Lumière sur deux courts-métrages d’animation pour se mettre dans la peau des personnes porteuses de vitiligo. On estime que cette maladie de l’épiderme touche environ 1 % de la population mondiale, quel que soit le sexe, le type ou la couleur de peau. Elle peut générer de réels complexes dans notre société aux normes de beauté standardisées sur une peau uniforme, blanche et lisse. Heureusement, cette particularité devient de plus en plus une vraie fierté, qui révèle la beauté unique de chacun.e.
SPOT : l’enfance et la transmission
Aria, une petite fille de 8 ans porteuse de la maladie vitiligo, se dessine dans une aventure entourée de girafes tachetées. Sur son visage, elle décide de ne pas marquer ses taches. En le remarquant, son frère la rabaisse. Il lui vole sa peluche girafe pour l’emmener dans le grenier où elle a peur d’entrer. Dans cet espace inquiétant Aria ouvre une porte secrète. Cette étrange découverte qui va lui changer la vie.
Une partie de ce beau court-métrage parle de transmission entre générations. En effet, dans la salle mystérieuse du grenier, Aria découvre des photos de ses ancêtres, entourés de réelles girafes, mais aussi porteurs de vitiligo. Cette image va servir de réconfort et de fierté de son identité. Aussi, le film parle d’amour de soi et d’amour de ce que l’on représente. La jeune fille va aimer ce qu’elle va découvrir, se reconnaître dans ces personnages et ce monde aventureux qui lui ressemble.
SPOT est un court-métrage de fin d’études de la promotion 2020 de l’ECV ANimation Lille. Les réalisateur.trice.s sont Flavien Dubois, Marie Dewulf, Rémi Decavel et Sabrina Dubaele. En somme, ce film est à montrer à vos enfants, qu’iels soient porteur.se.s ou non de vitiligo.
EXUVIE : un témoignage sensible et poétique
Ce film d’animation est un témoignage d’une personne porteuse de vitiligo d’un tout autre style que « SPOT ». Dans celui-ci, Marie-Laure partage son expérience personnelle et sa relation avec cette maladie auto-immune dans un film doux et poétique. Avec l’histoire de cette jeune femme, on découvre entre autres la peur d’être rejetée pour son apparence, et les freins que la maladie lui a implantés notamment dans sa vie amoureuse.
Ce court-métrage intitulé « EXUVIE » et a été réalisé par Antoine François, Ornella Hildevert, Camille Ringuet, Adèle de Girval, Anaïs Crowyn et Ceridwen Bizeul, alors étudiant.e.s de l’école LISAA (L’Institut Supérieur des Arts Appliqués à Paris) en 2019. Antoine François, un des co-réalisateurs, explique à l’association française du Vitiligo l’origine et l’élaboration de son travail :
« À l’origine j’avais envie de parler du corps, de notre relation avec celui-ci et des stigmates qui sont à la fois physiques et psychologiques. (…) Ma copine m’a parlé d’une de ses proches qui a du vitiligo et j’ai été intrigué par cette maladie, son caractère changeant et la notion de « mouvement » qui appelait l’animation. À partir de là, j’ai commencé à faire des recherches et j’ai rencontré Marie-Laure qui m’a parlé de son histoire »
Un travail technique pour la texture
Très touché par son vécu, il dit alors avoir essayé d’être au plus proche de ce qu’elle leur avait confié. Les élèves ont alors construit le film autour de son témoignage, « avec une volonté de nourrir le son par l’image et ne pas se contenter d’illustrer ce qui était dit ». La technique derrière le film est aussi impressionnante. Les étudiant.e.s ont travaillé la texture de l’image, en mélangeant des techniques traditionnelles comme le papier gratté « afin de rappeler le grain de la peau grâce au papier », avec l’encre et le dessin digital.
« L’encre était un choix tout désigné, car mélangée avec de l’eau, elle produit des « taches » qu’il est difficile de maîtriser, chaque forme est unique et j’aimais cette idée, puisque c’est aussi une des caractéristiques du vitiligo », ajoute Antoine
Bref, mieux vaut vous faire une idée par vous-même de la beauté de ce film :
L’animation a souvent le pouvoir de nous transporter dans des univers fantastiques, mais elle a aussi la capacité unique de nous faire voir le monde sous un angle nouveau. Ces œuvres ne se contentent pas de décrire la réalité du vitiligo, elles la transcendent. Des films émouvants et doux, à voir et à partager !