Après l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie, l’orthorexie vient s’ajouter à la liste des TCA (troubles du comportement alimentaire). Encouragée par l’euphorie de l’alimentation healthy, l’orthorexie convertit les repas en véritable obsession diététique. Si « manger sain » est plutôt raisonnable en apparence, lorsque cette quête devient hors de contrôle, elle peut devenir très dangereuse.
Être orthorexique, ce n’est pas seulement être maniaque avec les ingrédients. C’est rechercher de manière immodérée une « qualité suprême ». Cette utopie nichée dans les assiettes est à haut risque. Elle incite à ritualiser tous ses repas de façon robotique.
Othorexie : quand manger sain devient une véritable obsession
Depuis plusieurs années, une préoccupation semble s’être emparée de nous : celle de manger « sain ». La tendance « healthy » explose sur les réseaux sociaux, les forums, les vidéos, les témoignages sur le sujet se multiplient et désormais, l’alimentation est au centre de toutes les préoccupations.
S’il n’y a rien de mal à vouloir savoir ce que l’on a dans son assiette, pour certain.e.s, cela vire à l’obsession. Les orthorexiques ne mangent en effet qu’une nourriture qui leur paraît pure, saine, avec une exigence de qualité qui prend des proportions démesurées.
La nourriture devient source de méfiance et de croyances tout comme l’industrie agroalimentaire. Les orthorexiques ont le sentiment de détenir la vérité sur ce qu’il faut manger ou non pour vivre longtemps et en bonne santé. Cela les conduit à s’isoler puisqu’ils redoutent et souvent refusent les sorties au restaurant ou les invitations à dîner, par peur de devoir manger une nourriture « malsaine ».
Les autorités de santé et l’industrie agroalimentaire en cause ?
Cette méfiance à l’égard de la nourriture et cette perte de confiance ne viennent pas de nulle part. Il est évident que les discours moralisateurs et les injonctions à bien manger développés en réponse à l’épidémie d’obésité ont eu des effets pervers.
Désormais on doit contrôler, surveiller, se méfier de l’alimentation, et pas que d’un point de vue calorique. La provenance de la nourriture, les ingrédients, le mode de culture, le mode de cuisson, les emballages… on ne veut plus rien laisser au hasard. La nourriture est devenue une source d’angoisse perpétuelle et de croyances.
L’industrie agroalimentaire a certainement elle aussi son rôle à jouer quant à notre méfiance vis-à-vis de la nourriture. Les scandales à répétition (vache folle, viande de cheval ) nous font douter de notre alimentation et même plus, de notre sécurité. La peur de s’empoisonner, de manger de la nourriture cancérigène est aujourd’hui présente dans tous les esprits, ou presque. Et cela ne semble pas prêt de s’arrêter.
Mais comme pour chaque trouble du comportement alimentaire, des difficultés personnelles sont aussi à mettre en cause face à son développement.
Un trouble du comportement alimentaire difficile à détecter
Si l’orthorexie est un véritable trouble du comportement alimentaire qu’il faut soigner, il n’est pas toujours facile à détecter. La frontière est mince entre ce qui relève du normal et du pathologique.
Manger bio, lire les étiquettes, ne pas manger de nourriture industrielle n’a rien de malsain, au contraire. Lorsque l’on ne peut plus vivre normalement, que cette envie de manger « sain » vire à l’obsession, que cela est source de stress et pousse à s’isoler socialement, alors c’est ici qu’il faut s’inquiéter.
Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de savoir avec certitude si l’on souffre de ce trouble du comportement alimentaire pour pousser la porte d’un cabinet d’un.e professionnel.le de santé, car iel est aussi là pour aider à y voir clair et poser un diagnostic.
Quels sont les profils à risques ?
L’orthorexie prend souvent racine chez les personnes au penchant « perfectionniste » qui se complaisent dans la « rigidité » d’esprit. Elle concerne principalement les sportif.ve.s, éduqué.e.s à la diète et poussé.e.s vers une hygiène de vie irréprochable. Ce trouble du comportement alimentaire est surtout dopé par les réseaux sociaux, sanctuaires de l’alimentation clean. Il débute avec l’envie « réfléchie » de « manger mieux » et se métamorphose en une chasse effrénée de la qualité.
Cette bascule intervient davantage si, en parallèle, il y a des fragilités psychologiques et un rapport déjà complexe avec la nourriture. L’orthorexie, terme démocratisé dans les années 90, est sur le point de devenir le nouveau trouble du siècle. À l’heure où les influenceur.se.s font une propagande accrue de l’alimentation « sûre » et « pure », nombreuses sont les personnes qui tombent dans le piège des extrêmes.
Quels sont les symptômes de l’orthorexie ?
À l’inverse de l’anorexie et de la boulimie qui calibre la quantité, l’orthorexie s’apparente à une vigilance sévère envers la composition des aliments. Mais l’orthorexie ne se résume pas seulement à une recherche accrue de l’alimentation « idyllique ». Elle condense plusieurs signes, plus ou moins évidents à détecter. Voici un cheptel indicateur :
- Se plier à des rictus alimentaires contraignants pour réduire drastiquement sa consommation de sel, de sucre et de matières grasses
- Préparer ses repas à l’avance même si une cafétéria est disponible pour se protéger des aliments « douteux » du commerce
- Avoir une vision très binaire des aliments « sains » et « malsains »
- Privilégier l’aspect « vitalité » des aliments quitte à en sacrifier ses papilles et à faire une entorse sur le goût. La notion de plaisir est inexistante.
- Consacrer un temps monstrueux à l’optimisation de son régime et renoncer à des sorties « divertissantes » pour être productif.ve sur son menu
- Surconsommer des compléments alimentaires
- Passer au crible les étiquettes de tous les aliments avant de les ajouter à son caddie
- Avoir l’intime conviction que ce comportement excessif soit une nécessité spirituelle, indissociable au bien-être
- Poncer le Net pour trouver le régime alimentaire le plus « brut »
- S’adonner à des rituels oppressants, voire disproportionnés, comme mâcher 50 fois les aliments avant de les engloutir
Ce trouble peut également répondre à nos éventuelles interrogations quant au comportement d’un.e proche qui nous inquiète. N’hésitez pas donc, comme toujours, à en parler et à demander de l’aide si besoin. Vous n’êtes pas seul.e !