La série policière « HPI », diffusée depuis 2021 sur TF1, s’est forgée une renommée exceptionnelle. Avec son scénario atypique bien ficelé, elle fait de l’ombre aux autres programmes et explose les records d’audience. Cette création française a même réussi à décrocher le prestigieux titre de « fiction la plus regardée depuis 15 ans ». La comédie met en lumière une héroïne à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) incarnée par la brillante Audrey Fleurot.
Avec son côté déjanté et ses phrases sans filtres, la protagoniste connue sous le nom de Morgane Alvaro a gagné le cœur des téléspectateur.rice.s. Dotée d’un QI supérieur à la norme, elle parvient à démêler les enquêtes les plus coriaces. Véritable atout pour les forces de l’ordre, la trentenaire haute en couleur n’hésite pas à défier son supérieur. Inspirante, enrichissante, et distrayante, la série « HPI » est un délicieux concentré de bienfaits.
Une création française qui dénote et qui a la cote
Le public l’attendait avec impatience et ça y est, elle est enfin là. La 3e saison de la série « HPI » s’est ouverte le jeudi 11 mai sur TF1. Dans ce nouveau volet, la prodigieuse Audrey Fleurot porte une Morgane désabusée, revenue à sa condition de femme de ménage. Bien décidée à remettre son HPI au service de la police, elle reprend les enquêtes à l’arraché, sans se formater à la loi. Résultat : elle se retrouve derrière les barreaux. Elle en ressort changée.
Morgane abandonne ses tenues bariolées pour s’habiller plus sobrement et se dévoile plus touchante. Cependant, ce passage par la case prison ne lui a rien enlevé de son caractère de braise. Depuis sa sortie en 2021, la série « HPI » n’a fait que muscler son audience. Pour cette saison inédite, qui s’annonce aussi explosive que les précédentes, la chaîne TF1 a déjà réuni 6,7 millions de personnes.
Il faut dire que la maman célibataire authentique et décomplexée renverse les codes traditionnels du policier strict à la voix rauque. À l’origine, rien ne la prédestinait à résoudre des affaires criminelles. Pour subvenir aux besoins de ses trois enfants, Morgane cumule les petits boulots, souvent ingrats. À la tombée de la nuit, elle revêt son apparat de femme de ménage et nettoie chaque recoin d’un commissariat. Morgane refuse de se laisser mener à la baguette. Avec sa légendaire autorité, la consultante surdouée trace son chemin dans une totale liberté. Guidée par son instinct naturel, elle laisse les avis du commissaire Karadec de côté.
Indépendante, dominatrice, débrouillarde et profondément humaine, Morgane s’esquisse comme un portrait-robot de la femme moderne. Au-delà de ce fil conducteur prometteur, la série « HPI » s’attaque à une particularité souvent laissée au second plan. Un pêle-mêle charmant dont on s’abreuve intensément. Vous en doutez ? Voici 5 raisons de regarder cette série.
1 – Une héroïne proche de la réalité
Aux antipodes de l’image lisse et idéalisée, de la policière posée, sans failles, constamment sur le qui-vive, Morgane, fait écho à notre monde contemporain. Mère de trois enfants issus de deux unions différentes, célibataire en quête d’un Don Juan séduisant, travailleuse téméraire et culottée… Elle agit véritablement sur tous les fronts et revêt plusieurs casquettes. Malgré son tempérament vif et son énergie débordante, elle est contrainte de porter sur ses épaules une charge mentale colossale.
En apparence, elle ne laisse transparaître aucun signe de fébrilité. Pourtant, les scènes se suffisent à elles-mêmes. Entre les enfants bruyants, le boulot prenant, les soucis de famille récurrents… on constate que son quotidien est éreintant. La série « HPI » est ainsi une sorte de miroir reflétant toutes les difficultés qui composent notre réalité. Comme chaque être humain, Morgane est passée par des chemins cabossés avant de toucher le sommet de la gaieté. Toutes ces petites facettes imparfaites font d’elle une héroïne attachante et extrêmement touchante.
2 – Les clichés sur les surdoué.e.s tombent à la renverse
Derrière son style loufoque, toujours riche en motifs léopards, Morgane cache des capacités intellectuelles phénoménales. Le dicton « les apparences sont trompeuses » prend tout son sens. Dans l’imaginaire collectif, les personnes surdouées s’esquissent comme discrètes, constamment accompagnées d’une montagne de livres et vêtues de vêtements datés. « HPI » nous montre l’opposé et parvient à déboulonner les clichés.
Ici pas de mathématicien.ne à l’affût des calculs les plus improbables, de joueur.se d’échec imbattable ou d’ingénieur.e à lunette persécuté.e. La série se détache de cette caricature qui tire la corde sensible et qui repose sur des idées préconçues tenaces. Les réalisateurs ont passé au crible tous les pans du Haut Potentiel Intellectuel pour le retranscrire au mieux. Sur la forme, Morgane reste une héroïne très décalée qui apprend à apprivoiser ce cerveau en ébullition. Une interprétation originale, alliée à une écriture tantôt délicate, tantôt incisive… Le combo parfait pour s’instruire de façon ludique.
