Cette série Arte dénonce avec finesse les violences faites aux femmes

24 courts-métrages poignants et poétiques pour entrer instantanément dans la peau d’une femme. Avec « H24 », la chaîne culturelle Arte offre 24 regards primordiaux pour qu’une femme puisse se regarder en face, comprendre mieux les minorités de genre autour d’elles, se sentir moins seule dans son quotidien, et gagner en force. Cette série dépeint alors toutes les couches des violences sexistes et sexuelles, avec les artistes femmes les plus talentueuses d’Europe. À voir absolument !

« H24 »: 24 heures dans la vie d’une femme

Camille Cottin, Diane Kruger, Nadège Beausson-Diagne, Céleste Brunnquel (série « En thérapie ») Valeria Bruni Tedeschi, Aloise Sauvage, Christiane Taubira, Charlotte Abramow, Clémence Poésy, etc. Ces 24 courts-métrages, écrits par 24 auteures et filmés par 10 cinéastes, sont le fruit des artistes les plus talentueuses et engagées du cinéma européen. Résultat ? En quelques minutes à peine, chaque minute, chaque heure et chaque évènement marquant de la vie d’une femme est conté de manière poignante, déroutante.

Ces épisodes écrits, réalisés et joués par des femmes donnent alors à voir toutes les couches des violences sexistes et sexuelles subies par les femmes. De l’obligation de porter des talons hauts au viol, du revenge porn au harcèlement de rue, jusqu’au suicide contraint… Les créatrices de la série Nathalie Masduraud et Valérie Urréa, souhaitaient raconter sur le petit écran « le quotidien de la vie d’une femme, du plus banal au plus héroïque ».

L’inspiration ? Des « faits divers » bien réels

Tous les épisodes sont inspirés de faits réels. Ainsi, chacune d’entre nous se reconnaitra assez rapidement dans beaucoup d’histoires. Ces témoignages puissants par leur poésie sont alors à la fois quelque chose qui est difficile à regarder en face, mais aussi qui donne de la force. Car la série appelle à l’insoumission, à l’entraide entre femmes et minorités de genre, et à l’action. Et ceci est bien le but des créatrices de H24. « Notre plus beau cadeau : voir la série devenir un objet de sensibilisation pour accompagner plus largement cette libération », explique Nathalie Masduraud.

« Exaspérées de voir des destins réduits à des entrefilets dans la presse, nous avons imaginé ces 24 films – plus un bonus – situés, chacun, à une heure précise. Nous souhaitions rendre la parole aux anonymes, victimes ou résistantes, et créer un espace où se réapproprier nos histoires afin qu’elles ne nous échappent plus », explique à Arte la réalisatrice Valérie Urrea, à l’origine du projet aux côtés de Nathalie Masduraud

À côté de témoignages intimes, on reconnaît des affaires médiatisées. Comme celle de l’agression publique et filmée de Marie Laguerre en 2018. Annabelle Lengronne interprète l’histoire vraie de cette femme arrêtée pour ses papiers et mise à nue en public dans l’aéroport de Charles de Gaulle. Grace Seri joue une femme victime de violences conjugales, dans un texte écrit par Christiane Taubira. La chanteuse Aloïse Sauvage, elle, a écrit et interprété son propre rôle en tant que jeune fille de 15 ans, arrêtée par la police après un vol.

« H24 » : de l’art engagé

Toutes les protagonistes de la série ont été choisies pour leur engagement féministe, mais aussi pour leur talent. Passant de la littérature au petit écran, H24 présente en plus une forme originale : les 24 heures s’enchaînent, si bien que l’on se retrouve dans un tourbillon infini. Tout se répète, comme si les choses ne changeaient pas. Et le style de la série est hypnotisant. On retient l’épisode du milieu, « 12H Le Cri Défendu », ci-dessous, un appel puissant à la sororité, difficile d’oublier :

En effet, tous ces monologues sont déstabilisants, grâce aux textes, mais aussi aux jeux d’actrices et au son, réalisé par la musicienne Léonie Pernet. Et où sont les hommes dans la vie d’une femme ? On entend leur parole brute, on sent leur toucher glaçant, mais ils sont presque invisibles. Ils sont ces personnages qui hantent les femmes.

« Même si un travail primordial s’effectue sur le terrain, je crois aussi énormément à l’art comme éducation. Ces histoires font écho, chaque spectateur pourra se les approprier : notre propos est hélas universel », explique Valérie Urrea.

Et vous, avez-vous vu la série ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Venez en parler avec nos lecteurs et lectrices, sur le forum de The Body Optimist.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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