Version locale d’une émission américaine phare, « Drag Race France » porte un coup de projecteur sur l’art du drag. Costumes de diva, makeups flamboyants, perruques exubérantes mimiques quasi théâtrales… cette compétition haute en couleur est devenue un véritable phénomène. Surnommée « les Jeux olympiques du drag », l’émission redonne de l’éclat à ces illusionnistes de l’apparence.
Depuis sa sortie sur France Tv l’an dernier, elle s’est fait une renommée aussi grande que les programmes « historiques ». En ce mois éclaboussé de teintes arc-en-ciel, « Drag Race France » revient pour une nouvelle saison le 30 juin avec des têtes d’affiche encore plus prometteuses. Et ne vous méprenez pas, « Drag Race » est bien plus que du spectacle et de l’opulence esthétique. La preuve par 5.
Quel est le concept de l’émission ?
À l’origine, l’émission « Drag Race » est née outre-Atlantique en 2009, sous l’égide de Rupaul, drag queen la plus emblématique des États-Unis. Depuis, elle s’est déportée dans les quatre coins du globe et brille bien au-delà des frontières américaines. À mi-chemin entre le concours de beauté, le défilé de mode et le show burlesque, « Drag Race » confronte les drags les plus talentueuses du pays pour n’en tirer qu’une seule « reine ».
Le concept est simple, mais divinement attrayant. Chaque semaine, les candidats s’affrontent dans une série d’épreuves, souvent basées sur l’attitude et l’apparat. Les deux qui ont le moins conquis le jury se retrouvent sur la sellette et doivent se départager sur l’exercice du play-back, une discipline bien connue des drags. Le show le moins persuasif donne lieu à une élimination. Une création alléchante qui conjugue esprit de téléréalité, fantaisie et transformations magistrales.
Cet « Incroyable talent » aux accents queer a fait une entrée fracassante sur le sol français. Diffusée pour la première fois en juin dernier sur France Tv Slash, l’émission « Drag Race France » a tout de suite cueilli l’admiration des Français.es. Suivie avec assiduité et appétence, l’édition d’ouverture de « Drag Race France » a réuni près de 7 millions de téléspectateur.ice.s, se classant dans le top 2 des programmes de divertissement les plus regardés du service public. Un télé-crochet d’avenir qui tresse une belle couronne de laurier aux drag queens, ces artistes de l’ombre.
1 – Pour découvrir l’art du drag au-delà des clichés
Les drag queens sont souvent réduites à leur maquillage outrancier et leur accoutrement caricatural. Mais elles ne se contentent pas de jouer les clowns du haut de leurs échassiers. D’ailleurs il faut un sacré talent d’équilibriste pour tenir sur des talons aussi perchés. « Drag Race France » dévoile les drag queens à 360°, dans la forme la plus complète de leur art. Et il est loin de se limiter à quelques coups de fards à paupières et deux trois revers de rouge à lèvres.
En plus de faire de la sorcellerie avec leur physique, les drag queens ont d’autres cordes à leur arc. Chant, danse, acting, pôle dance… à chacune sa spécialité. Pour incarner leur personnage, les drag queens doivent également avoir une force de conviction presque innée et un jeu d’interprétation irréprochable. En rentrant dans les coulisses de cet art plutôt « confidentiel », « Drag Race France » étrille les préjugés et autres idées reçues. Fini l’image de la drag queen qui ne fait que se « peinturlurer » le visage pour amuser la galerie.
2 – Parce que l’émission regroupe de grandes pointures
Pour sa deuxième édition, « Drag Race France » promet encore des invités de marque et un jury cinq étoiles. Depuis son commencement, l’émission est tenue par un trio de choc, Nicky Doll, référence incontournable des drags françaises, l’artiste musicale Kiddy Smile et l’animatrice Daphné Burki. C’est surtout Nicky Doll qui mène le show. Il faut dire qu’elle est totalement crédible dans ce rôle d’instigatrice.
Elle a elle-même participé à la saison 12 de l’émission américaine « Rupaul Drag Race », devenant un étendard bleu blanc rouge du drag. Avec ses quelque 750 000 abonné.e.s, cette muse des temps modernes fait tout le prestige de l’émission française. Hormis ces figures déjà très nobles, « Drag Race France » reçoit également des convives éloquents comme Jean Paul Gaultier ou Iris Mittenaere. Un avant-goût qui pique un peu plus la curiosité.
3 – Pour se délecter des costumes très fashion
L’émission « Drag Race France » est une saga mode à part entière. Certains costumes aperçus dans le show sont dignes des plus grands podiums. Rien à voir avec les déguisements en synthétique et les accoutrements en matières cheap dénichés dans les bouis-bouis. Les tenues des drags sont des pièces haute couture volontairement imposantes.
Robes en tulle asymétrique, réinterprétation « rock » du justaucorps, ensemble inspiré des cabarets… « Drag Race France » est une « Fashion Week » à la sauce queer. L’an dernier, La Grande Dame, une des drags les plus marquantes de la saison, s’affichait ainsi dans une robe en perles du créateur suisse émergent Kevin Germanier. L’univers drag tutoie la fashion sphère et donne à voir des pièces monumentales, plus proches de l’œuvre que de l’habit. Chaque défilé est un feu d’artifice vestimentaire.
4 – Parce que c’est un beau clin d’oeil à la culture queer
En France, les émissions portent une attention un peu plus vive et sincère envers la communauté LGBT+. Mais aucune n’a eu le « culot » de se consacrer exclusivement à la culture queer, à l’exception de « Drag Race France ». L’émission hisse un bel arc-en-ciel sur le petit écran. D’ailleurs, sa version originelle s’inspire d’un documentaire culte nommé « Paris is Burning ».
Ce long-métrage pose la caméra sur les ballrooms new-yorkais des années 80. C’est de là que vient l’idée globale de « Drag Race ». L’émission a pioché dans ce film pour donner une consonance plus réaliste et pédagogique à son contenu. Elle valorise ainsi le voguing, une danse inventée par les personnes trans qui réinterprète les poses des mannequins. Elle fait aussi écho au « reading », le fait de se moquer gentiment des unes et des autres. Finalement, l’émission « Drag Race » décortique de manière ludique et attrayante tout le lexique drag. Par ricochet, elle donne de la visibilité aux minorités de genre. L’an dernier, « Drag Race France » était au summum de la diversité. Elle révélait des candidat.es gays, trans et non-binaire.
5 – Pour découvrir des histoires touchantes
« Drag Race France » ne fait pas seulement l’éloge du « m’as-tu vu », elle dépasse aussi les apparences pour raconter des témoignages sans fards. Les candidats déposent leurs artifices et se mettent régulièrement à nu, surtout au moment des présentations.
Les queens racontent leurs parcours et leurs combats avec une sensibilité qui touche en plein cœur. Sous son côté récréatif et sa tonalité légère, « Drag Race France » transperce aussi des vérités qui incitent à réfléchir.
Rafraîchissante et addictive, « Drag Race France » met des paillettes dans les programmes télévisuels français. Cette émission tirée à quatre épingles redore un art militant trop souvent dénigré. À voir d’urgence pour prendre sa dose de tolérance et de bonne humeur quotidienne.