3 – Un jeu d’acteur bluffant
L’intrigue est bien pensée et le texte est écrit avec une grande finesse. Les acteur.rice.s incarnent leur rôle avec habileté et sincérité, ce qui confère à la série « HPI » une dimension affective plus importante. Audrey Fleurot racontait d’ailleurs au média Télé Star : « J’ai donné mon accord, à condition de participer à l’écriture. Finalement, je l’ai beaucoup ramenée à moi. J’en ai fait mon clone ». Si certaines séries misent sur l’exagération et le tape à l’œil, « HPI », elle, est dénuée de tout artifice. C’est sa simplicité qui séduit.
Les comédien.ne.s font transpirer leurs émotions et donnent l’illusion de ne faire qu’un.e avec leur personnage. Leur vie semble se superposer à la nôtre. Alors, au fil des épisodes, on tisse une relation forte avec chaque figure clef. Mention particulière pour le duo explosif entre Morgane et le commissaire Karadec. Les deux s’entendent comme chien et chat, mais ils forment une paire complémentaire.
4 – Une enquêtrice peu conventionnelle
Dans la liste des films policiers mythiques, les héros sont généralement masculins. Entre Columbo, le faux naïf qui enquête avec minutie, Sherlock Holmes, gentleman serviable doté d’une excellente mémoire ou encore le redoutable inspecteur Barnaby… aucune femme n’apparaît au premier plan.
Heureusement, certaines créations viennent redorer leur blason. C’était le cas de l’intrépide Capitaine Marleau interprétée par la talentueuse Corinne Masiero. Mais Morgane de « HPI » pourrait bien talonner de près la célèbre investigatrice à la chapka. En effet, cette femme à la chevelure flamboyante qui se rend sur les lieux du crime en talon aiguille dénote.
Drôle, pétillante, maladroite, exubérante… elle se fiche du regard des autres. Morgane se détache réellement des cases dans lesquelles notre société veut nous enfermer. Elle vit au jour le jour, sans se fixer de règles. C’est une boule d’énergie. Le commissaire Karadec qui l’encadre est parfois désabusé face à ses techniques atypiques. Avec son profil inédit, elle entend bien s’imposer au milieu de ces mâles imposants.
5 – Mieux comprendre ce qu’est le HPI
Cette série n’a rien d’un documentaire pédagogique sur le Haut Potentiel Intellectuel. En effet, elle explore ce fascinant sujet de manière très légère. Ici, pas de données chiffrées ou de détails scientifiques, simplement une aventure teintée d’humour qui dépeint les défis auxquels les HPI sont confronté.e.s.
Morgane est une pile électrique, il est difficile de la canaliser. Avec son esprit enfantin, sa fibre généreuse et sa fraîcheur, elle souhaite mettre les injustices à plat. Cependant, cette différence peut s’avérer handicapante. Son cerveau a soif de savoirs et s’abreuve de toutes les informations qu’il perçoit. Ce mécanisme se déclenche presque malgré elle.
Jusqu’alors le Haut Potentiel Intellectuel était sous-représenté ou mal interprété. Désormais, il connaît son heure de gloire. D’ailleurs, cette particularité concerne 2,3 % de la population mondiale. « On a un sixième sens, ce sens de l’intuition très fort, de la fulgurance. Parce que les sens, ils assemblent à très grande vitesse les éléments de l’environnement pour comprendre, tout d’un coup, avoir une espèce de précognition », explique la spécialiste Jeanne Siaud-Facchin au média LCI.
Une série à moitié juste qui entretient certains clichés
Même si la série « HPI » a réussi à fidéliser de nombreux.ses Français.es, son scénario volontairement « surjoué » n’a pas toujours fait l’unanimité. Plusieurs internautes elleux-mêmes HPI pointaient d’ailleurs son côté caricatural et régressif sur la toile.
Cette série, à mi-chemin entre la comédie et le genre policier, se lit avec second degré, mais il n’empêche qu’elle amplifie certains clichés, comme de nombreuses fictions. Les internautes lui reprochent notamment de brouiller les pistes entre HPI et TDAH. En parallèle, voici une liste des préjugés qui nourrissent le personnage d’Audrey Fleurot, à prendre avec souplesse.
1 – Les HPI sont des piles électriques
Dans la série « HPI », Morgane Alvaro s’affiche comme une femme hyperactive et impulsive. C’est une petite tornade sur pieds. Dès qu’elle a une idée en tête, elle a tendance à partir dans tous les sens et à surréagir. D’une certaine manière, Morgane fait penser aux enfants turbulent.e.s qui ne savent pas se canaliser. Cette nature explosive sous-entend que les personnes HPI ont un penchant frénétique et qu’elles n’ont aucune maîtrise de soi. Or, les HPI n’ont pas tou.te.s 18 de tension, ni un tempérament incontrôlable.
