Sortie en 2021 sur Netflix, la première saison de Ginny & Georgia a fait fureur. C’est donc sans surprise que la rĂ©cente seconde saison, très attendue, a explosĂ© les compteurs Ă son tour. Ginny & Georgia est une sĂ©rie pĂ©tillante et surtout engagĂ©e, qui aborde des sujets de sociĂ©tĂ© importants avec humour et Ă©motion. Voici 5 bonnes raisons de vous plonger dans cette touchante histoire de famille et d’amitiĂ©.Â
1 – Un synopsis allĂ©chant
CrĂ©Ă©e par Sarah Lampert, Ginny & Georgia suit la relation peu conventionnelle d’une adolescente, Ginny (Antonia Gentry), et de sa mère, Georgia (Brianne Howey). Ce duo fonctionne sur une complicitĂ© spĂ©ciale, abreuvĂ©e par le peu d’annĂ©es qui les sĂ©pare. En effet, Georgia est devenue mère Ă 15 ans. Ginny est une adolescente très sĂ©rieuse, timide et engagĂ©e, notamment contre le racisme, Ă©tant elle-mĂŞme mĂ©tisse. Georgia quant Ă elle, est une belle femme pĂ©tillante et extravertie, mais ternie par un lourd passĂ©. MĂŞme si tout les oppose, la mère et sa fille sont liĂ©es par un amour inconditionnel.
Après des annĂ©es de vadrouille, Georgia dĂ©cide de s’Ă©tablir Ă Wellsbury (Massachusetts) pour offrir Ă Ginny et Austin (Diesel La Torraca), son fils issu d’une autre union, un peu de stabilitĂ©. Toute la famille va devoir s’adapter Ă cette nouvelle vie. Ginny dĂ©couvre le tourment de la vie lycĂ©enne et Georgia tâche de s’intĂ©grer dans une sociĂ©tĂ© dont elle casse tous les codes.
2 – Une sĂ©rie qui aborde justement le sujet du racisme
La première saison se construit sur un fond de dĂ©nonciation du racisme. Le sujet est abordĂ© dès le dĂ©but lorsque Ginny indique qu’il n’y a que sept Ă©lèves noir.e.s dans son lycĂ©e. Elle est elle-mĂŞme mĂ©tisse puisque sa mère est blanche et son père, Zion (Nathan Mitchell), est noir. Le sujet du racisme est abordĂ© progressivement.
D’abord, la jeune fille parle de la difficultĂ© de se faire coiffer les cheveux frisĂ©s par quelqu’un qui n’y connaĂ®t rien. Ensuite, elle est la seule de son groupe d’amies (toutes blanches) Ă ĂŞtre interpellĂ©e pour vol dans une boutique. Enfin, Ginny ressent une forme de racisme de la part de son professeur. Elle essaie de sensibiliser sa classe en pointant du doigt le fait que les lectures obligatoires dans ce cours ignorent les problĂ©matiques sexistes et racistes.
La jeune fille exprime aussi la difficultĂ© ressentie d’ĂŞtre mĂ©tisse, elle se sent « entre deux cases ». Cela donne la parole Ă son ami Hunter qui est mĂ©tissĂ© asiatique. Lors d’une dispute, il explique Ă Ginny que lui aussi est victime de racisme. Cette forme de discrimination raciale est souvent mise au rebut alors qu’elle est très prĂ©gnante dans notre sociĂ©tĂ©. Par ailleurs, deux personnages d’origine indienne sont reprĂ©sentĂ©s (Joe et Padma – Raymond et Rebecca Ablack) et l’une des amies de Ginny, Norah (Chelsea Clark), a Ă©tĂ© adoptĂ©e et est d’origine asiatique.
