Harcèlement scolaire, agressions, viols… : 8 séries qui en parlent avec justesse

D’après une étude éclairante menée par Harris Interactive pour l’Observatoire Cetelem, 92 % des Français·es déclarent regarder des séries quotidiennement. Pour cause, ces perles audiovisuelles qui se déclinent sur plusieurs épisodes nous tiennent véritablement en haleine. Entre les thrillers psychologiques, les comédies dramatiques inspirées de faits réels ou les feuilletons féministes à suspense… les genres s’étoffent. Le temps des sitcoms loufoques sans fonds semble révolu.

Désormais, les séries transpirent de véracité. Une pléiade de créations s’attaque d’ailleurs à des thèmes délicats faisant écho à une actualité brûlante. La caméra pénètre dans l’intimité âpre d’individus tourmentés, foudroyés par des traumatismes indélébiles. Harcèlement scolaire, agressions sexuelles, violences conjugales… ces problématiques qui s’accompagnent d’une détresse indicible sont abordées avec finesse et sincérité. Coup de projecteur sur ces séries qui osent s’aventurer sur ces terrains de haute voltige.

1 – Unbelievable

Cette série bouleversante inspirée de faits réels met en lumière un phénomène encore muré dans le silence : le victim blaming. Lorsque Marie témoigne de son viol, sa parole est remise en cause. La jeune femme, marquée au fer rouge par cet épisode cauchemardesque, enchaîne les interrogatoires. Ce travail d’introspection éprouvant et d’une violence inouïe l’incite à replonger dans des souvenirs extrêmement douloureux. Marie ne parvient pas à recoller tous les morceaux de cette sombre histoire. Son esprit est brouillé, les scènes ont été, comme effacées de sa mémoire. Elle est dans un flou total. Sans preuve évidente et véridique, Marie fait face à une ignorance acerbe.

Les enquêteurs minimisent les faits et l’incitent à se rétracter. Sa vie de jeune femme lui a été arrachée, mais personne ne semble s’inquiéter. Une double peine qui l’anéantit un peu plus. Hantée par ce traumatisme que personne ne croit, l’adolescente perd pied. Heureusement, deux policières chevronnées constatent des agressions similaires avec un mode opératoire ficelé. Elles se lancent dans une traque rude et périlleuse pour faire justice à ces jeunes femmes détruites.

> Unbelievable – 1 saison, 8 épisodes – Disponible sur Netflix.

2 – Big Little Lies

Cette création, devenue un véritable monument, a rythmé nos soirées monotones pendant longtemps. La série dresse un portrait édifiant et glaçant des horreurs qui percutent de plein fouet notre société. Le fil rouge ? Trois mères, qui en apparence, semblent avoir un quotidien paisible, cachent en fait des souffrances profondes. Ce qui se trame au sein de leur foyer familial reste plongé dans le gouffre des secrets. Ces femmes qui paraissent solides comme un roc, vivent un enfer derrière ces murs intimes.

Jane et Céleste ont le même bourreau, Perry. Ce monstre toxique a abusé de Jane par le passé. Contrainte de porter ce fardeau sur ses épaules, elle a dû s’armer d’une incroyable force mentale pour élever son fils, né de ce viol. Céleste, actuelle femme de Perry, est prise au piège dans la boucle des violences. Elle endure un véritable calvaire. En public, elle se forge une façade brillante pour ne pas réveiller les inquiétudes des autres. Mais intérieurement, elle brûle de haine et de rage. En parallèle, le fils de Céleste se calque sur cette violence à laquelle il assiste chaque jour. En toile de fond, une forme de harcèlement scolaire émerge. Un autre enfant est accusé, à tort, et reçoit une pluie de critiques atterrantes.

> Big Little Lies – 2 saisons, 14 épisodes – Disponible sur OCS ou en replay sur la plateforme MyTF1.

3 – The morning show

Dans le sillage du mouvement #MeToo, cette série donne un coup de projecteur nécessaire sur les vices cachés de l’impitoyable monde médiatique. Une émission TV matinale qui cartonne renferme en réalité de sombres facettes. Sur le plateau, la présentatrice phare, Alex, affiche un sourire radieux. Mais celui-ci sonne faux. En effet, derrière son énergie débordante et son talent indéniable, elle dissimule des cicatrices indélébiles. Comme une poignée de ses collègues féminines, elle a subit du harcèlement sexuel de la part de son homologue masculin, Mitch. Une terrible descente aux enfers, volontairement ignorée par des patrons qui se la jouent mâle Alpha. Alex est alors contrainte de réprimer son effroi et son mal-être pour ne pas mettre sa brillante carrière en péril.

