Le linge, la cuisine, le ménage, les enfants… c’est toujours sur Clarisse que ça retombe ! Même quand son compagnon essaie, elle doit toujours repasser derrière. Une histoire de sexisme et de charge mentale, qu’Emma décrypte à merveille dans sa dernière BD « Ça se met où ? ».
Les tâches domestiques, c’est pour Madame
« Ça se met où ? » Quelle femme en couple hétérosexuel n’a jamais entendu cette phrase ? Levez la main… Et quelle femme n’a jamais eu envie de répondre « bah cherche, on habite autant dans cette maison l’un que l’autre, tu devrais savoir », tout en ne disant rien du tout et en faisant parce qu’au fond « ça ira plus vite et au moins ce sera bien fait »… Voici un processus pervers qui sévit dans bien des foyers.
Lors de sa dernière étude des Emplois du temps, l’Insee estime que 70 % des tâches domestiques et parentales reviennent aux femmes dans les couples hétérosexuels. Emma, ingénieure informaticienne, maman et dessinatrice à ses heures perdues de 36 ans a donc publié le 19 mai dernier une BD nommée, à juste titre vous l’aurez compris, « Ça se met où ?« . Le but : mettre la lumière sur cette problématique.
Au fil des planches, la dessinatrice décrypte les mécaniques internes qui font que la plupart du temps les tâches ménagères retombent sur les femmes. L’argument utilisé par certains hommes à cette mauvaise, ou du moins inégale, répartition est que leur compagne ont un besoin de contrôle sur tout ce qu’il se passe à la maison. Quand ils essaient, ce n’est jamais assez bien.
Pourtant, notre appétence aux tâches domestiques n’est pas inscrite dans nos gènes : le ménage, c’est comme quasiment tout, ça s’apprend. Et comme on apprend rarement aux petits garçons comment cuisiner, mettre en fonction une machine à laver, repasser une chemise ou détacher un drap, ils n’ont pas la patience de le faire une fois plus âgés.
Eh oui, car le temps consacré aux tâches ménagères est du temps en moins pour se reposer ou développer sa carrière. Alors les tâches s’accumulent et il faut bien que quelqu’un finisse par s’y coller. Conditionnées depuis leur naissance à bien tenir leur foyer, ce sont les femmes qui se retrouvent missionnées. Elles perdent ainsi 1h26 de plus que leurs homologues masculins chaque jour, selon l’Insee. C’est ce que l’on appelle la charge mentale.
La charge mentale : quésaco ?
La charge mentale a été évoquée pour la première fois en 1984 par Monique Haicault dans un article universitaire intitulé « La gestion ordinaire de la vie en deux« . Elle y décrit la vie d’une femme en couple hétérosexuel qui se retrouve à devoir penser à ses casseroles, ses enfants et son aspirateur alors qu’elle se trouve au travail.
Ainsi, elle définit la charge mentale ménagère comme quelque chose qui va bien au-delà d’une simple addition de contraintes professionnelles et domestiques. Les femmes en situation de charge mentale, en plus de passer beaucoup de temps à prendre soin du foyer, se retrouvent à y penser constamment, même pendant des moments qui ne devraient être destinés qu’à elles et leur épanouissement personnel.
Néanmoins, cette notion de charge mentale est d’abord réservée à un cercle fermé de sociologues et d’universitaires. Ce n’est qu’autour de 2017, qu’elle arrive aux oreilles du grand public, notamment grâce au travail d’Emma avec sa BD « Fallait demander ». Elle y explique dans des termes simples et avec des illustrations douces que bien souvent monsieur attend de madame qu’elle lui dise quoi faire (et comment). Implicitement, cela signifie donc qu’elle est considérée comme administratrice en chef du foyer. Un travail titanesque pour lequel elle ne reçoit ni salaire ni valorisation. C’est normal qu’une femme s’occupe de cela…
Et maintenant on fait quoi ?
Malheureusement comme l’explique Emma, il n’y pas de solution miracle… Bien que des politiques, à l’instar de l’écologiste et économiste Sandrine Rousseau, commencent à mettre la problématique sur le devant de la scène, la charge mentale et le sexisme intégré sont des problèmes de société qu’il faudra du temps à résoudre.
À votre petite échelle, Emma donne tout de même quelques pistes pour tenter de vous soulager si la situation dans votre couple devient (trop) pesante. Parmi celles-ci, elle propose de lister toutes les tâches du foyer en indiquant leur durée et leur fréquence. Un moyen simple pour faire prendre conscience à votre partenaire de tout ce que vous faites.
Ou encore, la dessinatrice explique que vous pouvez vous répartir les tâches tout en vous forçant à ne pas pallier à ses négligences. Histoire que monsieur réalise que non, tout ne se fait pas comme par magie. Quoi qu’il en soit, il faudra vous armer de patience, cela prendra du temps (et de l’énergie).
Vous aussi vous avez parfois l’impression d’être exploité.e au sein de votre foyer ? Au contraire vous trouvez que la répartition des tâches est assez équilibrée ? Venez nous en parler et nous confier vos astuces sur nos forums. En attendant, cliquez juste ici pour lire le travail d’Emma.