Ce trait de caractère tempétueux est, là encore, exagéré. Il transgresse la réalité pour interpeller et capter l’audimat. La série « HPI » tient d’ailleurs son succès de sa protagoniste peu conventionnelle. Pour autant, elle ne doit pas devenir une « généralité ». Comme dans la plupart des séries, les personnages sont approximatifs. Ils possèdent des artifices qui donnent l’illusion du vrai. Sans cet aspect « fougueux », Morgane n’aurait fait que tremper dans le polar « ordinaire ». C’est donc plus une enluminure scénique qu’une imposture envers les HPI.
2 – Les personnes HPI sont des calculatrices humaines
Dans une scène de la série « HPI », Morgane fait les courses avec ses enfants. Une fois arrivée à la caisse, elle connaît le montant exact du ticket, promotions comprises. Pas besoin de sortir la calculatrice du téléphone, les chiffres n’ont aucun secret pour elle.
Sauf que voilà, c’est encore une digression. Être HPI ne se limite pas à griller les maladresses des caissier.ère.s en quelques calculs mentaux expéditifs. C’est bien plus profond.
« Les personnes à haut potentiel ont en effet une bonne mémoire et certaines calculent très rapidement. Mais le trait est un peu forcé », explique Sophie Brasseur, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des personnes à haut potentiel au média Moustique.be
Même si ces capacités intellectuelles « hors normes » peuvent s’appliquer à la vie de tous les jours, elles sont généralement moins « impressionantes » que ce que vante la série « HPI ». D’ailleurs, toutes les personnes HPI ne sont pas égales face à cette vivacité d’esprit. Selon une étude menée par le CERMEP (Centre d’Imagerie du Vivant) de Lyon, il existe deux profils de HPI. Les laminaires, constants, organisés et rationnels, puis les complexes, plus créatifs et imprévisibles.
3 – Les HPI ont un sentiment de supériorité
De nombreux.ses internautes accusent Morgane d’être dédaigneuse, froide et hautaine avec ses homologues. Cet effet « madame je sais tout » lui confère une personnalité assez fière et suffisante. Elle semble imbue de ses capacités « supérieures ». D’ailleurs, elle discrédite régulièrement les suppositions de la brigade de policiers avec qui elle coopère. Inévitablement, en montrant ce visage snobe, la série induit que les HPI sont méprisant.e.s et rempli.e.s d’orgueil. Or, dans les faits, c’est plutôt l’inverse.
Même si elles sont conscientes de leur « don », les personnes HPI ne vont pas forcément en tirer profit. Elles sont d’ailleurs souvent en proie aux doutes et aux complexes. En revanche, cette facette détachée que Morgane traduit dans son rôle n’est pas totalement blâmable. Elle effrite l’idée que les HPI sont tou.te.s ultra empathiques et infiniment dévoué.e.s.
4 – Les HPI sont dans leur monde
Au moment de ses « flashs », Morgane est comme happée dans une dimension parallèle. Regard vide, visage figé, surdité volontaire… son corps tout entier est en arrêt. Une attitude détachée et lunaire qui renforce cette impression de « bulle » invisible. Même si Morgane est extravertie, elle a également des instants d’absence.
Son cerveau, toujours en ébullition, monopolise toute son attention, jusqu’à la faire basculer dans une réalité suspendue. Ses interactions sociales sont également souvent brouillées et confuses. Aux yeux des autres, elle paraît alors totalement désintéressée. Encore une fois, ce côté « pensif » est exacerbé. Cependant, il est à moitié vrai. Les HPI se sentent souvent incompris.es des autres et peuvent avoir des difficultés à établir une vraie connexion. En revanche, iels ne sont pas tou.te.s perdu.e.s dans leurs pensées.
5 – Être HPI, c’est une chance
Cerveau qui tourne à plein régime, capacité multitâche, faculté d’anticipation, mémoire surdéveloppée… dans la série « HPI », Morgane n’est pas seulement un personnage principal déluré, elle est également élevée en super-héroïne. Tout ce qui découle de son HPI est glorifié. C’est un super-pouvoir à part entière qui vaut autant que la télékinésie ou la super vitesse. Depuis la série, nombreux.ses s’imaginent qu’être HPI est un luxe.
Mais pour celleux qui possèdent ce profil atypique, c’est plutôt un handicap. Retenir un roman à la lettre près, résoudre les problèmes en quelques secondes, percer les autres à jour en une observation… certes, les composants qui font Morgane Alvaro donnent envie sur le papier. Mais la protagoniste n’est qu’un pur fantasme. Cette quête extrême de perfection et cette attirance pour la complexité sont beaucoup plus difficiles à aborder que ce que prétend la série. Ce n’est pas toujours un « cadeau ». D’ailleurs, dans le milieu professionnel, les HPI ont tendance à éprouver un sentiment d’imposture très réducteur.
Certes, la série « HPI » véhicule certains clichés, mais elle braque aussi les projecteurs sur une particularité intellectuelle rarement exposée. La très spéciale Morgane, elle, s’érige sur le podium des figures badass que l’on envie. Au même titre que Lara Croft dans Tomb Rider ou Black Widow dans Avengers, elle sert de modèle. Véritable battante dans l’âme, elle fait régner le girl power à sa manière.