En deux minutes chrono, le court-métrage intitulé « Blobby » capture le quotidien esseulé des personnes âgées. Une sombre réalité que beaucoup de séniors endurent chaque jour. Le personnage principal, un vieux monsieur qui a l’apparence d’une petite poupée cousue main, se dévoile aux côtés d’une étrange créature visqueuse. Ce « blob » silencieux prend le rôle d’un ami imaginaire et comble un vide, devenu trop envahissant. Face à ce protagoniste à la chevelure grisonnante et à la silhouette frêle, le visage de nos grands-parents se transpose presque naturellement. Après avoir visionné ce court-métrage à la fois préventif et poignant sur la solitude des personnes âgées, vous n’allez plus jamais repousser la visite chez pépé et mémé.
Un court-métrage habile pour alerter sur un fléau
De multiples clichés collent à la peau froissée des personnes âgées. Beaucoup les voient comme des râleuses chevronnées, qui se plaignent sans cesse des générations actuelles et qui répètent inlassablement ce fameux « c’était mieux avant ». Pourtant, la plupart de ces figures de sagesse sont surtout au bord du désespoir. Nombreux.ses sont les aîné.e.s qui vivent coupé.e.s du monde. Celleux-là espèrent secrètement entendre retentir le son du téléphone ou de la sonnette. Cloisonné.e.s avec leurs souvenirs, iels rêvent que des paroles familières remplacent le son artificiel de la télévision et fassent revivre l’âme de leur maison, trop longtemps coupée de l’agitation familiale.
Comme piégé.e.s entre quatre murs, iels attendent fatalement que « leur tour vienne » et se persuadent d’être arrivé.e.s à leur date de péremption. Laissé.e.s à l’abandon par leurs proches, iels errent dans leurs chaumières où le silence a peu à peu effacé les rires des enfants et les rares bruits de vie. Selon le baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2021 », 530 000 personnes âgées de soixante ans sont en situation de mort sociale. Un fléau de l’ombre que le court-métrage « Blobby » dépeint avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Réalisé en 2014 par Laura Stewart, il reste tristement intemporel et toujours aussi percutant une décennie plus tard.
Ce court-métrage a pour vocation d’éveiller les consciences sur la solitude des personnes âgées. Plus efficace qu’une affiche hissée en 200 x 150 dans les souterrains du métro ou qu’un clip de sensibilisation érigée entre deux pubs, il interpelle sur un mal-être qui dépasse rarement les portes des maisons. Avec un style candide en stop motion et une narration visuelle délicate, il traduit un phénomène âpre que seuls les plus de 60 ans peuvent connaître.
Une fable sensible qui vous touche en plein coeur
Sous son nom rigolo et enfantin, « Blobby » narre ainsi une histoire qui attire les larmes aux creux des yeux et qui fend le cœur en deux. Ce court-métrage suit un vieillard, qui a le physique d’un pantin en chiffon, dans son quotidien. Une créature difforme à la texture argileuse lui tient compagnie et met de l’animation dans sa routine monocorde. Ce blob, qui semble être un de ces bonshommes en pâte à modeler, est un petit farceur. Il déplace des objets, renverse des tasses, mais le vieil homme apprécie tout de même sa présence. C’est d’ailleurs lui, qui en est l’inventeur. Ce blob n’est rien d’autre que le fruit de son imagination. Il l’a façonné pour braver cette solitude, chaque jour, un peu plus pesante.
Mais cette chose, qui lui sert de colocataire, finit par éclater et se réduire en bouillie multicolore. À la dernière seconde, le doyen se retrouve de nouveau comme une âme en peine. Ce fil qui lui sert de bouche se recourbe encore vers le bas. Cette fable esthétique se conclut sur un soupir, qui traverse quasiment l’écran pour nous parvenir en pleine tête. La mine abattue de ce vieillard en tissu nous afflige comme s’il s’agissait de notre propre grand-père. En regardant ce court-métrage qui illustre avec poésie la solitude des personnes âgées, notre pensée se dirige vers nos aîné.e.s.
L’animation pour faire passer des messages forts sur les séniors
En un temps record, « Blobby » pénètre dans les coulisses de la vie maussade des personnes âgées. Le court-métrage fait tomber ces murs tapissés de fleurs et parsemés de photos de famille. Il révèle une souffrance palpable qui accélère cette envie de passer de l’autre côté. Dans le même style, mais en version plus longue, « Là Haut » évoque aussi cette solitude, semblable à un poison. Sous son air de vieil homme aigri et grincheux, Carl, le protagoniste, dissimule une tristesse inconsolable et regrette constamment son épouse, partie vers les cieux.
Ces films d’animation, qu’ils soient courts ou longs, lèvent le voile sur la vraie vie de nos aînés. Avec des messages imagés et métaphoriques qui donnent encore plus de relief à cette solitude encombrante. Faire du tricot à longueur de journée face à une fenêtre. Regarder les émissions TV en boucle. Ce n’est pas vraiment le quotidien rêvé pour passer ces derniers printemps. Beaucoup de personnes âgées donneraient cher pour troquer la pelote de laine contre une main à serrer. Et les shows de Nagui contre des interactions humaines.
Le court-métrage « Blobby » tire la sonnette d’alarme sur la solitude des personnes âgées. Il nous invite adroitement à téléphoner plus souvent à nos aïeuls et à passer leur faire un coucou. Moral : il faut profiter au maximum de leur présence avant leur grand départ.