Souvent pointés du doigt et accusés de tous les maux de la société, les migrants trouvent une animosité injustifiée là où ils venaient chercher la paix. Qu’ils souhaitent échapper à la guerre ou aux catastrophes climatiques, ils sont tous unis par ce désir commun d’une vie meilleure. Mis en avant seulement lors d’événements dramatiques tels que les naufrages, ils souffrent d’une mauvaise image. Voici donc 6 films percutants où les migrants se racontent à la première personne du singulier.
Welcome
Ce film pose les projecteurs à Calais, ville réputée pour sa dentelle mais aussi pour son balais incessant de réfugiés, à la quête de la Grande Bretagne. Beaucoup perdent la vie dans les eaux troubles et agités de la Manche, noyés avec leurs espoirs d’un avenir meilleur. Cette réalité crue, « Welcome » l’illustre brillamment à travers un récit accrocheur et adroit. L’histoire gravite autour de Bilal, un adolescent kurde qui a fui Mossoul, sa terre natale rongée par les bombes et qui cherche désormais à retrouver celle qui fait battre son cœur, exilée à Londres.
Pour rejoindre sa dulcinée de l’autre côté de la Manche sans se faire repérer, il décide de traverser les 50 km qui le séparent de sa destination finale à la nage. Simon, maître nageur à la piscine municipale de la ville, s’investit, lui aussi, dans cette traversée à haut risque. Il lui apprend les bases du crawl et le prépare à ce rude périple qui peut lui être fatal. Une initiative salutaire qui n’est en fait qu’une façade. Si ce petit bourgeois tend sa main à ce jeune homme au parcours tortueux, c’est surtout pour reconquérir sa femme, engagée dans une association en faveur des migrants. Mais une alchimie va naître entre les deux hommes, nourrie par ce combat commun de regagner le cœur de leur belle. C’est un des films les plus prodigieux sur les migrants.
Les Nageuses
Parmi les films qui mettent à l’honneur les migrants et leur force d’âme, celui-ci narre l’histoire vraie de deux sœurs syriennes qui ont réussi à passer de l’enfer de la guerre à la réussite. Un itinéraire inspirant que « Les Nageuses » rembobine avec finesse. Le film s’inspire d’ailleurs de la biographie écrite par l’une d’elle, Yusra Mardini. Dans leur pays, miné par la guerre civile, les deux sœurs, unies comme les deux doigts de la main, excellent dans les grands bassins. Un don hérité de leur père, devenu leur entraîneur et leur fan numéro un.
Pour elles, la piscine est une deuxième maison, un refuge. Cependant, difficile pour les deux sœurs de se projeter dans un pays défiguré et sans avenir. Pour espérer un jour atteindre les podiums des plus grandes compétitions, elles prennent une décision déchirante : quitter leur famille et rejoindre l’Allemagne. C’est le début d’un long voyage semé d’embûches. Les sœurs frôlent la mort de nombreuses fois, enjambent la mer Égée dans une embarcation de fortune bondée et se heurtent à une méfiance générale sur leur terre d’accueil. Mais à force de persévérance, Yusra, l’aînée, décroche son sésame pour concourir lors des JO de Rio. Une belle revanche sur la vie.
Les Survivants
Dépeint comme un « western contemporain », ce film ne se tient pas sur la terre aride de Californie mais dans la neige immaculée des Alpes italiennes. C’est dans ces paysages généreusement saupoudrés que Samuel part s’isoler. L’homme, qui vient tout juste de perdre sa femme, a besoin de se retirer de la vie civilisée pour faire son deuil. Cependant, il ne va pas rester seul très longtemps. Une locataire clandestine occupe déjà son chalet rustique, piégée par la neige.
Il s’agit d’une afghane que les garde-frontières traquent à grand renfort de drones et d’engins technologiques. Samuel, un peu bourru de prime abord, s’attache à cette jeune femme et se donne pour mission de la « couvrir » pour qu’elle puisse atteindre la France, tapie dans les sentiers en altitude. Malgré les risques, l’homme veuf ne peut pas rester les bras croisés. Une course poursuite sournoise s’opère alors avec les garde-frontières, dont la froideur fait presque concurrence à la température extérieure. Parmi les films qui brossent le quotidien âpre des migrants, celui-ci illustre l’épaisse couche de givre qui enveloppe le cœur de certains humains…
Moi Capitaine
Seydou et Moussa, deux cousins Sénégalais, sont las de leur vie de misère et aspirent à un futur plus prometteur. Ensemble, ils s’élancent dans un voyage tortueux en direction de l’Europe, contrée de tous les possibles. Mais cette excursion prend l’allure d’une épreuve de survie. Les cousins traversent d’abord le désert du Sahara, semblable à un cimetière. Les dunes sont jonchées de corps, certainement condamnés par la soif et l’effort surhumain. Ils se font ensuite rattraper par les geôles libyennes, impitoyables avec les migrants.
Leur chemin se sépare lors de cette « capture » surprise mais se recroise miraculeusement par la suite. Enfin arrive le moment fatidique : la traversée de la Méditerranée sur un bateau de fortune. Seydou est nommé capitaine contre son gré. Des centaines de vie reposent alors sur lui. Mais il n’a pas le choix. Va-t-il parvenir à mener la barre et à amerrir sur cet Eldorado ? « Moi Capitaine » fait partie de ces films qui nous hissent dans la peau des migrants, sur les routes de la délivrance.
La Tête Froide
L’intrigue de cette fiction se déroule dans les Alpes enneigées, au plus fort de l’hiver. Elle s’enveloppe autour de Marie, 45 ans, une femme de caractère qui se fait de l’argent facile en trafiquant des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie. Un business parallèle fructueux qu’elle mène sereinement grâce à son amant, policier aux frontières.
Un soir, après une négociation, elle manque de percuter un homme sur la route, figée par le verglas. Souleymane, jeune réfugié, se présente à elle et lui demande une faveur. Cette rencontre marque un tournant dans sa vie. Elle ne se charge plus seulement de faire transiter des paquets de cigarettes mais aussi des migrants, déchirés entre la peur et l’optimisme. Une mission bien plus périlleuse qu’elle ne l’imagine.
D’abord, ils ont tué mon père
Ce film est écrit d’une main de maître par une femme que vous connaissez davantage pour ses rôles badass que pour ses talents de réalisatrice. C’est la brillante Angelina Jolie qui est l’auteure de ce récit visuel frappant, inspiré des mémoires de l’activiste américano-cambodgienne Loung Ung. L’histoire débute dans un foyer familial bien loti et chargé d’amour. Elle se focalise sur Loung Ung, fille d’un père haut placé, investi dans les rouages du gouvernement cambodgien.
Mais lorsque l’armée des Khmers Rouges s’empare du pays, sa famille se retrouve menacée. La transition est brutale. Son père, devenu la « bête à abattre », décide de fuir avec toute sa famille sans vraiment savoir où aller. La famille se retrouve alors dispersée dans des camps de travail, loin les uns des autres. Loung Ung, quasiment orpheline, finit par intégrer un camp pour devenir enfant soldat et venger les siens. Ce long-métrage est un des rares films à se consacrer aux migrants cambodgiens, victimes d’un régime autoritaire massacrant.
Ces films qui explorent les coulisses de la vie des migrants sont d’utilité publique. Ils s’attèlent à résorber tous les clichés qui s’apposent trop souvent les réfugiés. Beaucoup perdent la vie en voulant sortir de l’enfer. Pour cultiver votre tolérance, regardez aussi ces films qui se soulèvent contre le racisme.