Selon les commandements virilistes, un homme se doit d’être fort, impassible, bagarreur, imposant ou encore mystérieux. Le tout servi sous une montagne de muscles avec un supplément misogyne. Pour aller au-delà de cette caricature grossière, des ouvrages piqués de franchise et d’humour prennent le pouls des masculinités. Ils pointent le crayon dans la face du patriarcat et incitent les hommes à se déconstruire. Voici donc 7 livres écrits à l’encre féministe qui déboulonnent les masculinités. À glisser entre toutes les mains pour se mettre à la page de l’égalité des sexes.
1 – On ne naît pas mec, Daisy Letourneur
Ce titre en clin d’œil à la célèbre citation de Simone de Beauvoir tend un stéthoscope en direction des masculinités. L’auteure, Daisy Letourneur, qui tient aussi les rênes du blog la Mecxpliqueuse, dynamite les comportements toxiques des hommes. Avec des mots corsés imbibés d’un humour tranchant, elle explore toutes les facettes des masculinités. Son essai féministe croise analyses sociologiques et réflexions personnelles. Un cocktail rafraîchissant qui se déguste d’une traite avec ardeur.
Au gré des chapitres, l’auteure dissèque la nature masculine. Elle se demande pourquoi les garçons s’interdisent de pleurer, comment se définit l’amitié virile, ce que signifie un homme déconstruit. À travers son livre courroucé, Daisy Letourneur passe les masculinités à la moulinette avec un regard pointilleux et une véracité musclée. Elle tire le portrait des nouveaux pères, des masculinistes, des hétéros progressistes, des collègues de bureau sexistes sans mâcher ses mots. Un état des lieux pédagogique, cru et vibrant qui confronte les hommes à leur propre reflet. Cet essai est un miroir sociétal propice à l’introspection.
2 – Tu seras un homme – féministe – mon fils !, Aurélia Blanc
Dès l’enfance, les garçons sont coiffés dans le sens du patriarcat. Alors que les filles sont forcées à l’hypervigilance, leurs comparses masculins, eux, sont nourris à la sauce viriliste. Ce livre, lui, prend le contre-pied de cette éducation machiste et liberticide en prônant la masculinité positive. L’auteure Aurélia Blanc, également jeune maman, démêle cette éducation régressive en recoupant études scientifiques et témoignages de professionnel.le.s de l’enfance.
Cet ouvrage éclairant montre à quel point les codes virilistes étouffent les hommes et asphyxient leur vraie nature. Il aide à se détourner de ce sexisme insidieux enseigné comme un langage à part entière dès le berceau. Façonné avec des mots simples, mais éloquents, ce livre est plus proche du journal de bord que de l’essai pur et dur. Il dédramatise brillamment le terme « féministe », trop souvent assigné aux extrêmes. Ce livre est un détergent nécessaire pour refaire une éducation plus propre et saine à nos garçons.
3 – Je ne suis pas viril, Ben Névert
Avec son livre, Ben Névert, star montante du YouTube game, adoucit et décrispe les masculinités. Le titre donne l’avant-goût d’une autobiographie parsemée de réflexions communicatives, d’anecdotes personnelles, de souvenirs et de photos évocatrices. La vie du jeune Français devient tantôt un objet d’études, tantôt un cri d’alerte. Dans son recueil, Ben compare la virilité à une arme de destruction massive de personnalité. Il dépeint cette torture vécue de l’intérieur sous l’influence des carcans virilistes.
Enfant hypersensible et délicat, Ben a lutté pour ne pas tomber dans ces préceptes qui enferment les hommes dans la violence. Antithèse même du « dur à cuir au cœur de pierre », Ben raconte comment il a réussi à sauver sa véritable identité des griffes du patriarcat. Des confidences « à nu » qui estropient le mythe de l’homme « blindé » avec une rare humanité. Un livre pour réveiller les consciences enfumées.
