Virilité, exotisme, érotisation du viol… toutes les représentations imagées de nos sexualités sont décortiquées à travers des extraits de films, séries ou jeux vidéo en 7 courts épisodes. « Culbute – Nos sexualités sous influence » déconstruit ainsi les idées problématiques véhiculées par la culture populaire et propose des alternatives à ces modes de représentations. De manière ludique, cette websérie constitue une bonne base pour mieux comprendre certaines idéologies sexistes et violentes de notre époque.
Une culbute sur la culture pop
« Films, séries, dessins animés, publicités, jeux vidéo, pornographie ou contes de fées… sans qu’on s’en rende compte, ces images et récits influencent notre sexualité et notre vision de l’amour depuis l’enfance ». C’est ainsi que la série annonce la couleur. La culture populaire est un élément qui « reflète toujours une époque et son idéologie ». Que l’on s’en rende compte… ou pas ! Eh oui, personne dans notre société occidentale n’est à l’abri de ces images (sauf peut-être celles et ceux qui ont grandi en autarcie dans la nature, sans n’avoir jamais vu d’écran de leur vie entière.) Ainsi, cette websérie décrypte nos scènes cultes préférées et ce qu’elles disent sur notre vision de la sexualité.
Tout en étant instructive, « Culbute – Nos sexualités sous influence » va droit au but, sans manquer d’humour. Parce que la pile d’ouvrages féministes théoriques peut faire peur à certain.e.s, la série est destinée à un public qui veut mieux comprendre les bases du regard féministe, en 7 courts épisodes d’environ 9 minutes. Un format original réalisé par l’artiste multimédia Léo Favier, qui a également réalisé pour Arte la websérie « Dopamine » sur l’addiction aux réseaux sociaux. Sa co-auteure est l’illustratrice Edith Carron, qui pimente le récit avec des illustrations animées et drôles.
« C’était très important pour nous d’apporter une légèreté, une distance à travers ces animations attrayantes et rigolotes », explique Edith Carron, réalisatrice et co-auteure de la série
De la virilité dans Dirty Dancing à la culture du viol dans Ratatouille
Ainsi, on redécouvre des extraits de Ratatouille à Game of Thrones, la série Girls, Dirty Dancing, Star Wars ou encore le jeu vidéo Resident Evil 5. Une vingtaine d’intervenant.e.s venant de tous horizons, du monde académique et universitaire, des médias, de la culture, et du terrain les commente avec légèreté et justesse.
Ainsi, on retrouve des sociologues comme Sam Bourcier et Eric Fassin, la chercheuse Camille Froidevaux-Metterie, les journalistes Rokhaya Diallo et Iris Brey, le réalisateur transgenre Océan, ou encore Jüne Plã, du compte Instagram et du livre Jouissance Club.
Pour exemple, la série aborde la question du rôle de la femme dans une certaine représentation de « l’amour courtois ». Dans beaucoup d’œuvres, après avoir été sollicitée par un homme, l’héroïne se doit de lui essuyer un premier refus. Il insiste et l’embrasse tout de même. Elle ne se débat plus, et apprécie. Une scène normalisée, alors qu’elle représente une violation du consentement de la femme. Et ceci est présent dans la plupart des anciens dessins animés Disney, même dans Ratatouille !
Autre question soulevée par la série : pourquoi les personnages queers meurent autant dans les films et séries ? Comme Tara dans Buffy contre les Vampires. Cette partie de scénario, lorsqu’elle est constamment répétée, sous-entend finalement qu’une personne qui ne rentre pas dans les normes hétérosexuelles et cisgenres sera forcément malheureux.se. Ce récit n’est pas condamnable en soi. Il faut seulement essayer de varier un peu les histoires. Et de les rendre plus proches des diverses réalités queers, comme l’explique la chercheuse en science de l’information et de la communication Déborah Gay.
Proposer de nouvelles représentations
La série ne cherche pas à censurer toutes nos œuvres préférées. Elle est là pour engendrer une prise de conscience plus générale à propos de leur impact sur notre société. Tout simplement. Les épisodes se complètent d’ailleurs sur des alternatives, avec des extraits des séries plus actuelles comme Sex Education, I May Destroy You ou Normal People.
Dans cette dernière, on voit par exemple une scène qui montre que pendant les scènes de sexe, les dialogues sur le consentement peuvent être sexy. Il existe aujourd’hui de plus en plus de nouveaux regards dans la culture populaire, plus diversifiés, plus complexes et bien plus riches.
« Nous grandissons et nous construisons avec ces fictions. Mais nous sommes tellement imprégné.e.s de ces images que nous ne voyons plus les normes qu’elles charrient. C’est comme un éléphant invisible au milieu de la pièce », note Léo Favier, réalisateur et co-auteur de la série
La série est disponible gratuitement sur le site d’Arte TV depuis le 14 février 2022.
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