Débuté le 17 mai 2022, le célébrissime Festival de Cannes fait déjà parler de lui pour des raisons bien éloignées du glamour habituel. Sur les 21 films sélectionnés pour la Palme d’Or, seulement 5 sont réalisés par des femmes. On apprend également que le collectif 50/50, porteur du mouvement #MeToo, est absent pour cause d’agression sexuelle en son sein.
La parité est-elle définitivement en train de quitter Hollywood ? Le mouvement #MeToo est-il vraiment à bout de souffle dans l’industrie du cinéma ? On fait un point sur cette actualité brûlante.
Palme d’Or 2022 : seulement 5 femmes en lice
C’est LE chiffre qui fait rager : seulement 5 réalisatrices en lice contre 16 réalisateurs. Un peu à l’image de toute l’histoire du festival. S’agissant de la 75e édition cette année, on constate que seulement 2 femmes ont remporté la consécration ultime. Jane Campion, en 1993, et Julia Ducournau, en 2021.
À cela, Thierry Frémaux, le délégué général de l’événement, répond :
« il n’y a pas de quotas à Cannes. Ici, nous sélectionnons les films exclusivement sur leurs mérites artistiques »
Pourtant, côté jury, c’est aussi encore les hommes qui tiennent la vedette. En la personne de l’acteur Vincent Landon, président de Cannes 2022. Selon Le Parisien, les responsables ont cherché à confier ce rôle important à une femme mais l’actrice Pénélope Cruz aurait refusé. Suivie de près par l’actrice Meryl Streep, qui a expliqué vouloir être présente pour sa fille qui ne va pas tarder à accoucher.
Fort heureusement, la question de la parité et d’une meilleure représentation des femmes dans l’industrie du cinéma ne sera pas complètement oubliée. Des rencontres sont prévues autour de la parité, des violences sexistes et sexuelles. On note aussi la remise des prix « Lights on Women » et « Women in Motion » qui permettent à de grandes marques de luxe de récompenser des réalisatrices talentueuses.
Agression sexuelle au sein du collectif 50/50
Coup de tonnerre au coeur du collectif féministe 50/50, porteur du mouvement #MeToo. En raison ? Une affaire d’agression sexuelle au sein du groupe qui lutte pour la parité et la diversité dans l’industrie du cinéma. Le 23 avril 2022, pas moins de 6 administratrices de 50/50 démissionnent. Créant une tension énorme à quelques jours de l’ouverture du Festival de Cannes 2022.
En 2018, on se souvient de cette photo qui avait fait le tour du monde. 82 actrices réunies sur les marches pour représenter les (seulement) 82 femmes n’ayant jamais concouru pour recevoir la Palme d’Or… contre 1 688 hommes ! Et ce, depuis la première édition de l’événement cannois en septembre 1939.
Présidé par l’actrice Cate Blanchett, le collectif avait lancé un appel à l’égalité salariale dans l’industrie du cinéma. Et lutté pour qu’un bonus soit mis en place pour les équipes des films respectant la parité. Un acte que nous comprenons… mais qui semble déplacé dans un univers où seul le talent devrait régner, et non le sexe !
En se basant sur l’analyse de 105 films sortis en 2019, l’étude Cinégalités (portée par le collectif 50/50 et sortie en décembre 2021) enfonce le clou. Elle pointe un manque de diversité et de parité dans le septième art français. Tout comme dans l’industrie de la mode, les personnes racisées, les femmes de plus de 50 ans, les personnes LGBTQ+ et en situation de handicap ne sont quasiment pas représentées.
Le cinéma français fera-t-il plus de place à la parité et à la diversité ?
Face à ce portrait peu glorieux de Cannes 2022, n’importe qui pourrait se sentir découragé.e par le cinéma français. Pourtant, tout n’est pas perdu, bien au contraire. Si les inégalités de genre et d’orientation sexuelle dans le 7e art ne vont pas se résoudre en un claquement de doigts, l’évolution pourrait être beaucoup plus rapide que ces dernières années.
Grâce notamment au mouvement #MeToo qui applique une certaine pression et à la nouvelle génération, assoiffée de plus de diversité dans tous les domaines. Pour preuve, selon l’étude de 50/50 :
« les 15 films ayant réalisé le plus d’entrées en 2019 comptent environ 1/3 de personnages principaux perçus comme non blancs. Soit le double de la moyenne des films étudiés par le collectif 50/50 »
Côté parité, les pierres de fondation sont également posées, poussées par le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) et ses aides financières en faveur de la parité. En 2020, 34 % des films de fiction et d’animation français en ont bénéficié et 89 festivals du cinéma hexagonal ont signé la charte du collectif 50/50 pour plus de parité et de diversité. Est-on à l’aube d’une révolution cinématographique ou sur un clap de fin ferme et définitif ? Rendez-vous pour Cannes 2023…