Sheila, icône de la chanson française, ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dénoncer les injustices. Invitée dans l’émission « On refait la télé » sur RTL le 29 mars 2025, elle a livré un témoignage percutant sur le sexisme et l’âgisme qui gangrènent toujours l’industrie musicale. Malgré des décennies de lutte pour l’égalité, le constat est sans appel : la musique reste un monde d’hommes, où les femmes doivent constamment prouver leur légitimité… et où elles deviennent invisibles après un certain âge.
Une industrie toujours sous contrôle masculin
À 79 ans, Sheila a tout vu, tout vécu. Des années yéyé aux succès intemporels, elle a marqué l’histoire de la musique française. Derrière les paillettes et les tubes, elle a aussi été témoin – et victime – d’un système où les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Et son verdict est clair :
« Je me demande si ce n’est pas pire ! Sincèrement, c’est un monde d’hommes, géré par des hommes qui de toute façon ne supportent pas que les femmes passent 40 ans. Quand on a passé 40 ans, on est à la vaisselle. »
Un coup de gueule qui résonne fort. Si les jeunes chanteuses peinent à se faire une place, celles qui ont passé un certain cap se heurtent à un plafond de verre quasi infranchissable.
Le poids de l’âge : une double peine pour les femmes artistes
Dans le monde du spectacle, le talent ne suffit visiblement pas. Il faut aussi correspondre à certains critères… surtout quand on est une femme. Sheila dénonce une réalité bien connue : après 40 ans, les chanteuses disparaissent peu à peu des médias, tandis que leurs homologues masculins continuent d’être célébrés.
« Il y a des tas de radios… Toutes les filles, que ce soit Zazie, Amel Bent… On ne passe pas en radio. La femme n’a pas le droit de vieillir, elle doit se retirer ! C’est très sexiste. »
Ce constat amer met en lumière un traitement inégal : alors que les hommes bénéficient d’une carrière longue et respectée, les femmes doivent sans cesse lutter pour exister après un certain âge.
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Une mise en avant masculine assumée
Sheila pointe un autre phénomène troublant : la place accordée aux artistes féminines dans les médias. Lorsqu’un chanteur sort un album, on célèbre son parcours, on met en avant sa longévité et son talent. Pour une chanteuse, c’est une autre histoire. « Ce que je trouve terrible, c’est que toutes, lorsqu’on fait un album, on ne le fait pas pour le chanter dans notre salle de bains. On le fait pour que les gens l’entendent et l’écoutent », explique-t-elle. Or, les plateformes, les programmations radio et les émissions musicales favorisent largement les hommes.
« Si vous prenez Julien Clerc, Alain Souchon, Laurent Voulzy… Tous les hommes, on vante leur carrière… Toutes les femmes, c’est le contraire. Nous, on n’est pas là, alors qu’on a fait la même carrière que les mecs ! »
Un déséquilibre flagrant qui en dit long sur la persistance des inégalités dans l’industrie musicale.
Une reconnaissance à géométrie variable
Pourquoi les artistes masculins continuent-ils d’être encensés, tandis que les femmes disparaissent peu à peu des écrans et des ondes ? Est-ce une question de public ? De rentabilité ? Ou simplement d’habitudes bien ancrées qui tardent à évoluer ? Sheila met en lumière une contradiction frappante :
« On a fait la même carrière que les mecs, mais on n’a pas droit au même respect. »
Son appel est clair : il est temps de repenser la manière dont on valorise le travail des femmes artistes. L’industrie musicale doit cesser de les traiter comme des produits périssables et reconnaître pleinement leur contribution.
Si le chemin est encore long, les voix comme celle de Sheila permettent d’ouvrir le débat et de mettre en lumière ces injustices. L’industrie musicale a besoin de plus de diversité, de plus d’équité, et surtout d’une réelle reconnaissance du talent des artistes féminines, quel que soit leur âge.