Pendant longtemps, la pop culture a posé un brouillard épais sur la notion de consentement. De nombreuses créations l’ont même totalement rayée du paysage en érigeant le placage contre le mur et le baiser volé en actes hautement romantiques. Il a fallu attendre la vague #MeToo pour que le cinéma s’attèle à le dépeindre plus frontalement. Au nom du respect mutuel et par mesure « éducative », voici 5 films et séries qui dissèquent adroitement le consentement.
Le Consentement
Parmi les films et séries qui traitent le consentement, celui-ci est le plus franc. Adapté du livre retentissant de Vanessa Springora, ce film esquisse avec une justesse criante l’emprise d’un célèbre romancier sur une adolescente. Fraîchement arrivée dans la cour du lycée, la jeune et pétillante Vanessa devient rapidement la proie d’un écrivain parisien à la petite renommée. L’homme, qui a presque quatre fois son âge, est un narcissique fini qui se complait dans les soirées mondaines. Maître de la manipulation, il profite de son statut « public » pour se mettre l’adolescente dans sa poche et en faire son pantin.
La jeune fille qui a grandi sans l’ombre d’un père tombe dans ce filet inextricable malgré elle. L’écrivain exerce alors une autorité subtile sur elle. Il lui sort la carte de l’amour, la convie à des événements et se joue de son éloquence pour brouiller les frontières du « raisonnable » et de « l’interdit ». Des années durant, Vanessa est sous le joug de cet homme qui prend le soin de maquiller ses intentions perverses.
L’auteur utilise la candeur d’une ado pour enrichir son égo et abuse d’elle en prônant la normalité de « l’amour ». Un film sensible qui confronte les spectateur.ice.s à une réalité crue régulièrement vécue à huis clos. Cette histoire biographique déroulée sur grand écran fait écho au vécu traumatique de Vanessa Springora, retenue entre les tentacules de Gabriel Matzneff.
Les choses humaines
Les films et séries qui saisissent sans détour la notion de consentement sont souvent reliés à des œuvres littéraires à forte détonation. Avant de se projeter sur les écrans, « Les choses humaines » est ainsi avant tout un livre, écrit pour bousculer la société et brosser une affaire de viol survenue au campus de Stanford. Ce roman de Karin Tuil est tellement habile et révélateur qu’il a d’ailleurs reçu le prix Goncourt des lycéens en 2019.
Adapté au cinéma sous le regard clairvoyant de Yvan Attal, le film éponyme raconte une agression sexuelle sans témoins où deux versions se confrontent. Il gravite autour d’une famille d’influence où chaque membre a une réputation à tenir. Une notoriété mise à mal lorsque, Alexandre, fils de ces deux figures médiatiques parisiennes, est accusé de viol par la fille du nouveau copain de sa mère.
L’affaire prend des proportions hors normes et les parents n’hésitent pas à renoncer à leur principe pour sauver la peau de leur fils. Dans un climat juridique moite et anxiogène, la victime, elle, peine à faire valoir la véracité de ses propos. La Cour semble même prendre parti pour l’agresseur. Ce film aux multiples facettes navigue dans les zones grises du consentement, celles qui font l’impunité des violeurs.
Promising young women
Cassie travaille dans un coffee-shop « ultra branché ». Un job de dépannage qui ne la ravit pas vraiment. Elle s’efforce à faire des collines de cupcakes et à servir des cafés « améliorés » avec un sourire faussé. Mais la nuit, elle endosse un rôle bien moins soporifique. Elle s’attèle à coincer les hommes qui ont le chibre « baladeur ». Son mode opératoire est toujours le même. Elle fait mine d’être alcoolisée et à chaque fois, un homme accourt la bave sous la bouche pour profiter de ce corps féminin « amorphes ». Mais dès que ces prédateurs ouvrent la braguette, Cassie change de ton et amorce une vengeance glaciale.
Contrairement à beaucoup de films et séries qui glamourisent l’absence de consentement, celui-ci le dénonce de manière effrontée et volontairement grotesque. Il s’éloigne également de l’image de l’agresseur obsédé insatiable de chair défendue. Ici, ce sont des hommes tout à fait ordinaires qui sautent sur Cassie. Un film percutant qui peut tout de même perturber par sa lecture excentrique de la culture du viol.
Five years
Les films et séries qui décortiquent le consentement agissent tous comme un électrochoc. Ces créations montrent des vérités que la société retient constamment. C’est le cas de « Five Years ». Cette série tchèque diffusée sur la plateforme Arte esquisse tous les flous qui entourent cette notion, pourtant cruciale dans la sexualité. Pendant une soirée étudiante, Tereza fait des avances à Pavlina mais la jeune femme n’est pas réceptive. Pour panser son chagrin et purger sa déception, Tereza file dans les bras de David.
Quelques années plus tard, elle recroise la route du garçon et tous les détails de la soirée lui remontent à la tête. C’est à ce moment précis qu’elle se rappelle : elle a subi un viol. Mais de son côté, David nie en bloc. Là aussi, deux paroles se font face. Bien loin de verser dans les clichés, cette série glisse le public dans la peau des deux protagonistes pour ouvrir le champ de vision. Un parti-pris intelligent qui permet de comprendre toute l’ambivalence du consentement.
Speak
Parmi les films et séries sur le consentement, celui-ci a une résonance multiple. Melinda Sordino entame ses premiers pas au lycée. Contrairement à ses camarades qui sont quasiment tous d’humeur euphorique, l’adolescente, incarnée par Kristen Stewart est quasi fantomatique. Une transition radicale avec la jeune fille pétillante qu’elle était avant. Depuis la soirée d’intégration, elle semble arborer un fil invisible sur la bouche et porter le poids d’un lourd secret. Pendant cette fête de bienvenue, elle a subi un viol d’un garçon, qui a pris sa gentillesse pour un marqueur de désir.
Après cet acte acerbe, elle s’est empressée d’appeler la police. Mais une fois les forces de l’ordre débarquées, elle a pris la fuite. Pour ne pas entacher sa réputation scolaire, elle a préféré ravaler cet événement traumatisant quitte à en souffrir éternellement. Cette création pointe un milieu scolaire toxique où les adolescents entretiennent un « tableau de chasse » et surpassent le consentement pour le combler.
Ces films et séries qui approfondissent le consentement s’inscrivent fermement dans la lutte contre les violences sexuelles. Pour raconter cette notion avec un script plus simple et moins cru, il existe également une pléiade de livres pour enfant qui portent sur le consentement.