Au cœur des bibliothèques enfantines, une large palette de thèmes est explorée. L’identité, le respect des autres, le consentement, l’acceptation des différences, la sexualité… autant de discours nécessaires et bienveillants qui éveillent les consciences dans un nuage de candeur. D’un revers de plume, les auteur·e·s font résonner la voix de la tolérance. Cependant, la gestation pour autrui (GPA) reste murer dans l’oubli. Pour redessiner des contours plus glorieux à ce sujet encore tabou, Yoann Ortega a fait mûrir un projet salutaire. Avec son conte « Mes papas, la princesse et la fée« , il lève le voile sur l’homoparentalité, les mères porteuses et les donneuses. Une histoire inédite qui offre une bonne dose d’apprentissage aux plus petits.
Une histoire contée sans filtre
Au cœur des pages de ce livre, des illustrations aux mille couleurs se mêlent à un récit teinté de tendresse. Une fillette à la longue chevelure blonde s’entretient avec son doudou dans sa chambre. Armée de sincérité et de délicatesse, elle s’élance dans une discussion profonde. Face à son petit panda attentif, l’enfant retrace son propre parcours.
Dans un vocabulaire simple et brut, elle esquisse des fragments de vie de ses deux parents. Elle explique que ses deux papas partagent un amour très puissant et qu’ils rêvent de fonder une famille. « Ce n’est pas possible qu’un papa porte un bébé dans son ventre », rappelle-t-elle. En douceur, elle déconstruit les mythes autour de la naissance. Loin de cette image traditionnelle innocente qui place les bambins dans les choux ou les roses, la fillette, elle, va droit au but. Elle tire un coup franc dans la lucarne des clichés.
Un scénario enchanteur
Avec sa fraîcheur naturelle et sa spontanéité, elle raconte la longue épopée de ses papas pour avoir un enfant. Dans leurs costumes de chevalier, les deux hommes rejoignent le pays de l’Oncle Sam et croisent la route d’âmes féériques, voire héroïques.
D’un coup de crayon avisé, l’illustratrice Christelle Ponche nous plonge dans un décor envoûtant. Les figures emblématiques du livre « Mes papas, la princesse et la fée » sont personnifiées. Quand le magicien illustre le médecin, la fée symbolise la mère porteuse et la princesse incarne la donneuse.
« On voulait rappeler cet imaginaire très parlant pour les enfants. Et pour que le message passe, il faut que l’aventure en toile de fond les touche, et les tienne en haleine », explique l’auteur
Un livre inspiré d’une histoire vraie
La fillette conclut son passionnant récit sur une notion clef : l’amour. Que l’on soit né par GPA, que l’on ait été adopté, que l’on ait deux mamans ou deux papas… peu importe le modèle familial dans lequel on évolue, ce qui compte, ce sont les instants de complicité.
Cette aventure émouvante est une ode à la diversité. « Mes papas, la princesse et la fée » est aussi le reflet de la vie de Yoann Ortega. L’homme de 34 ans s’est en effet inspiré de son vécu pour faire germer cette jeune pousse littéraire. Heureux papa de jumeaux nés par GPA aux États-Unis, le pétillant trentenaire est parti d’un constat simple, mais alarmant : « En France les livres pour enfant laissent la GPA de côté. Alors, je voulais créer un outil accessible et compréhensible pour parler de cette notion compliquée« .
Propriétaire de « la Fabrique Créa », société de production artistique, Yoann a auto-édité ce premier livre haut en couleur destiné aux 3 à 5 ans. À travers « Mes papas, la princesse et la fée », il souhaite éveiller les consciences dès le plus jeune âge. « J’ai voulu cibler cette tranche d’âge puisque c’est à partir de ce moment transitoire que les enfants entrent à l’école. Très vite, ils sont confrontés à des modèles familiaux différents. L’objectif, c’est d’apporter des clefs de compréhension sur ce monde varié qui les entoure ».
En explorant d’autres thématiques comme la procréation et l’homoparentalité, il dessine un nouveau visage au modèle traditionnel tant revendiqué dans les manuels. « Je voulais apporter ma pierre à l’édifice pour un monde plus tolérant, plus ouvert d’esprit et surtout montrer que cette différence n’est pas un problème ».
La GPA en France, un sujet sensible
Selon cet as de l’écriture, la GPA reste encore mal comprise et peu connue en France. D’après un sondage réalisé en 2018, le pourcentage de Français·es favorables au recours à une mère porteuse a grimpé de 16 % depuis 2013. Mais certaines parts d’ombre dominent encore. « La GPA éthique est très bien encadrée. Et contrairement aux discours infondés que l’on peut entendre, aucune femme n’est contrainte, tout le monde est respecté ».
Très controversée, la GPA soulève de nombreux débats dans notre société. Alors, ce livre a pour vocation de redorer le blason de cette pratique encore peu considérée dans l’Hexagone. « Entre les parents et l’enfant, il est essentiel qu’il y ait un dialogue sain et sans tabous », insiste Yoann.
Disponible sur Amazon depuis le 1er mars, « Mes papas, la princesse et la fée » rencontre un franc succès. Il devrait régner en maître sur les étagères des écoles tant il est instructif. Ce conte est un millefeuille savoureux, un mélange parfait qui allie positivité et tolérance. Comme un bonbon enivrant, on dévore chaque page avec enthousiasme.
Aussi, à chaque livre vendu, 1 € est reversé à Enfants Arc-en-Ciel, une association qui lutte contre les discriminations et valorise toutes les familles.