Le CNC a dû départager quatre films et n’en sélectionner qu’un seul pour défendre les couleurs de la France lors de la cérémonie des Oscars de 2025. C’est la comédie musicale « Emilia Pèrez » qui a été retenue. Déjà couronné à l’issue du Festival de Cannes 2024, ce film signé Jacques Audiard poursuit son ascension outre-Atlantique. Loin de l’image festive et légère des films « chantés » à la « Mamma Mia », il déroule son fil rouge autour d’une histoire de trafic et se tient au milieu des cartels. Porté par une Séléna Gomez plus convaincante que jamais, il a de grandes chances de conquérir le cœur du public et de toucher ce rêve américain. Ce film français, à la croisée des genres, est en très bonne posture pour remporter un Oscar. Voici pourquoi il fait l’unanimité.
Le drame musical « Emilia Pèrez » en route pour les Oscars
Fin du suspense. Après délibération, le CNC a choisi le film français « Emilia Pèrez » pour représenter la France aux Oscars. Il s’est démarqué face à trois autres chefs d’œuvres dont « All we imagine as light », « Miséricorde » et « Le Comte de Monte-Cristo ». Dernière prouesse créative du grand Jacques Audiard, réalisateur à l’origine de « 120 battements par minute », ce film est un savant mélange de style. Il a déjà fait ses preuves au Festival de Cannes en mai dernier. Dépeint comme une comédie musicale noire, il a récolté deux prix lors de cette grand-messe du 7e art. Le public peut désormais le découvrir dans les salles obscures et en saisir toutes les nuances.
Sous son titre « sobre » à l’effigie d’un mystérieux patronyme, ce film est d’une grande richesse narrative. Il séduit sur le fond comme sur la forme. D’ailleurs, difficile de le ranger dans une catégorie bien définie. Cette œuvre est inclassable. D’un tempo entraînant, elle suit Rita, une avocate couverte de diplômes qui trempe dans un milieu trouble. Elle travaille dans un cabinet qui blanchit des criminels et pervertit le sens même du mot « justice ». Sa clientèle se compose essentiellement de malfrats. Mais son quotidien prend un tournant radical lorsque le cartel Manitas fait appel à ses services. Un baron de la drogue souhaite se repentir pour devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.
Ce film français en lice pour les Oscars 2025 est un OVNI cinématographique. Aucun adjectif n’est assez juste pour le qualifier. Le scénario est lunaire et plein de fantaisie. Cette comédie musicale « rafraîchie » n’a rien à voir avec les tableaux musicaux typiques de Broadway. Elle possède un charme unique et un parti pris obscur très marqué. À l’opposé polaire de « La La Land » et « Mary Poppins », il se veut beaucoup plus occulte.
Pourquoi ce film français est bien parti pour briller aux Oscars ?
Il ne faut pas crier victoire trop vite. Ce film français n’est pas encore sûr de faire partie de la liste des nominés aux Oscars. L’Académie des Oscars doit rendre son verdict final le 17 janvier 2025, date à laquelle elle présentera les cinq pays nommés dans la catégorie « meilleur film en langue étrangère ». Cependant, le film « Emilia Pèrez » possède toutes les qualités pour rafler une statuette et accrocher les lumières.
Un réalisateur à succès
Jacques Audiard est un monument du 7e art. Il fait la fierté nationale et redore le blason du cinéma tricolore. Le réalisateur français, réputé pour son répertoire sombre et magnétique, a marqué les esprits avec « Un prophète » et « De rouille et d’os ». Partisan du « pathos », il explore la condition humaine avec une patte onirique qui lui est propre. Il s’intéresse aux luttes intérieures de ses protagonistes et s’attaque à des sujets sensibles.
Ses films ont tous en commun d’avoir une esthétique bien léchée et de questionner le monde d’aujourd’hui. Avec « Emilia Pèrez », il sort quelque peu de sa zone de confort et offre une plongée décalée dans le monde de la drogue. Habitué des créations « hybrides », à la lisière de tous les genres, il s’exerce au jeu périlleux de l’extravagance. Et c’est une franche réussite !
Un casting cinq étoiles
Avec ses têtes d’affiche éblouissantes, ce film français peut aller loin aux Oscars. Il compte un joyeux palmarès de stars du grand écran et de la chanson. Zoe Saldaña quitte son costume azur de la Na’vi Neytiri (Avatar) pour se hisser dans la peau de Rita, héroïne de premier plan. Selena Gomez, elle, troque son micro pour faire valoir son talent d’actrice. Elle campe le rôle de Jessi Del Monte, femme et mère des enfants de Manitas. Et elle crève littéralement l’écran.
Une intrigue qui se vit au son du reggaeton
Le film « Emilia Pèrez » est un délicieux spectacle pour les yeux et les oreilles. Il appelle les hanches à se mouvoir et les pieds à claquer sur le plancher ! Autant vous avertir : vous risquez de vous dandiner sur les sièges du cinéma. Le reggaeton, au cœur de toutes les performances musicales, ajoute un supplément d’âme à ce drame acidulé. Ce genre, qui est le fruit d’une fusion entre le reggae, le hip-hop, le dancehall et la musique latine, entrelace le récit. C’est sur cette bande sonore énergique et entraînante que les protagonistes performent, en habit de circonstance. Certains passages rappellent l’esthétique des clips de l’époque, avec un soupçon de folie en plus. Les chorégraphies sont aussi pertinentes que les dialogues dans leur état brut.
Ce film français aux accents latinos et au style fantasque est bien parti pour les Oscars. Peut-être que la France va enfin obtenir ce titre qui lui échappe depuis 1993… L’an dernier, Anatomie d’une chute n’est pas passé loin.