Pour voir des femmes s’aimer sur grand écran inutile de prendre une carte illimitée, vous n’aurez pas grand-chose à vous mettre sous la dent… Que ce soit devant ou derrière la caméra, les lesbiennes se retrouvent en effet bien souvent écartées du cinéma. Le réalisateur Filippo Meneghetti prend le contre-pied et donne ainsi à voir dans son nouveau et tout premier film des personnages très souvent oubliés : les lesbiennes, qui plus est du troisième âge. Découvrez « Deux » une comédie dramatique tout en symboles profonde, belle et surtout réfléchie.
Une romance lesbienne
Les films lesbiens sont très peu nombreux sur les écrans français. Plus globalement même, le cinéma a malheureusement encore du mal à mettre en scène l’homosexualité. Il n’existe pas de chiffres sur la production française mais aux États-Unis, Glaad (association américaine de veille médiatique qui œuvre à dénoncer les discriminations et les attaques à l’encontre des personnes LGBT au sein des médias) soulignait que parmi les films des grands studios mettant en scène des personnages LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) en 2014, 65 % d’entre eux montraient un personnage homosexuel, 30 % une femme ou un homme bi, et seulement 10 % des lesbiennes.
Bien heureusement de plus en plus de réalisatrices et réalisateurs tentent de changer les codes. C’est le cas justement du réalisateur italien Filippo Meneghetti dont le premier long-métrage « Deux » est sorti en salles hier, mercredi 12 février 2020.
Donner de la visibilité à celles qui n’en ont pas ou peu
Le synopsis ? L’une s’appelle Madeleine (Martine Chevallier) et est une mamie gâteau. L’autre, Nina (Barbara Sukowa) est féroce et indépendante. Deux retraitées simples voisines aux yeux de tous, mais profondément amoureuses l’une de l’autre en secret. Au quotidien, elles vont et viennent entre leurs deux appartements et partagent leurs vies ensemble. Personne ne les connaît vraiment, pas même Anne (Léa Drucker), la fille attentionnée de Madeleine. Sauf que… Nina presse Madeleine pour parler de leur relation à ses enfants. Celle-ci essaye, mais n’y arrive pas. Le tabou est impossible à briser. Jusqu’au jour où un événement tragique fait tout basculer…
Deux portes, deux amantes, deux histoires familiales, mais un seul regard. Ce que nous offre là Filippo Meneghetti est une œuvre profonde, belle, émouvante et surtout réfléchie. Inspirée d’histoires similaires dont il a lui-même été témoin et qui l’ont profondément marqué, Filippo Meneghetti souhaite ainsi d’une part, leur rendre hommage, mais aussi délivrer un message fort d’acceptation de soi en mettant en scène des lesbiennes du troisième âge.
« Le regard que nous portons sur nous est nourri par la société. Cela entraîne une forme d’autocensure. Je fais des films sur des choses qui m’interpellent et m’enragent. Je pense qu’on vit dans un monde obsédé par une seule définition de la beauté et les corps jeunes. Je sens qu’il est de ma responsabilité de faire des images honnêtes qui représentent la réalité », explique ainsi le cinéaste au HuffPost.
Il lui aura fallu tout de même six ans pour trouver des sources de financement, preuve qu’il existe encore bien un tabou sur le sujet… Mais avec son premier long-métrage Filippo Meneghetti a finalement réussi à donner de la visibilité à celles qui n’en ont pas ou peu. Difficile de ne pas être touché face à cette histoire, challenge relevé haut la main donc. En bref, si vous avez l’opportunité d’aller au cinéma prochainement, foncez voir le film « Deux », un hymne à l’amour sans frontière !
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