Dans ce climat de tension, elle arrive à saturation. Une nouvelle recrue, Bradley, change la donne. La jeune femme n’a pas froid aux yeux. Elle souhaite que ce scandale soit révélé au grand jour. Pour arriver à ses fins, elle crée une sororité imbattable entre toutes ces victimes silencieuses. Les employeurs sont dans le viseur. Pour ne pas faire chuter l’audience, ils ont préféré se mettre des œillères devant les yeux. La série lève le voile sur cette espèce de solidarité masculine nocive. Ce machisme débordant et cette absence totale de considération : deux aspects brillamment dépeints.

> The Morning Show – 2 saisons, 20 épisodes – Disponible sur Apple TV.

4 – Three girls

Poignante, sincère et sans filtre, cette mini-série diffusée sur Arte narre avec brio l’affaire Rochdale, un scandale autour du harcèlement sexuel sur mineur qui a défrayé la chronique. Entre 2004 et 2008, une cinquantaine d’adolescentes se sont retrouvées prisonnières d’un trafic de grande envergure. Des hommes malveillants, dépourvus de tout humanisme, se sont rués vers les quartiers pauvres de Manchester, en quête de chair fraîche. Ils ont abusé de la fébrilité de ces jeunes femmes précaires complètement déboussolées. Contre leur gré, elles se prostituent et ce réseau de proxénétisme renfloue ses caisses grâce à cet argent « sale ».

Les victimes sont embrigadées dans un quotidien ponctué d’angoisses et de rapports forcés. « Three girls » nous met dans la peau de trois de ces jeunes filles. Leurs regards apeurés nous transpercent. Holly, Ruby et sa sœur Amber, âgées de 13 à 15 ans, ont toutes des situations familiales instables. Perdues et sans repères, elles se laissent amadouer par ces lions enragés. La police est alertée, mais les équipes restent totalement insensibles à ce fléau qui sévit. Ce drame sociétal est rapidement étouffé. Il faut attendre quatre années avant que le dossier soit dépoussiéré. Tour à tour, les victimes se livrent sur ces atrocités indescriptibles. Leurs confessions sont toutes sordides.

> Three Girls – 1 saison, 3 épisodes – Disponible sur Arte Boutique.

5 – I may destroy you

La réalisatrice Michaela Coel a pioché dans ses douloureux souvenirs pour concevoir cette série très personnelle. Le parcours cabossé de son personnage central Arabella se superpose au sien. L’héroïne, promise à un avenir d’écrivaine radieux, a traversé vents et marées avant de toucher le sommet de la gloire. La jeune femme aux cheveux roses a été droguée par un homme féroce. Le lendemain, c’est le néant, elle ne se souvient de rien. Puis, petit à petit, des flashbacks viennent se percuter dans son esprit. Elle revoit des détails nauséabonds : un être inconnu a profité de son état d’ivresse pour coucher avec elle. Une relation non-consentie qui fait écho aux faits d’actualité.

Cette face obscure que les médias se gardent bien de mentionner fait pourtant des ravages. Après ce terrible événement, Arabella a dû se reconstruire et se réapproprier ce corps martyrisé. Elle a aussi entamé des thérapies pour panser ses plaies invisibles. Mais sa perception de l’amour et des rapports charnels est ternie, voire éternellement entachée. Une seule obsession la hante. Elle souhaite à tout prix retrouver l’identité de son agresseur. Saisissante et criante de vérité, « I may destroy you » s’empare de thématiques épineuses avec une grande habileté.

> I may destroy you – 1 saison, 12 épisodes – Disponible sur OCS et Canal +.

6 – 13 reasons why

Cette série, qui aborde le harcèlement scolaire de façon frontale et incisive déchire les opinions. Certains l’ont adulé tandis que d’autres l’ont trouvé trop âpre. Outre-Atlantique « 13 reasons why » était d’ailleurs au cœur d’une polémique. Les autorités scolaires canadiennes et américaines considéraient qu’elle renvoyait une image très abrupte du suicide chez les adolescent·e·s. Pourtant, cette histoire cinglante esquisse la lente chute d’une élève bafouée, sans cesse attaquée par des camarades abjects. Un portrait sinistre qui n’est que le miroir d’un chaos silencieux, malheureusement bien ancré dans notre société. Hannah Baker, figure clef de la série, a mis fin à ses jours pour s’extirper de cette spirale infernale.

