Ces derniers temps, la coupe afro, symbole emblématique de l’identité noire, connaît un succès croissant en Asie, notamment en Chine, au Japon et en Corée du Sud. De plus en plus de salons de coiffure spécialisés ouvrent leurs portes pour répondre à cette demande grandissante. Cette tendance capillaire fait sensation sur les réseaux sociaux, suscitant à la fois admiration et polémique, notamment au sein de la communauté noire, qui s’interroge sur la limite entre inspiration et appropriation culturelle.
Un engouement grandissant pour la coupe afro
L’attrait pour les coupes afro en Asie repose sur l’adoption de techniques comme « l’afro perm », qui permet aux cheveux naturellement lisses et plats d’acquérir une texture crépue et volumineuse. Cette métamorphose spectaculaire fait le buzz sur TikTok et Instagram, où les vidéos de transformations capillaires attirent des milliers de likes et de partages.
Cet engouement ne sort pas de nulle part. Depuis des années, on observe une fascination pour la culture afro-américaine en Asie, que ce soit à travers la musique, la mode ou les danses urbaines. Au Japon, le mouvement « B-style » (Black lifestyle) pousse même certains jeunes à adopter des codes vestimentaires et capillaires inspirés des rappeurs et RnB stars américains. Cette tendance s’inscrit donc dans un phénomène culturel plus large où l’Afrique et ses symboles gagnent en influence.
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Appropriation culturelle ou hommage ?
Si certaines personnes y voient une simple preuve d’ouverture d’esprit et d’admiration pour une esthétique capillaire unique, d’autres considèrent cette mode comme une appropriation culturelle problématique. La coupe afro ne se résume pas à un simple choix stylistique : elle est le reflet d’une histoire de résilience et de lutte contre les discriminations.
Pendant des décennies, les cheveux crépus ont été stigmatisés et même interdits dans certains contextes professionnels ou scolaires. Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes noires subissent des discriminations à cause de leurs coiffures naturelles. Le fait que ces mêmes styles soient soudainement portés et félicités en Asie alors qu’ils restent un motif de rejet ailleurs suscite de l’indignation.
Certains critiques dénoncent le fait que « ces salons de coiffure asiatiques bénéficient économiquement d’un style qui n’est pas le leur sans en comprendre les implications historiques ». D’autres rappellent que « l’adoption de la coupe afro en Asie ne s’accompagne pas forcément d’une volonté d’éduquer sur son passé et sa signification ».
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Un débat révélateur des enjeux capillaires
Cette controverse met en lumière un enjeu plus vaste lié à l’identité et aux standards de beauté. Les cheveux crépus ont longtemps été dévalorisés, y compris au sein de la communauté noire, où ils sont parfois perçus comme moins esthétiques ou professionnels que les cheveux lisses. Les mouvements « nappy » et « Don’t Touch My Hair », initiés aux États-Unis, visent justement à réhabiliter la beauté des cheveux naturels et à dénoncer les normes capillaires discriminatoires.
Ainsi, voir la coupe afro devenir une tendance populaire en Asie suscite des réactions contrastées. D’un côté, cela peut être perçu comme une reconnaissance de la beauté des cheveux texturés. De l’autre, cela soulève des questions sur la façon dont une culture peut emprunter des éléments d’une autre sans en comprendre la signification profonde.
La popularité croissante de la coupe afro en Asie reflète à la fois un phénomène d’échange culturel et une sensibilisation accrue à la beauté sous toutes ses formes. Mais elle rappelle surtout que chaque style porte une histoire qu’il convient de comprendre, de respecter et d’honorer pleinement.