Depuis plusieurs mois, le #GirlDinner explose sur TikTok. Derrière ce hashtag à plus d’un milliard de vues se cache une idée simple : composer un repas à base de petites portions variées. Au menu ? Fromages, charcuteries, fruits, crackers, cornichons, parfois accompagnés de quelques olives et d’un verre de vin. Mais ce phénomène, à première vue anodin, soulève aussi des questions : est-ce une vraie liberté alimentaire ou une nouvelle pression sociale qui invisibilise des problématiques plus profondes, comme la relation des femmes à la nourriture et aux troubles alimentaires ?
Le « Girl dinner », c’est quoi ?
Tout commence avec une vidéo virale d’Olivia Maher, une créatrice de contenu qui compare son dîner improvisé à un « repas médiéval ». Rapidement, les réseaux s’en emparent et les femmes du monde entier partagent leurs propres « Girl Dinners » : des repas sans « structure classique », souvent composés de petits encas et de ce qu’on trouve dans le frigo. Une manière décomplexée de se nourrir, qui célèbre le plaisir simple de manger ce qu’on aime, sans se soucier des normes traditionnelles du repas.
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♬ Murder on the Dancefloor x Gypsy Woman by L BEATS – DJ L BEATS
Un concept libérateur ou une injonction déguisée ?
Ce mouvement est perçu par beaucoup comme un acte d’empowerment : plus besoin de cuisiner un vrai plat après une longue journée, plus d’injonction à bien manger ou à faire semblant d’avoir un repas équilibré. Le « Girl Dinner » s’affirme comme un moment de plaisir personnel, une forme d’écoute de soi, où l’on mange ce qui nous fait envie sans culpabilité.
Sauf que derrière l’esthétique de ces planches apéritives et de ces petits snacks se cache une réalité plus complexe. Beaucoup dénoncent une glorification de la sous-alimentation : les portions sont souvent très petites, et certaines vidéos montrent des repas qui frôlent la restriction calorique. Le problème ? Les réseaux sociaux sont un puissant levier de normalisation des comportements alimentaires, et ce qui pourrait être un simple choix devient une tendance qui peut encourager des habitudes alimentaires déséquilibrées.
Certaines critiques pointent également une essentialisation du rapport des femmes à la nourriture : pourquoi ce phénomène est-il genré ? Pourquoi parler de « Girl Dinner » et non de « Lazy Dinner » ? Derrière cette appellation, on retrouve une idée implicite : celle que les femmes doivent toujours avoir une relation particulière avec la nourriture, souvent marquée par la légèreté, la délicatesse et la restriction.
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Alors, on en pense quoi ?
Comme beaucoup de tendances sur les réseaux sociaux, le « Girl Dinner » peut être perçu de deux manières :
- Une liberté retrouvée, où les femmes mangent sans pression et sans suivre des règles strictes.
- Une injonction sournoise, qui valorise des repas insuffisants sous couvert d’un lifestyle cool et esthétique.
Ainsi, tout est une question d’équilibre et de contexte. Si ce type de repas ponctuel permet à certaines personnes de sortir de la pression du « vrai dîner » et d’écouter davantage leurs envies, c’est plutôt une bonne chose. Après tout, qui n’a jamais voulu remplacer un plat mijoté par une planche de fromage bien garnie ? Cependant, il est essentiel de rester vigilante face aux messages véhiculés par les réseaux sociaux. Ce qui peut sembler une tendance « amusante » peut parfois masquer des problématiques plus complexes. Les médecins rappellent que le corps a besoin d’une alimentation variée et suffisamment riche pour fonctionner correctement.
En définitive, la clé reste de s’écouter vraiment : un « Girl Dinner » peut être un plaisir occasionnel, tant qu’il ne devient pas une norme imposée par une tendance virale. Si vous avez envie d’un « Girl dinner », faites-vous plaisir ! Rappelez-vous simplement que la vraie liberté alimentaire, c’est aussi savoir répondre aux besoins de son corps sans culpabiliser.