Aujourd’hui, mercredi 11 mars 2020, sort en salle « La Bonne Épouse » de Martin Provost. Juliette Binoche y interprète le rôle d’une enseignante qui a pour tâche d’éduquer les jeunes filles à devenir de parfaites futures ménagères. Entre scènes désopilantes et témoignages du passé, cette comédie française est en fait un véritable hymne à la libération des femmes. On ne sait pas vous, mais nous on a éclaté de rire rien qu’en découvrant la bande-annonce !
Des établissements spécialisés jusqu’en 1970
Nos confrères du Huffington Post ont rencontré Juliette Binoche et ses consœurs à l’occasion d’une interview qui nous en apprend un peu plus sur le film et surtout, les différents messages qu’il véhicule.
Souvenons-nous que jusqu’au début des années 70, les jeunes filles françaises étaient placées dans des « établissements conservateurs » censés leur apprendre à tenir un foyer et à se plier au devoir conjugal. Cuisine, couture, ménage… Tout y passait ! Et les jeunes femmes devaient tout accepter sans rechigner…
Bien évidemment, ces établissements ont disparu avec le mouvement d’émancipation des femmes qui a accompagné les manifestations de 68. Leur révocation est officiellement actée en 1984 lors qu’est supprimée l’épreuve facultative d’éducation ménagère du baccalauréat (eh oui cela existait).
« La Bonne Épouse » : le poids de la charge mentale
Si depuis les choses bougent, notamment ces dernières années, Juliette Binoche garde les pieds sur terre :
« Souvent, on dit qu’une femme qui travaille à deux métiers. Quand elle rentre à la maison, elle a le travail de la maison. »
Effectivement, nous vous avions déjà parlé de la fameuse charge mentale qui pèse sur les épaules des femmes. Et cela est en partie dû au fait que la répartition des tâches ménagères est souvent inégale dans un couple hétérosexuel. Un constat que partage Noémie Lvovsky, autre actrice du film :
« Les choses n’ont pas évolué suffisamment. Il n’y a pas d’égalité de salaires, il n’y a pas non plus d’accès égalitaire aux mêmes postes. Le combat ne concerne d’ailleurs pas uniquement le monde du travail. Je ne sais pas me mettre complètement à la place d’une femme qui n’aurait pas d’enfant, mais je sens bien qu’il y a une injonction à avoir des enfants. »
Corrélé par Yolande Moreau, une autre actrice du film :
« J’ai une amie qui a voulu ne pas en avoir, elle n’en a pas eu. Mais ce n’est pas toujours bien perçu par la société. »
Et cela ne s’arrête malheureusement pas là…
Le célibat, pas « normal » ?
Pour Noémie Lcocsky, cela va aussi de paire avec le fait de vivre « absolument » en couple :
« À partir du jour où on est seule, on est beaucoup moins invitée à dîner. C’est vrai. Le samedi soir, c’est bizarre. Je me fais la réflexion que les gens vont tous manger chez les uns et les autres, mais personne ne m’a invitée, moi. Pourquoi ? »
En cela, Yolande Moreau se demande si les femmes sont conditionnées à penser d’abord au bien-être des hommes :
« J’ai un garçon et une fille. Quand ils allaient à l’école, elle portait le cartable de son frère. Ce n’est quand même pas moi qui lui ai demandé de faire ça. C’est comme si quelque chose se transmettait inconsciemment. »
« La Bonne Épouse » : un hymne à la libération des femmes
De son côté, le réalisateur du film, Martin Provost, précise au Huffington Post que les choses ne vont pas s’arranger toutes seules :
« On ne naît pas femme, on le devient. On ne naît pas homme, on le devient aussi. C’est tout à fait adaptable aux deux sexes. Se le dire remet en question ce qu’on nous a dit dès le plus jeune âge. Les petits soldats, le pyjama bleu… »
C’est là toute la force de ce film qui vient bousculer avec humour et déconstruire tous les stéréotypes que nous avons sur les femmes. Et il y en a… Selon une étude des Nations Unies, 90 % de la population mondiale a des préjugés sur les femmes, femmes comprises !
Rendez-vous dans les salles obscures pour découvrir « La Bonne Épouse » de Martin Provost et surtout, n’hésitez pas à partager votre avis concernant le film sur notre forum !