4 – Les couilles sur la table, Victoire Tuaillon
Le livre « Les couilles sur la table » est une adaptation du podcast éponyme porté par Victoire Tuaillon. Il reconstitue tous les dialogues entendus au micro de la journaliste. Ce livre gravite autour des masculinités et des dommages collatéraux qu’elles engendrent. Des témoignages racontés au masculin y flirtent avec des travaux récents de chercheur.se.s en sciences sociales.
L’auteure décortique le système patriarcal de haut en bas pour mieux comprendre ses rouages et ses origines. Son livre démontre avec justesse et impartialité que la masculinité n’a rien d’inné. Il s’agit d’une vaste supercherie, d’une construction sociale qui empoisonne autant les hommes que les femmes. Un ouvrage d’utilité publique qui pose une loupe grossissante sur la pensée masculine.
5 – La Crise de la masculinité: Autopsie d’un mythe tenace, Francis Dupuis-Déri
Dans une société pétrie par #MeToo et un féminisme mordant, certains hommes prétendent que la masculinité est en crise. Un terme rhétorique qui sert de fil rouge à cet ouvrage d’investigation alléchant. Francis Dupuis-Déri, spécialiste de l’antiféminisme et de l’anarchisme, prend d’assaut ce mythe de « l’homme en crise » qui glisse ces messieurs dans la peau des victimes. Entre les lignes de cet ouvrage, l’auteur remonte à la genèse de ce mal-être, inventé de toutes pièces pour assourdir le combat des femmes et justifier la violence masculine.
Le livre nous apprend que cette crise vient surtout d’une hostilité pathologique envers l’égalité des sexes. Cette analyse fouillée dresse le portrait d’une paranoïa purement masculine. Dans son livre, Francis Dupuis-Déri disloque l’idée d’une prétendue crise de la masculinité. Il alimente son argumentaire, par ailleurs très digeste, de sources précieuses tournant autour de la dépression masculine et de l’effet de groupes. Une enquête vulgarisée avec soin et humour qui fait tomber les masques.
6 – Des hommes justes, Ivan Jablonka
Ce livre repousse les frontières des masculinités. Il tente de comprendre comment les rapports hommes-femmes se sont transformés en champs de ruine et à partir de quand le patriarcat a défiguré le « vivre ensemble ». Cet essai richement documenté remonte la pente des masculinités d’hier à aujourd’hui en conciliant réflexions personnelles et preuves tangibles. C’est une mosaïque d’informations nécessaires pour y voir plus clair dans cette dissociation des genres.
De la domination masculine érigée en modèle type aux mouvements féministes modernes, Ivan Jablonka donne des pistes de lecture sur cette guerre des sexes sinueuse et tranchante. Son ouvrage délimite une nouvelle définition du « masculin », terme longtemps imprégné de noirceur et de moisissures. Un examen de conscience salvateur aux allures de baume cicatrisant.
7 – Un garçon c’est presque rien, Lisa Balavoine
Ce livre parfumé de prose raconte l’histoire de Roméo, un adolescent de 16 ans qui dénote complètement avec le registre viriliste. Sensible, solitaire, raisonné et pacifiste, il semble vacciné contre tous les travers de la masculinité. Il s’éprend d’une fille, Juliette, déjà en couple avec un autre garçon, véritable cliché ambulant. Ce jeune homme aux airs de Johnny Bravo en vient à poster une vidéo abjecte de Juliette, faisant tomber le couperet de la menace. Le point de départ d’une longue réflexion autour du revenge porn et de la violence vécue sous le prisme de l’héroïsme.
L’ouvrage, qui se confond avec un recueil de poèmes, est rythmé par des vers libres, des morceaux de SMS et des voix intérieures. Dans ce livre, intimement lié à la tragédie Shakespearienne, chaque personnage incarne des vérités sociétales. Roméo représente l’avenir du masculin, le harceleur, une époque révolue et Juliette les fléaux vécus au féminin.
Ces livres qui passent les masculinités au peigne fin rendent un diagnostic amer des mentalités masculines. Mais ils délivrent aussi une ordonnance pour guérir la société de l’intérieur. Des ouvrages édifiants à dévorer sans retenues. Et pour affûter sa pensée féministe, allez jeter un oeil à notre sélection de livres conjuguée au féminin.