Lorsqu’un enfant est submergé par des émotions négatives comme la colère, la crainte ou encore la peine, les parents ont un rôle plus qu’important. Sans une communication de ses émotions, elles vont s’enfouir en lui, rejaillir par la suite et avoir des conséquences sur son comportement sur le long terme. Un phénomène illustré avec force et poésie dans ce précieux court-métrage. Lumière
Une boîte à chagrins et colères
« La Boîte » est un court-métrage d’environ 6 minutes, réalisé par Marie Bouchet. C’est un film d’animation de fin d’études pour l’école Pivaut, une école d’arts appliqués établie sur Nantes. Toute la poésie que dégage ce court-métrage est précieuse. Réalisé en 2002, le thème des violences éducatives ordinaires y est abordé avec justesse et poésie.
Tout commence avec un petit rire innocent d’une petite fille, Louise, qui s’amuse devant le feu de cheminée de sa maison. Elle s’approche de sa mère pour lui faire un câlin. Le souci ? Les mains pleines de cendres de la petite fille vont tacher sa robe blanche. Sa maman réagit au quart de tour et la gronde : « File dans ta chambre ! ». Louise part alors pleurer dans sa chambre et s’emmitoufler sous sa couverture, tout esseulée. Elle sort une mystérieuse petite boîte en bois de sous son lit.
Elle va se confier à la boîte : « J’ai encore fait une bêtise, elle a dit que j’étais vilaine. Ce n’est vraiment pas juste. Je la déteste, je la déteste ! ». Louise déverse depuis toujours ses secrets, ses chagrins et colères dans cette petite boîte. Soudainement, la boîte laisse sortir une grande créature inquiétante. La petite fille va devoir apprendre à apprivoiser cette créature née de ses affects négatifs, et non sans mal. Pour la suite, on vous laisse regarder :
L’isolement forcé et les émotions refoulées des enfants
Au-delà de la qualité de l’animation, ce court-métrage sert d’excellent support pour réfléchir à la nécessité d’écouter les émotions des enfants, et aux conséquences de leur isolement forcé. Il parle de ce qu’on appelle aujourd’hui des violences éducatives ordinaires. Un enfant à qui l’on interdit d’exprimer ses peines ou ses colères est un enfant qui risque un beau jour d’être submergé par ses émotions.
En effet, que ce soit de manière volontaire ou non, à chaque fois qu’un parent empêche son enfant de mettre des mots sur ce qu’il ressent, ce dernier va refouler au plus profond de lui ses émotions négatives. Tôt ou tard, ces dernières finissent par rejaillir, et s’imposer de façon détournée. Ce qui peut causer des troubles du comportement, des violences en milieu scolaire, de l’agressivité, des malaises physiques qui s’enchaînent, des crises d’angoisse, jusqu’à l’apparition d’addictions à l’adolescence.
L’importance du dialogue enfants-parents
Pour l’enfant qui vit des émotions négatives, il s’agit alors de les affronter, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on est seul.e. D’où la nécessité d’entretenir une réelle conversation permanente avec l’enfant. On ne le dira donc jamais assez, le dialogue reste le plus bénéfique en matière d’éducation.
Il est important d’exercer le rôle d’un parent bienveillant afin d’aider son enfant à gérer ses émotions. L’enfant doit pouvoir sentir qu’il est écouté, qu’il peut se confier et exprimer ce qu’il ressent, sans jugement. Pour cela, il est préférable de lui laisser l’occasion de parler, sans le brusquer, avec patience.
La pression d’être un parent parfait existe bel et bien, en ce sens nous ne cherchons pas à jeter la pierre aux erreurs éducatives, bien plus fréquentes qu’on ne le croit encore aujourd’hui. Lorsqu’un enfant fait « une bêtise », il paraitra alors que l’isoler pour qu’il y réfléchisse est la solution la plus simple et efficace sur le moment. Seulement, cet isolement a des effets sur le long terme.
En conséquence, même après une punition ou des hurlements, il est positif de parler avec son enfant. D’une part pour qu’il se sente compris, aimé malgré la « bêtise », et d’une autre part pour comprendre les raisons derrière l’action. Cette communication à deux sens va l’aider à connaitre ses émotions pour mieux les canaliser ensuite, et contribuer au développement de son intelligence émotionnelle.
Ce court-métrage s’adresse aux adultes, parents ou non, et aux enfants – à partir de 7 ans, car certaines scènes sont assez impressionnantes. À voir en famille !
« La Boîte » vous a-t-il plu ? Vous avez d’autres courts-métrages en tête ? Venez partager vos meilleures trouvailles sur le forum de The Body Optimist !