5 films de Sofia Coppola pour se laisser happer par son œuvre

La célèbre réalisatrice américaine revient avec son huitième long-métrage : « Priscilla ». Si son talent et sa poésie ne sont plus à prouver, c’est parce qu’elle ne cesse de charmer le public avec ses sujets phares. En images, elle dépeint des personnages féminins solitaires, assoiffés d’individualité avec la faim viscérale d’être vu plutôt que regardé. Des univers pop présentés de façon vaporeuse et accompagnés de bandes-sons éthérées qui marquent… c’est bien le travail de la cinéaste. Voici donc 5 films de Sofia Coppola pour vous laisser happer par son œuvre.

Priscilla (2023)

Adapté de l’autobiographie « Elvis et moi » de Priscilla Presley, le film revient sur la relation entre le chanteur et acteur Elvis Presley et Priscilla Beaulieu. Dans cette nouvelle création, Sofia Coppola s’applique encore une fois à rendre ses lettres de noblesse à une femme éclipsée par la lumière de son époux.

Le récit se concentre sur les débuts de la relation entre le King et la jeune femme. Elle n’a alors que 14 ans, lui 24. Ces personnages emblématiques sont campés par Cailee Spaeny et Jacob Elordi. Deux acteur.rice.s de talent qui nous subjuguent du début à la fin.

Des sujets chers à Sofia Coppola

Sofia Coppola retourne à des sujets qui lui sont chers. Elle met en scène l’histoire d’une icône à qui le libre arbitre et les sentiments ont facilement été retirés. Elle travaille une nouvelle fois la présentation d’une femme, objet de fascination, prisonnière d’une cage dorée que l’ennui habite.

Des critiques de cinéma y voient alors la présentation des dynamiques de pouvoir exercées sur les jeunes filles. « Les amis d’Elvis – des hommes – sont un groupe bruyant et interchangeable sans autre identité que d’être ses sbires. Un groupe dans lequel Priscilla est de trop et qui est une démonstration de l’emprise et de la solidarité masculine », expliquait sur Instagram Alexane Nylon, diplômée de recherche en cinéma à l’IECA – Université de Lorraine.

Une nouvelle présentation du personnage public

Sans pour autant faire le procès du King, Sofia Coppola créé de la nuance concernant cette figure emblématique qu’il est difficile de toucher. « J’ai vraiment voulu le montrer à travers ses yeux à elle, en essayant de l’approcher avec sensibilité. (…) Leur relation était complexe et je voulais raconter, pour elle, à cet âge-là, ce que c’était que devoir grandir et trouver son identité, en vivant avec une personnalité dont le contrôle empiétait sur la vie privée », commentait-elle.

C’est donc un an après la sortie du biopic « Elvis » de Baz Luhrmann (2022) que Sofia Coppola s’empare du sujet pour y mettre son regard de femme artiste.

Les Proies (2017)

Avec « Les Proies », Sofia Coppola revenait au genre historique. Revendiqué comme une adaptation du roman éponyme de Thomas P. Cullinan, ce film s’offre une nouvelle fois un casting de haut niveau. Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst, comédienne iconique de l’œuvre de la réalisatrice.

Pendant la guerre de Sécession, un soldat nordiste est recueilli par un groupe de jeunes filles dans leur pensionnat sudiste. L’homme trouble l’ordre établi. Il vient alors percer l’ennui de la communauté dont les questions et les envies sont instinctivement réprimées. Ce soldat, tel un loup dans la bergerie, devient la source de tensions, de rivalités et de fantasmes.

Cette comédie macabre s’articule autour de la façon dont le désir peut devenir un levier de manipulation. Il fait également la part belle aux parties cachées de nos personnalités.

Marie-Antoinette (2006)

Œuvre emblématique de Sofia Coppola, avec « Marie-Antoinette » la cinéaste s’empare encore une fois de l’éternel sujet de « femme de ». Cette réécriture de l’histoire de la reine déchue présente une très jeune femme dont la voix ne compte que lorsque ses mots déplaisent. La monarque d’origine autrichienne, à 14 ans, est mariée au futur roi Louis XVI. Elle se voit alors changer drastiquement de vie. Elle y rencontre la froideur et la défiance de la monarchie française.

Interprétée par Kirsten Dunst, Marie-Antoinette évolue dans un Versailles aux couleurs pastel et à l’univers pop. Primé de l’Oscar de la meilleure création de costumes, ce film annule le rôle de sorcière que l’on aime prêter à cette figure historique. Ce film rappelle également les liens étroits que Sofia Coppola entretient avec la France, où elle réside.

Lost in Translation (2003)

À Tokyo, Charlotte et Bob se rencontrent par hasard. L’un est un acteur désabusé dont le mariage tombe en lambeaux, l’autre accompagne son mari photographe qui n’est jamais là. Aucun.e ne se fait au décalage horaire, seul.e dans ce paysage japonais dépaysant et fascinant.

Sur le classique « Alone in Kyoto » de Air, Scarlett Johansson et Bill Murray déambulent dans l’hôtel comme dans la ville. Iels sont à la recherche de sens. La mise en scène épurée et émouvante traduit un temps qui passe irrémédiablement, même sans en donner l’impression. Ode aux rencontres fortuites, à leurs secrets et à leur importance sur une durée impartie, « Lost in Translation » est l’un des films de Sofia Coppola qui transperce et ne laisse pas indifférent.e.

Virgin Suicides (1999)

« Virgin Suicides » est le premier long-métrage de Sofia Coppola. Adaptation au cinéma du roman éponyme de Jeffrey Eugenides, ce film assoit le talent et la légitimité de la réalisatrice. En effet, on lui reproche facilement son statut de « fille de ».

La bande-son est, déjà en 1999, signée par le groupe versaillais Air avec lequel la réalisatrice entretiendra d’importants liens. L’histoire est celle des cinq sœurs Lisbon dans une banlieue bourgeoise américaine des années 70. Le narrateur est l’un des garçons du quartier. Ces sœurs sont elles aussi prisonnières d’une cage dorée : le regard masculin.

L’origine des motifs récurrents de Sofia Coppola ? Sûrement puisqu’elle y présente une sororité sous cloche qui semble crier sans bruit. L’envie d’évasion et d’individualité jalonne les parcours des sœurs avant leur geste final, le dernier grand saut vers la liberté tant convoitée.

Les films de Sofia Coppola nous emportent dans le labyrinthe du point de vue féminin. Elle nous raconte la soif d’être vue et reconnue. Elle parle du besoin de briser les chaînes scintillantes – et ce à tout prix.

Faustine Moulin
Faustine Moulin
Formée en radio, j'ai fait mes classes à base de chroniques et interviews concernant la scène musicale et autres sujets plus niches les uns que les autres. Rédactrice passionnée et extravertie qui aime rentrer chez elle à la fin de la journée, je cherche l'intérêt dans tous les sujets.
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