C’est son ami Clay, qui découvre à travers des cassettes audio, les multiples raisons qui l’ont motivé à prendre cette décision irrémédiable. Casques sur les oreilles, il écoute ce discours bouleversant qui sonne comme un coup de poignard. Les principaux fautifs sont clairement identifiables et prennent conscience de leurs erreurs, trop tardivement. Hannah n’est plus là physiquement, mais grâce à ses enregistrements, elle réveille un sentiment de culpabilité incommensurable chez ses anciens bourreaux.

> 13 reasons why – 4 saisons, 49 épisodes – Disponible sur Netflix.

7 – Glee

Cette série emblématique, rythmée par des chants ensorcelants, renferme un message universel puissant. Dans les entrailles d’un lycée situé au cœur de l’Ohio, un gang d’élèves populaires sème le trouble. Ces êtres ignobles, dotés d’un égo surdimensionné s’en prennent aux membres de la chorale. Proies idéales, ces hommes et ces femmes animé·e·s par la même passion du chant, reçoivent des commentaires rabaissants en permanence. On assiste à des scènes d’une grande brutalité, déguisées sous le voile de l’humour. Rachel, souvent jugée à cause de ses vêtements atypiques et son look vieillot, n’est pas épargnée.

Dans les épisodes, des élèves cruels lui jettent des sodas aux couleurs vives à la figure. Résultat : ses habits sont complètement tachés et la jeune femme est gagnée par un sentiment de honte incontrôlable. Le thème du harcèlement scolaire est omniprésent dans Glee. Le mépris envers les minorités de genre est aussi mis en lumière. Dave, un gros dur qui roule des mécaniques, terrorise Kurt, ouvertement gay. Ce joueur de foot enchaîne les actes homophobes et n’hésite pas à employer ses mains pour mettre Kurt à terre. Résultat, le brillant garçon se glisse dans une bulle solitaire pesante. Il décide même de changer d’établissement tant il est apeuré.

> Glee – 6 saisons, 121 épisodes – Disponible sur Netflix.

8 – Les Frères Scott

Ce trio de frères a marqué le quotidien de nombreuses générations. Leurs histoires respectives tantôt glorieuses, tantôt décevantes illustrent les péripéties plurielles qui agrémentent l’adolescence. Au fil des épisodes, on les voit évoluer dans un environnement très hostile à la différence. Dans l’épisode 16 de la troisième saison, ils assistent, presque impuissants, à un événement déchirant. Jimmy, jeune lycéen, persécuté et stigmatisé à cause de son embonpoint, pousse les portes de l’établissement avec une arme à feu. Pendant des années, il a contenu sa souffrance, mais c’en était assez. Cette haine refoulée mêlée à cette animosité quasiment justifiée l’ont poussé à commettre l’irréparable.

Rongé par la solitude, affligé par ces années de silence et littéralement brisé par ces brimades incessantes, il n’avait plus rien à perdre. Dans les couloirs, tout le monde s’affole. Les yeux s’écarquillent et les hurlements résonnent lorsque Jimmy tire le premier coup de feu. Pour se venger, il prend en otage un groupe d’élèves sélectionné au hasard, pour instaurer un climat de terreur. Finalement, c’est lui qui périra. Après cette tragédie, les autres comprennent que certain·e·s ne jouissent pas d’une scolarité épanouie, au contraire.

> Les Frères Scott – 9 saisons, 188 épisodes – Disponible en replay sur MyTF1.

Ces scénarios qui nous prennent aux tripes résonnent comme des cris du cœur. Avec des scripts aussi solides et adroits, ces séries audacieuses se transforment en lanceuses d’alerte. En l’espace de quelques visionnages, elles nous immergent dans la routine saccagée de femmes et d’hommes presque fantomatiques. Leurs vies ont été déchirées, sabotées par des créatures démoniaques. En tant que spectateur·trice, on saisit cette gravité, cette urgence d’agir. Une claque nécessaire pour éveiller les consciences !

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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