cœur qui bat dans leur corps en bois et ne ressentent pas les secousses brutales des bambins, mais ils induisent les esprits en erreur. Ces manèges laissent passer un message positif sur l’exploitation des animaux.
Selon PETA, convertir les animaux, même factices, en attraction pousse à croire que ce sont de simples objets de plaisir, voués à amuser l’Homme. Grimper sur un étalon en dur qui galope grâce un système mécanique peut paraître assez inoffensif de prime abord. Mais comme le soutient PETA, ce comportement réduit les êtres vivants au grade d’esclave. Les enfants ne font rien de mal, mais iels imprègnent l’idée que les animaux sont de vulgaires marionnettes au service de leur satisfaction personnelle.
« Les ensembles de carrousels sur le thème des animaux renforcent l’idée que ces êtres sensibles sont simplement là pour notre divertissement, plutôt que des individus ayant la même capacité à ressentir la peur, la douleur, la joie et l’amour que chacun.e d’entre nous », ajoute la présidente de PETA
Les enfants s’instruisent à travers le jeu. Ainsi, en enlevant les faux animaux des manèges, iels sont amené.e.s à les traiter avec plus d’empathie, comme leurs semblables et non leurs soumis. C’est un petit changement qui peut avoir une grande résonance sur ces adultes de demain et les éveiller, mine de rien, à la cause animale.
Qu’est-ce qui va remplacer les faux animaux sur les manèges pour enfants ?
Pour combler les trous sur les manèges, PETA a donné quelques pistes aux designers. Elle a notamment évoqué des éléments « qui éveillent l’imagination des enfants et mettent en valeur le talent humain ». Prochainement, les enfants pourront donc potentiellement se glisser derrière le volant d’un bulldozer, s’installer sur un manche à balai à la Harry Potter ou s’immiscer dans la capsule d’un vaisseau spatial. En résumé, iels pourront assouvir leurs rêves les plus fous et explorer d’autres rôles plus éthiques que celui de « dompteur.se.s ».
PETA, plutôt habituée aux démarches musclées et aux pratiques coups de poing (à juste titre), y est allée en douceur cette fois. L’association n’a pas déclaré vouloir interdire drastiquement les faux animaux sur les manèges pour enfants. Pour l’heure, elle a simplement essayé d’entamer la conversation avec les acteur.rice.s du secteur. Mais les principaux.ales concerné.e.s n’ont pas l’air très réceptif.ve.s. Iels sont même plutôt sorti.e.s de leurs gonds à la réception de la missive. L’association néerlandaise des Forains a réagi, non sans sarcasme. « Peut-être devrions-nous dire à PETA que ces chevaux ne sont pas vivants », a-t-elle déclaré.
Évincer les faux animaux des manèges pour enfants n’est pas encore pour tout de suite. Mais l’idée pourrait faire du chemin, au grand dam des nostalgiques. Si les détracteur.rice.s fustigent la futilité de cette demande, estimant que d’autres combats sont plus urgents quant au bien-être animal. Notons qu’il n’y a pas de petite lutte.