En France, un.e enfant sur trente est le fruit d’une PMA (Procréation Médicalement Assistée). Mais avant d’arriver à ce dénouement heureux, les couples doivent d’abord se jeter dans un dédale médical escarpé. La quête de parentalité se convertit alors en un inlassable combat, sans certitude d’aboutir. Ces 5 films, à la fois informatifs et touchants, naviguent au cœur de la PMA, sans fard. Des créations nécessaires pour vivre en 60 minutes, ce que des personnes rêvent éternellement.
1 – La Graine
À l’opposé polaire des scénarios alarmistes et suppliants, le film « La Graine » aborde le parcours tortueux de la PMA sous l’angle de l’humour. Un parti pris osé qui fait toute la teneur de cette création rafraîchissante. Le long-métrage, disponible depuis peu sur Amazon Prime, nous propulse aux bras de deux lesbiennes, prêtes à tout pour combler leur désir d’enfant. Incarnées par Marie Papillon et Stacy Martin, les deux protagonistes s’élancent à corps perdu dans un road trip médical complètement lunaire.
En coopération rapprochée avec le Docteur Peters, porté par le talentueux François Damiens, elles partent en quête d’un sperme « viable », de façon plus ou moins légale. Extorsion de sperme, infiltration dans un campus universitaire, chantage d’un boss de clinique… autant de situations improbables et loufoques qui traduisent par ricochet un profond désespoir. Sous sa face déjantée, cette comédie queer ne fait en effet que « grossir » la situation de crise actuellement vécue en France.
Ce film audacieux sur la PMA est une satire « améliorée » de la société et de son immense hypocrisie. Puisque la France est à court de munitions reproductrices, les deux compagnes doivent redoubler d’efforts pour dénicher le saint sperme. Une création qui prêche la dérision pour raconter les désillusions de nombreux couples avec encore plus de résonance.
2 – Une folle envie
Ce film gravite autour de la PMA muni d’un ton enthousiaste et fantasque. Il raconte l’histoire de Yann et Rose, un jeune couple qui décide de laisser la contraception au placard pour enfin goûter aux joies inouïes de la parentalité. Neuf mois plus tard, aucun bébé n’a encore pointé le bout de son nez. Les deux tourtereaux s’en remettent alors à toutes les méthodes possibles et imaginables pour booster leur fertilité.
Leçons de kamasutra, ragoût supposé aphrodisiaque aux « cojones » de taureaux, hypnose et ami.e.s un peu trop avenant.e.s… malgré un optimisme dévorant, Yann et Rose commencent par croire à un vilain sort du destin. Ce désir d’enfant vire alors à l’obsession et va même jusqu’à menacer la solidité du couple, pourtant si complice. Le couple passe du sexe passionné au sexe mécanique et de la fougue aux doutes, refusant de voir cette cruelle vérité en face.
Ce film n’est pas tant sur la PMA, mais plus sur la phase désenchantée qui la précède. L’intimité du couple devient alors « open-bar » et attire les conseils d’un entourage un peu trop intrusif. Un portrait décalé et confidentiel qui perce à jour cet appétit parental insatiable.
3 – À nos enfants
Honnête, profond et colérique, ce film nous absorbe dans la spirale infernale de la PMA avec une voix très familière. Le fil rouge s’enveloppe autour de Tania et Vanessa, un couple lesbien investi avec fureur dans le couloir médical sans fin de la PMA. Après plusieurs tentatives, leur projet de fonder un foyer aimant s’effrite et leurs sentiments se dissipent sur fond de frustrations.
Dans un Rio de Janeiro en ébullition, les deux femmes puisent dans les dernières ressources qui leur restent pour enfin concrétiser cette vie à trois. La relation conflictuelle entre Tania et sa mère se dresse en filigrane comme une énième pièce du puzzle.
Sa mère Vera, qui a résisté à la dictature brésilienne dans les années 70, tient les rênes d’un orphelinat pour enfants séropositifs. En guerre « silencieuse » avec sa fille, elle fustige totalement sa démarche. Selon elle, la PMA est une injure à l’adoption et repousse le sursis des enfants orphelins. Une métaphore scénique brillante qui confronte deux pensées opposées. Vera, retranchée dans ses positions, retranscrit l’hostilité envers la PMA tandis que Tania porte les couleurs du progrès. « À nos enfants » est un film puissant sur la PMA, corroboré par une tension palpable et illimitée.
4 – Baby Mama
Ce film, piqué d’humour et de franchise, plonge la caméra sous l’iceberg de la PMA. Il va au plus près de cet univers médical qui jongle quotidiennement avec la vie. Et les constats sont loin d’être élogieux. Kate, célibataire radicalement carriériste, veut un enfant sans passer par la case mariage, vie commune et tout ce qui s’en suit.
Après plusieurs tentatives avec le sperme d’un donneur, elle s’en remet à la GPA, armée d’une conviction toujours plus communicative. Elle se rend dans un centre spécialisé, où elle croise Angie, son ventre de substitution, refuge de son futur bébé. Cette comédie au langage parfois abrupt épluche en détail un milieu médical rigide, voire décourageant, qui relève plus de l’usine qu’autre chose.
Le médecin de Kate est lui-même culpabilisant et dédaigneux. À chaque visite, il pulvérise un peu plus son moral. Il utilise le prétexte de « l’âge maternel avancé » comme une bombe dissuasive. Entre maladresses et infantilisation permanente, Kate finit par se laisser convaincre que ce bébé n’est peut-être pas une si bonne idée. Un film cru et pénétrant qui fait sortir les stratagèmes médicaux pervers de leurs murs blafards.
5 – Private Life
Ce film ausculte avec finesse la vie privée de Richard et Rachel, un couple quarantenaire qui tente d’avoir un.e enfant malgré la menace de l’âge. Mais leur euphorie se cognera à de nombreux obstacles : Richard n’a pas de spermatozoïdes, les cycles de FIV échouent et l’adoption qu’ils prévoyaient tombe à l’eau au dernier moment. Leur désir d’enfant ébranlé, mais toujours entier, ne tient alors qu’à un fil.
Les ovocytes de Rachel étant impraticables, le couple se tourne alors vers ceux de la nièce de Richard, encore dans la fleur de l’âge. Cette envie immuable d’enfant devient alors une affaire de famille. Chaque membre y va de son petit jugement, entachant tour à tour le bonheur procuré par cette solution providentielle. Ce film vibrant d’émotions décode avec subtilité les multiples facettes de la PMA, tant personnelles que médicales.
Ces films, teintés d’humanisme, donnent une étoffe à la PMA. Même si elle nourrit l’espoir, en contrepartie, elle assèche l’énergie des personnes qui s’y prêtent. Elle demande une endurance mentale sans faille. Ces créations sont donc un savant relai de ce que 10 % des couples traversent dans l’attente la plus atroce qui soit.