L’enfance n’est pas une période douce et jonchée de bonbons pour tou.te.s. Pour certaines personnes elle s’est teintée d’horreur, sans qu’elles ne puissent rien y faire. Voici quelques romans revenant avec justesse sur ces traumatismes violents qui ont fait irruption, bien trop tôt, dans la vie de ces auteur.rice.s et héro.ïne.s.
1 – La familia grande, Camille Kouchner
Vous en avez probablement déjà entendu parler au vu du bruit qu’a fait ce roman. Dans ce livre de 141 pages publié en janvier 2021, Camille Kouchner revient sur ce qui a longtemps été tu au sein et autour de la familia grande. Grande parce que nombreuse. Grande parce que puissante.
En racontant un univers familial dans tout ce qu’il a de plus banal et de plus terrible, l’avocate française fait l’autopsie de l’inceste subie par son frère jumeau de la part de leur beau-père, le politologue et ex-eurodéputé du Parti Socialiste, Olivier Duhamel. Elle brise le silence, met des mots sur ce qu’on n’avait jamais osé dire.
2 – Le Voyage dans l’Est, Christine Angot
La romancière et dramaturge française, Christine Angot, raconte dans son roman l’indicible. Elle se livre sur l’inceste qu’elle a vécu par son père, ponctué de l’inaction de ses proches « qui savaient ». Un événement qui a dévasté l’enfance si innocente de la petite fille de 13 ans qu’elle était, et plus globalement sa vie.
« Quand ils arrivaient, il fallait faire semblant que ce n’était pas grave », écrit-elle à propos des gestes terribles de cette figure paternelle censée la protéger. Un récit aussi puissant que bouleversant à découvrir afin de comprendre les mécanismes nauséeux de l’inceste.
3 – La petite fille sur la banquise, Adélaïde Bon
Voici un autre roman autobiographique qui vous transpercera le cœur. Dans La petite fille sur la banquise, Adélaïde Bon couche sur le papier le drame de son enfance. « Quand on n’a pas les mots, on se tait, on s’enferme, on s’éteint, alors les mots, je les ai cherchés. Longtemps », confie-t-elle.
Le résultat ? Un roman aussi poignant que bouleversant dans lequel elle revient sur ce dimanche de mai où un violeur en série a brisé son innocence alors qu’elle n’avait que 9 ans, sur le silence, la solitude, le faire-semblant, sur le procès aussi, plus de 20 années plus tard. C’est avec beaucoup de tendresse et d’effroi que la rédaction a dévorer ce récit. On vous le conseille.
4 – En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis
L’enfance d’Eddy ? Une descente aux enfers, selon ses mots. L’auteur Edouard Louis, né sous le nom d’Eddy Bellegueule, raconte dans son roman qui se veut autobiographique (sa famille a réfuté ses dires), son enfance jonchée des brimades de ses camarades collégien.ne.s, de l’homophobie et du racisme de sa famille.
« C’est toi le pédé ? », « Une sale tantouze », « Une gonzesse », « Arrête avec tes airs »… sont autant de violences verbales auxquelles le petit Eddy doit faire face en se construisant, sans parler de celles physiques. Pour se (re)construire, Eddy a dû fuir son village de Picardie. Un livre qui donne à réfléchir.
5 – Chavirer, Lola Lafon
Ou poser les limites du « prête à tout pour réussir » quand on a que 13 ans et que l’on rêve plus que tout de devenir danseuse ? Cléo ne le sait pas et tombe malgré elle dans une sombre affaire de trafic sexuel. La mystérieuse Fondation qui lui a accordé une bourse lui fait subir l’indicible et la pousse à embrigader d’autres jeunes filles dans cette terrible entreprise.
Seulement, 30 ans plus tard alors qu’elle a réussi et que la scène est à elle, un dossier photo refait subitement surface. La police lance un appel à témoins pour retrouver les victimes. Pour Cléo, il est temps d’affronter ce passé de victime et de coupable qu’elle a si longtemps cherché à oublier.
6 – Chemins bleus, Gaspard Saga
Quand on grandit, que l’on devient adulte, on se rend parfois compte que ça ne va pas. C’est le cas de Leticia. Son boulot, son petit-ami, cette vie de Parisienne bourgeoise. Ce n’est pas elle. Alors elle part.
Mais au cours de ce voyage vers elle-même de douloureux souvenirs d’enfance, jusqu’ici oubliés, refont surface. Comment se reconstruire alors qu’on n’avait même pas prévu de le faire ? Leticia n’a d’autre choix que d’arpenter les chemins bleus pour le savoir.
7 – Le Voile noir, Anny Duperey
Comment grandir sans ses parents à ses côtés ? Pourquoi, d’ailleurs, ont-ils disparu si jeunes ? Comment oublier cette scène qui s’est imposée à elle alors qu’elle n’avait que 8 ans ? Dans ce roman, Anny Duperey lève le voile noir qu’elle a inconsciemment déposé sur sa famille, dont elle est la seule rescapée, et son enfance. Après 35 ans de silence, elle se décide à exhumer les photos, prises en majorité par son père, de ce qu’elle appelle son « tiroir-sarcophage ». Image après image, elle raconte ce qui n’est plus.
Ne vous attendez pas à trouver en Le Voile noir une longue lamentation. Vous vous surprendrez peut-être même à sourire à l’évocation de certains souvenirs heureux. Ce roman est le récit d’un drame intime. L’histoire d’un deuil long et difficile, teinté parfois de nostalgie et de rancœur.
8 – Ne le dis pas à maman, Toni Maguire
Difficile de se construire dans une famille violente physiquement ou psychologiquement. Telle a été l’enfance de l’autrice Toni Maguire. Dans son roman devenu best-seller en Angleterre Ne le dis pas à maman, elle se livre sur les souvenirs de son lourd passé.
On découvre la petite Antoinette (représentation d’elle-même) en proie aux sévices sexuels de son père, à la passivité de sa mère face à cela et au rejet de son entourage. Malgré tout, jusqu’aux derniers souffles de sa mère, elle sera là pour l’épauler. Un livre-témoignage sur une enfance cauchemardesque, poignant et bouleversant !
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