Le maquillage au cinéma, c’est bien plus que des coups de pinceaux et des tubes de fond de teint. C’est un art qui a façonné l’histoire du 7e art, transformé des acteurs en créatures légendaires et transporté les spectateurs dans des mondes imaginaires. Des visages monstrueux aux métamorphoses bluffantes, voici un voyage dans les coulisses des maquillages qui ont marqué l’histoire du cinéma.
Les pionniers du maquillage
Lon Chaney, surnommé « l’homme aux mille visages », a été l’un des premiers à révolutionner l’art du maquillage. Sa performance dans Le Fantôme de l’Opéra (1925), avec son front haut et ses yeux cernés de noir, a marqué les esprits et ouvert la voie à des transformations spectaculaires.
L’ère des monstres classiques
Les années 1930 ont vu naître le cinéma fantastique, avec des maquillages qui sont devenus légendaires. Bela Lugosi en Dracula (1931) et Boris Karloff en monstre de Frankenstein, maquillé par Jack Pierce, ont établi les bases du maquillage d’effets spéciaux, jouant sur la dramatisation et l’éclairage pour accentuer l’impact visuel.
Quand on pense au maquillage légendaire, difficile en effet de ne pas mentionner Frankenstein. Boris Karloff, sous la houlette du maquilleur Jack Pierce, est devenu le monstre le plus terrifiant du cinéma classique. Jack Pierce a conçu une allure inoubliable avec une tête aplatie, des cicatrices cousues, et des boulons au cou. Ce design est devenu la référence visuelle, influençant des décennies de films d’horreur. À l’époque, chaque détail était fait à la main, avec des heures de travail minutieux. Résultat ? Une icône immortelle.
La révolution des années 1960
La Planète des singes (1968) a marqué un tournant dans l’art du maquillage. Avant les prouesses numériques, le maquillage était le seul moyen de transformer des humains en singes convaincants. John Chambers a donc développé des prothèses révolutionnaires pour ce film. Les masques flexibles permettaient aux acteurs de conserver une certaine expressivité tout en incarnant les singes. Cette prouesse a valu à John Chambers un Oscar spécial, une première pour un maquilleur ! Ce succès a aussi prouvé que le maquillage pouvait être un élément central de la narration cinématographique.
L’âge d’or des effets spéciaux
Le cinéma des années 1980 a vu une explosion de transformations réalistes. Dans Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London), Rick Baker a créé une scène de transformation si réaliste qu’elle a laissé le public bouche bée. Les os qui craquent, la peau qui s’étire, et les poils qui poussent en direct… tout cela sans une once de CGI (images générées par ordinateur). Cette séquence a valu à Rick Baker le tout premier Oscar du maquillage, une catégorie créée spécifiquement pour honorer ce type de prouesses.
Les transformations spectaculaires récentes
Ces dernières années, le maquillage au cinéma a atteint des sommets de créativité et de technicité. Avec l’avènement des effets numériques, le maquillage traditionnel a parfois cédé sa place au CGI. Mais loin de disparaître, il a évolué pour s’adapter. Mélanger le numérique et le pratique permet finalement de créer des univers encore plus immersifs.
- Pauvres Créatures (2024) a remporté l’Oscar des meilleurs maquillage et coiffure pour ses créations spectaculaires imaginées par Nadia Stacey.
- Cruella (2021) a vu Emma Stone arborer des looks extravagants créés par Nadia Stacey, Naomi Donne et Julia Vernon.
- Dune (2021) a présenté des maquillages futuristes et des looks désertiques conçus par Donald Mowat, Love Larson et Eva von Bahr.
- Les Gardiens de la Galaxie (2014) a transformé ses acteurs en créatures extraterrestres colorées grâce au travail d’Elizabeth Yianni-Georgiou et David White.
- Dallas Buyers Club (2013) a montré l’évolution physique spectaculaire de Matthew McConaughey grâce au travail d’Adruitha Lee et Robin Mathews.
- Le Hobbit : un voyage inattendu (2012) a donné vie aux habitants fantastiques de la Terre du Milieu grâce à Peter Swords King, Tami Lane et Rick Findlater.
- Le Grinch (2000), réalisé par Rick Baker, a transformé Jim Carrey en une créature verte emblématique grâce à un processus de 3 heures quotidiennes, utilisant 125 maquillages différents et des poils de yak, créant l’un des personnages les plus mémorables du cinéma moderne.
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L’impact culturel
Ces maquillages ont fait bien plus que transformer des acteurs. Ils ont créé des icônes cinématographiques, raconté des histoires à travers la transformation physique et repoussé les limites de l’imagination visuelle. Des monstres classiques de Universal aux créatures fantastiques de Peter Jackson, en passant par les transformations subtiles, le maquillage a joué un rôle crucial dans la création de mondes cinématographiques crédibles et immersifs.
L’avenir du maquillage au cinéma
Bien que les effets numériques prennent une place croissante dans le cinéma moderne, le maquillage traditionnel reste irremplaçable pour créer des effets réalistes et tangibles. Les maquilleurs continuent d’innover, combinant techniques traditionnelles et technologies modernes pour repousser les limites de leur art.
Le maquillage au cinéma est bien plus qu’un simple outil esthétique. C’est une magie qui donne vie aux rêves les plus fous des réalisateurs et qui transporte les spectateurs dans des mondes où tout devient possible. Derrière chaque transformation spectaculaire se cache un artiste, un visionnaire, dont le travail fait vibrer les cœurs et titiller l’imagination.