Les débats sur la fin de vie, qui étaient sur le point d’aboutir sur des annonces concrètes et positives, ont été mis en stand-by à l’Assemblée Nationale. Mais ils restent intemporels. Certaines œuvres cinématographiques s’attaquent d’ailleurs à ce sujet délicat du dernier soupir, tantôt naturel, tantôt forcé. Elles immortalisent ce douloureux passage de l’autre côté, parfois nécessaire pour abréger la souffrance d’un cancer incurable ou d’une pathologie sans issue. Ces films, qui capturent la fin de vie, sensibilisent adroitement le public à ces adieux, trop souvent controversés. Intimistes et touchants, ils se regardent le cœur serré, les yeux mouillés et les poils dressés.
De son vivant
Parmi les films les plus retentissants sur la fin de vie, « De son vivant » fait exception. Présenté au Festival de Cannes en 2021, il brosse un portrait de famille un peu fissuré. Un fils, campé par le talentueux Benoît Magimel, est assiégé par une maladie qui le détruit à petit feu. Dans le déni, il refuse de voir la réalité en face et fait comme si de rien n’était. Pourtant, son existence est en sursis. Sa mère, incarnée par une Catherine Deneuve sensible et bouleversante, se retrouve totalement démunie face au destin tragique de son enfant.
Le duo, bien qu’en tension, se retrouve finalement soudé dans le chaos. L’équipe médicale, qui prend de plus en plus de place dans leur quotidien, vient tempérer leur relation et y insuffler une belle fraîcheur. Ce film, signé Emmanuelle Bercot, dépeint une situation injuste où l’enfant devance son parent dans l’au-delà. C’est un hymne à la résilience.
Tout s’est bien passé
Les films sur la fin de vie ne sont pas tous moroses et lourds à regarder. En témoigne le script de « Tout s’est bien passé », une comédie dramatique qui traite le sujet avec une rare légèreté et des notes d’humour bien amenées. Elle gravite autour d’Emmanuelle, une romancière à succès à qui tout semble sourire. Incarnée par Sophie Marceau, actrice préférée des Français.es, elle a une carrière foisonnante, une vie privée stable et un métier passion qui la fait vibrer de jour en jour. Mais elle redescend brutalement de son petit nuage lorsqu’elle reçoit un coup de fil des urgences.
Son papa, André, âgé de 85 ans, est dans un état critique. Il vient de faire un accident vasculaire cérébral, une attaque dont il ne sortira pas indemne. La moitié de son visage est paralysée, ses fonctions cognitives sont défectueuses et le moindre effort lui coûte. L’aîné, qui n’a pas perdu la raison, refuse de finir ses jours entouré de blouses blanches. Il demande alors l’impossible à sa fille : l’aider à mourir. Un long parcours du combattant s’amorce alors pour qu’il puisse fermer les paupières éternellement. Une œuvre qui remue et éduque en même temps.
Blackbird
Parmi les films sur la fin de vie, « Blackbird » ne passe pas par quatre chemins et aborde ce décollage accéléré vers le paradis frontalement. Lily et son mari Paul invitent leurs enfants et petits-enfants dans leur maison de campagne reculée pour passer un week-end tous ensemble. Mais ces retrouvailles n’ont rien d’une réunion de famille classique et prennent une tournure assez fataliste. Les trois générations se retrouvent sous le même toit à devoir trouver une solution viable pour faire partir Lily plus vite.
La matriarche souffre d’une maladie dégénérative irrémédiable, qui prend peu à peu possession de son corps. Elle ne veut pas subir ses derniers jours. Elle souhaite quitter les siens dignement, en ayant recours au suicide assisté. Une décision jugée trop « radicale » par certains de ses enfants, qui, eux, veulent garder leur mère le plus longtemps possible. Rapidement, les tensions éclatent et les vérités sortent. Au lieu de profiter de la présence de leur mère avant de l’envoyer au ciel, les enfants se déchirent, au grand désespoir de la principale concernée.
Quelques heures de printemps
Après avoir purgé sa peine pour trafic de drogue, Alain, 48 ans, est enfin libre, du moins en apparence. Sans domicile et sans emploi, il n’a nulle part où aller. Il se résout alors à retourner vivre chez sa mère, Yvette, mais il ne le fait pas de gaieté de cœur. Loin de ressembler à un foyer familial réconfortant, cette maison lui sert plutôt de « pied à terre ». Elle abrite encore les vieux souvenirs crasses du passé.
D’ailleurs, la mère et son fils sont comme deux étrangers. Ils ne s’adressent presque pas la parole et mènent leur quotidien chacun de leur côté. Même si Alain ne manifeste pas d’intérêt pour sa mère, il a un petit pincement lorsqu’il découvre qu’elle est atteinte d’une maladie terminale. Yvette, consciente de sa santé décadente, s’est embarquée dans les procédures pour se faire euthanasier en Suisse. Alain met alors sa rancœur sous cloche pour accompagner sa maman aux portes du paradis. C’est l’un des films les plus percutants et confidentiels sur la fin de vie.
Le prochain voyage
Line Renaud, ambassadrice de la fin de vie et fervente défenseuse d’une mort digne, s’est esquissée comme une évidence pour occuper le premier rôle de ce film empreint de poésie. Cette œuvre s’inspire d’une affaire réelle qui a secoué la France entière en 2013. Elle raconte l’histoire à la fois sombre et romantique d’un couple d’aînés rebaptisé « les Amants du Lutetia ». Line Renaud prête ses traits à Jacqueline, condamnée par un cancer incurable tandis que Jean Saurel se hisse dans la peau de Richard, envahi par la maladie d’Alzheimer.
Les deux époux, qui se sont promis l’amour éternel, réservent une chambre dans le prestigieux palace parisien le Lutetia, lieu où ils se sont effeuillés 65 ans plus tôt. Cette suite qui a vu naître leurs premiers émois amoureux verra aussi leur étreinte finale. C’est entre ses murs que les deux âmes sœurs ont décidé de s’abandonner à la mort, main dans la main. Parmi les films sur la fin de vie, celui-ci montre une réalité crue : celle de « l’homicide partagé ».
Un beau matin
Le film raconte met en vedette de Sandra, une jeune mère célibataire qui vit à Paris avec sa fille, qu’elle élève seule. Jouée par l’inimitable Léa Seydoux, Sandra travaille comme traductrice et mène une vie apparemment ordinaire. Mais son père, un homme érudit qui a consacré toute sa vie à ses loisirs intellectuels, est en proie à une maladie dégénérative.
Une pathologie qui empiète sur ses précieuses connaissances, durement acquises. Sandra, elle, le prend en charge, le nourrit à la cuillère, le couche… elle devient, à son tour, le parent de son parent. Mais elle ne peut pas tout assumer. Elle fait alors face à un dilemme : sacrifier sa vie personnelle pour s’occuper de son père ou le mettre en Ehpads ?
Ces films, qui braquent les projecteurs sur la fin de vie, résonnent fort dans les esprits et suscitent de vives émotions. Ils encouragent aussi à la réflexion. Ils devraient être projetés sur les murs de l’Assemblée, ce sont des arguments à eux seuls.