Elle est nue à l’arrêt de bus, au travail, dans une soirée… mais pourquoi cette femme apparaît-elle nue du matin au soir ? Pour avoir la réponse, il faut regarder le court-métrage « Je suis nue » jusqu’au bout. Réalisé par Alexandra Mignien, ce petit film aborde avec intelligence, justesse et puissance un sujet dont on parle encore trop peu : le revenge porn. Et c’est très réussi !
Le viol de l’autre par le vol de son image
De nos jours, les réseaux sociaux provoquent un tas de phénomènes dont un particulièrement virulent : la publication et le partage de photos ou vidéos à caractère sexuelle d’une personne sans son consentement. C’est ce qu’on appelle : le revenge porn, soit littéralement le « porno de la vengeance ». Un effet pervers de la révolution numérique et une forme de violence qui touche surtout les femmes.
Pour dénoncer ouvertement ce fléau 2.0 ravageur, la cinéaste Alexandra Mignien a donc réalisé un court métrage puissant : « Je suis nue », produit à l’occasion de la dernière édition du Nikon Film Festival. Car oui, des milliers de personnes voient chaque jour leurs données personnelles/intimes divulguées sur la toile. Un phénomène qui semble d’ailleurs se multiplier, dernier fait d’actualité significatif : la vidéo de Benjamin Griveaux, candidat à la Mairie de Paris.
« Pourquoi vous n’êtes pas venue plus tôt ? Parce que j’avais honte. »
Qu’elles soient prises ou non à l’insu de la personne, en aucun cas ces photos intimes ne devraient se retrouver sur Internet. Pourtant, certaines personnes malhonnêtes se plaisent à partager ce contenu, afin de faire chanter leurs victimes, ou simplement « pour le plaisir » d’humilier, de se venger. Une pratique aussi glauque qu’illégale dont les ravages sont considérables.
À travers une réalisation engagée, percutante et bien pensée, « Je suis nue » traite de ce sentiment de honte qui envahit les personnes qui sont victimes de revenge porn. Les victimes deviennent en effet terriblement vulnérables quand elles découvrent que des photos intimes d’elles sont diffusées sur le net. Dès les premiers plans, le malaise s’installe ainsi et persiste tout au long de la vidéo.
On suit une jeune femme (interprétée par Laura Léoni) se baladant nue chez elle puis dans la rue, au bureau et en soirée, sans que quiconque ne la regarde. Elle voit son intimité révélée sur les réseaux sociaux, ce qui lui enlève, métaphoriquement, son identité dans la vie réelle. On se met alors à sa place, on s’identifie à elle et on éprouve sa honte face à la violence de la situation. Une preuve de plus que mal utilisés, internet et les réseaux sociaux sont des armes capables de détruire des vies…
On vous laisse juger par vous-même :