La série Sex Education ausculte la vie sexuelle de jeunes ados en pleine croisade identitaire avec un rare réalisme. Alors que la saison 4 vient à peine de sortir sur la plateforme Netflix, le jeune Otis, sexologue clandestin de son lycée, risque encore de démêler de nombreux accrocs du coeur et de résoudre plusieurs questions intimes. Plus efficace que tous les manuels scolaires réunis, la série Sex Education préconise des conseils sexo qui se superposent volontiers à notre intimité.
Il est temps d’en finir avec le slut-shaming
Le slut-shaming, pratique abjecte qui consiste à humilier une personne, en particulier une femme, en raison de sa réputation sexuelle présumée ou de sa manière de s’habiller, est savamment dénoncé dans Sex Education. Plusieurs personnages de la série sont accusés, à tort, de jouer dans la provocation ou de répandre des MST. En plus de révéler ce sombre traitement, la série montre comment il s’infuse dans l’esprit des « blâmé.e.s ». Alors que ces ados sont en pleine quête identitaire, le slut shaming ne fait que les enfermer dans une définition vulgaire.
Dans la saison 2, c’est Fiona qui en subit les conséquences. Lorsqu’une épidémie de chlamydia se répand dans le lycée, elle est incriminée, sans aucune preuve à l’appui. Traitée comme une pestiférée, elle fait l’objet de toutes les insultes et perd ses précieuses alliées. Le pire, c’est que Fiona est hissée en coupable simplement parce qu’elle a une vie sexuelle libérée et très active. Otis, sexothérapeute improvisé de l’école, n’hésite pas à prendre la défense de Fiona, en pointant l’injustice. Les autres déduisent qu’avoir une sexualité florissante, c’est forcément être dépravé.e ou sale. Et Otis dément vaillamment cette idée.
La communication est la clé d’une sexualité épanouie
Selon Jean Milburn, la mère d’Otis, fine analyste de l’intimité humaine, une relation durable repose sur les trois « T » : trust, talking and truth (confiance, dialogue et vérité, ndlr). Trois valeurs qui forgent les fondations d’une sexualité saine et bienveillante. Malgré ces prescriptions, Otis préfère appliquer les conseils pêchés sur internet dans sa nouvelle idylle avec Ola. Après avoir récolté quelques informations douteuses sur la manière de doigter sa copine, Otis se sent surpuissant.
Il se prend véritablement pour un dieu du sexe et pense avoir cartonné avec sa méthode de l’horloge. Mais son euphorie descend aussi sec lorsqu’il découvre qu’Ola n’est pas du tout friande de cette astuce, plus douloureuse que jouissive. Armé de sa franchise légendaire, Otis décide de briser la glace en lui avouant qu’il n’est pas franchement doué avec l’exercice de la masturbation. Ola lui propose alors de l’orienter pour que ce jeu de main soit vraiment plaisant. Une initiative qui surpasse le cliché du plaisir « à sens unique » et du sexe « égoïste ». La communication ne se cantonne pas aux formalités de la vie, elle doit aussi surfer sur des sujets plus sensibles et enjamber les tabous. C’est certainement l’un des conseils sexo les plus évidents de Sex Education.
Les premières fois sont loin d’être exceptionnelles
Loin de là l’image dorée de la première fois torride et ultra expérimentée. Selon les conseils sexo délivrés par Sex Education, il vaut mieux abaisser ses attentes et éviter de se faire une idée rêvée de ce rapport, souvent expéditif. Comme le soulignent certaines scènes de la série phénomène, cette défloration est plus maladroite que limpide. Entre le manque de lubrification causé par le stress, l’éjaculation précoce due aux pics d’adrénaline et les positions sexuelles indécises, la fougue n’est pas vraiment au rendez-vous.
Contrairement aux films X et autres séries qui vantent une première fois sans embûches, Sex Education prend le parti de dire la vérité. D’ailleurs l’expérience d’Otis résume très bien ce côté chaotique et imparfait. Le protagoniste perd sa virginité sous alcool et se heurte à un trou noir affolant. Il ne se souvient plus si le rapport était protégé ou non. Dans le doute, il accompagne sa partenaire Ruby pour prendre la pilule du lendemain. Rien à voir avec les roucoulades traditionnellement avancées sur le petit écran. Sex Education a à cœur de valoriser ces petites irrégularités du quotidien.
