Le sperme améliore l’éclat du teint, les kilos en trop ne sont bons qu’au lit, la fellation est le ciment du couple… Autant d’injonctions que nous subissons depuis la nuit des temps. Stop aux diktats sexuels ! Avec leur websérie « Libres » diffusée sur Arte.tv, les illustratrices Ovidie et Diglee déboulonnent les clichés. Et ça fait un bien fou !
« Si on pouvait enfin s’affranchir du vieux monde jusqu’à notre culotte, ça serait quand même pas mal »
Leur punchlines féministes et leur ton décomplexé nous ont séduits :
« si on pouvait enfin s’affranchir du vieux monde jusqu’à notre culotte, ça serait quand même pas mal ».
La websérie « Libres » est l’adaptation du livre des autrices militantes Ovidie et Diglee : « Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels« , distribués par les éditions Delcourt. Durant 3 minutes, chaque épisode passe au crible toutes les injonctions qui pèsent sur la sexualité féminine et masculine, avec beaucoup d’humour et de phrases percutantes.
« Libres » épingle ainsi les complexes, les questionnements et surtout, les injonctions sexuelles banales qui tournent autour des femmes. Ces mini focus nous rappellent à quel point la société, les médias, et même la télévision façonnent notre intimité, notre sexualité et même, nos fantasmes. Car le sexe est partout et nulle part à la fois. Il est parfois tabou et concentre les contradictions de notre société. Mais parfois aussi, le témoin d’une véritable révolution vers plus de liberté.
L’une des autrices, Ovidie, s’est confiée à nos confrères de Terrafemina.fr. Elle raconte que « Libres » est avant tout un appel à l’indulgence envers soi-même :
« On propose des pistes de réflexion, en interrogeant l’origine des injonctions auxquels on se confronte au quotidien – injonctions qui nous renvoient à notre environnement personnel, culturel, médiatique. Mais l’on pose aussi la question : dès lors que l’on comprend les raisons de ces injonctions, doit-on pour autant tout envoyer balader par « pureté militante » ? »
« En tant que féministe, il ne faut pas s’autoflageller »
Difficile de vivre du jour au lendemain en parfaite harmonie avec nos convictions féministes, au coeur de cette société patriarcale. Ici, l’idée est de dire aux lectrices « faites comme vous pouvez, c’est déjà bien suffisant« . Ovidie ajoute :
« En fait, on ne propose pas de solution miracle, simplement quelques zones d’exploration. En tant que féministe, il ne faut pas s’autoflageller : on peut agir stupidement, être influencée par les discours dominants, perdurer dans une forme de « servitude volontaire. »
De même, une libération de la femme peut vite devenir une injonction. Prenons l’exemple de la médiatisation du clitoris qui a abouti à l’idée que toutes les femmes étaient clitoridiennes :
« Le problème c’est qu’une norme en chasse toujours une autre, avec une facilité déconcertante et un temps record ! Certaines tentatives de libérations féministes peuvent effectivement être récupérées et détournées. C’est par exemple le cas du mouvement body positive. Certaines choses, censées être émancipatrices à l’origine, peuvent tout à fait être instrumentalisées pour ne devenir que de simples arguments de vente au sein de notre société néo-libérale, des séries à la publicité. »
Diktats sexuels : la jeunesse au front
Au terme de l’interview, la journaliste évoque la version originelle de « Libres ! », sortie en 2017, au moment de l’explosion du mouvement #MeToo. Pour Ovidie, les choses ont énormément évolué depuis. À tel point qu’elle parle de prise de conscience collective concernant les problèmes de représentations médiatiques et de discriminations des femmes :
« On a pu s’en rendre compte au niveau des représentations médiatiques et culturelles, avec une vague d’oeuvres plus inclusives, des séries aux films. Mais si les représentations évoluent, observe-t-on forcément un impact sur la vie des gens ? Cela, il est encore trop tôt pour le mesurer.
Entre le temps de l’évolution dans les médias et l’évolution « réelle » sur le terrain, on dit généralement qu’il faut compter en moyenne dix ans. Dix ans pour que les idées progressistes finissent par s’implanter. Néanmoins, dans la vie des gens, ça bouge déjà. Du côté des jeunes notamment. »
Au travers de l’actualité, on a effectivement pu se rendre compte que le jeunesse était sur tous les fronts, et ce malgré la crise sanitaire qui nous touche de plein fouet :