3 – Une sĂ©rie fĂ©ministe
À lire le scĂ©nario, on pourrait croire Ă une rĂ©interprĂ©tation de Gilmore Girls : l’histoire d’une mère extravertie et sa fille brillante, une grossesse adolescente, une petite ville amĂ©ricaine… En vĂ©ritĂ©, il n’en est rien. Si Ginny & Georgia rit parfois de ce lien, la sĂ©rie ne reprend rien du cĂ´tĂ© feel-good de sa prĂ©dĂ©cesseure. Notre duo prĂ©sente un aspect plus obscur avec un passĂ© sombre pour la mère, une vie de nomade en fuite, des crimes toujours plus inquiĂ©tants et des violences domestiques.
En effet, dans Ginny & Georgia, Netflix ose aborder et dĂ©noncer ces actes gĂ©nĂ©ralement portĂ©s Ă l’encontre des femmes. Le fĂ©minisme est constitutif de la sĂ©rie. Nous l’avons vu, dès le dĂ©but, Ginny prend position dans son cours de littĂ©rature. Quant Ă Georgia, sa beautĂ© fait fondre tous les hommes qui croisent son chemin. Loin de l’envie d’ĂŞtre rĂ©duite Ă son physique, elle Ă©volue dans un monde masculin en servant de sa beautĂ©, mais surtout de son intelligence. Les figures Ă©minentes de cette sĂ©rie sont des femmes. La lumière est mise sur leurs combats sans pour autant tomber dans une critique triviale des hommes.
4 – Ginny & Georgia, une sĂ©rie inclusive
En plus de dĂ©noncer les discriminations raciales et sexistes, Ginny & Georgia pose la question du handicap. Elle montre Ă l’Ă©cran Clint (Chris Kenopic), voisin de la famille Miller, qui est sourd-muet.
Du cĂ´tĂ© des minoritĂ©s sexuelles, la meilleure amie de Georgia, Maxine (Sara Waisglass), est lesbienne et entretient une relation amoureuse avec une jeune femme, Sophie (Humberly González). Cette dernière reprĂ©sente une double minoritĂ© puisqu’elle est hispanique. Enfin, l’assistant du maire, Nick (Dan Beirne) est homosexuel et se travestit parfois.
5 – Les problèmes mentaux chez les ados exposĂ©s
D’aucuns trouvaient que la première saison Ă©tait trop lĂ©gère, voire naĂŻve. Pourtant, celle-ci nous montrait le combat d’une jeune fille contre l’anorexie. Nous avions dĂ©couvert que Ginny s’auto-mutilait. HĂ©las, le sujet n’Ă©tait qu’Ă©voquĂ© et pas dĂ©veloppĂ©, de mĂŞme que le mal-ĂŞtre adolescent. Il semblerait que la saison deux ait pris Ă bras-le-corps ces reproches.
Cette dernière aborde plus profondément les problèmes mentaux chez les jeunes (dépression, auto-mutilation, crises d’angoisse et anorexie). La jeune fille explore la découverte du soi, en dehors du spectre parental. Nous assistons aussi la descente aux enfers de son petit ami Marcus (Felix Mallard), victime de dépressions chroniques.
Le gĂ©nĂ©rique des Ă©pisodes concernĂ©s montre d’ailleurs le numĂ©ro d’une hotline amĂ©ricaine dĂ©diĂ©e. Un message de prĂ©vention est apposĂ© au dĂ©but, dĂ©conseillant la sĂ©rie aux moins de 16 ans. Ginny & Georgia a donc la facultĂ© de reprĂ©senter de manière très rĂ©aliste les relations entre lycĂ©en.ne.s. La sĂ©rie n’oublie pas non plus d’intĂ©grer subtilement la place des rĂ©seaux sociaux dans nos vies.
La sĂ©rie Ginny & Georgia explore des sujets aussi profonds qu’importants. Cela dit, la pesanteur de ces derniers est contrastĂ©e par une photographie colorĂ©e, des musiques entrainantes et des dĂ©cors lĂ©gers. Cela permet Ă Netflix de toucher un large public avec justesse et bienveillance.