Il faut s’explorer soi-même pour connaître ses désirs
Parmi les conseils sexo donnés par Sex Education, la notion de plaisir solitaire est centrale. Tous les personnages s’adonnent à cette aventure charnelle unique pour mieux déchiffrer leurs préférences. Ce voyage identitaire prend plusieurs formes, mais la plus récurrente passe par la culotte. Alors que les hormones de ces ados sont en pleine ébullition, iels découvrent les sensations inégalées de la masturbation. La série fait d’ailleurs l’éloge de l’auto-érotisme. Sex Education ne se contente pas d’encenser une seule pratique « universelle », mais honore toute sa pluralité.
C’est d’ailleurs la seule création qui affiche des femmes se masturbant sur le ventre. À l’inverse des autres « teen movies » qui culpabilisent ces caresses individuelles, Sex Education leur donne un aspect édifiant. Le cas d’Aimee est le plus évocateur. La jeune femme, un peu lunaire, n’a jamais eu recours à la masturbation. Persuadée de devoir seulement satisfaire les hommes, elle renonce sans cesse à ce cadeau de l’intimité. Jusqu’au jour où son copain Steve la surprend en train de falsifier un orgasme et lui demande ce qu’elle aime vraiment. C’est à partir de là qu’elle s’ouvre à cet acte d’amour propre.
Ça ne sert à rien de simuler
Crier à tue-tête, froncer les sourcils et lâcher un soupir d’extrême satisfaction… il est assez simple de tricher sur un orgasme sans se faire avoir. Sauf que voilà, à part générer des frustrations, ça ne sert pas à grand-chose. Selon les conseils sexo de Sex Education, cet acting est même plutôt préjudiciable, surtout lorsqu’il est démasqué. Dans une scène intime entre Aimee et Adam, le jeune homme se heurte à son pire cauchemar : il n’arrive pas à éjaculer. Embarrassé, il se sent fautif et « incompétent » face à sa dulcinée.
Pour tenter de donner de la vigueur à son chibre, il avale trois pilules bleues d’affilée, mais là c’est encore plus chaotique. Suite à son passage près d’Otis, le trublion de la sexualité, il s’aperçoit que ses troubles de l’érection sont liés à une anxiété de performance. Soit à cette pression brûlante d’être un « bon coup » et de tenir le plus longtemps sur la durée.
Il n’existe pas un type de sexualité, mais plusieurs
Sex Education navigue également dans le profond kaléidoscope des orientations sexuelles. La série va à l’encontre de cette sexualité linéaire et hétéro-centrée, qui a souvent le monopole dans la pop culture. Le drapeau LGBT+ y est vaillamment étendu. Dans ce milieu estudiantin espiègle et porté sur l’érotisme, Florence avoue son asexualité. Elle ne parvient pas à développer d’attirance sexuelle pour ses comparses, même les plus séduisants. Et comme l’expose la mère d’Otis, ça n’a rien d’une fatalité ou d’une bizarrerie psychologique. Elle affirme que le sexe n’est qu’une partie mineure de notre identité et qu’il ne définit pas notre valeur.
Ola, elle, a souvent été perçu comme un élément perturbateur dans la vie sentimentale d’Otis. Pourtant, sa présence est cruciale. Lorsqu’elle prend conscience de son attrait pour Lily, elle s’autorise à être enfin elle-même et laisse libre court à sa pansexualité. Les coming-out sont pluriels dans Sex Education et clament une sexualité « sans barrières » ni influences.
C’est ok de dire non
Enfin, parmi les conseils sexo récoltés dans Sex Education, celui-ci est le plus vital. Alors que la notion de consentement est régulièrement bafouée, la série s’attèle à la remettre à sa juste place. Liam, un jeune homme qui se pense irrésistible, drague Lizzie avec lourdeur. Il la colle comme un velcro jusqu’à ce qu’elle cède à ses avances. Même si Lizzie n’est pas du tout intéressée, elle s’embarque dans cette relation par « résignation ».
Un forcing qu’Otis s’empresse de remettre en cause. Le jeune garçon, réincarnation moderne du téléphone rose, suggère de troquer cette méthode intimidante contre une approche plus empathique des liens humains. Il recommande également de respecter les limites de chacun.e et d’apprendre à dire « non ». Ce refus ne signifie pas que nous sommes rigides, il dresse des frontières et des zones de sécurité.
Ces conseils sexo issus de la série à succès Sex Education prouvent que les créations du petit écran sont en mesure de combler certaines lacunes. Cette oeuvre va donc au-delà du divertissement, c’est un concentré d’enseignements.
