« Mon nom est Clitoris », une alternative ludique pour découvrir toutes les facettes de la sexualité féminine. Adieu idées préconçues et incompréhensions… ici, le clitoris se met à nu. Un documentaire qui chatouille notre curiosité et caresse notre intellect. Découverte.
Un organe tabou
Dans les manuels d’SVT ou au cœur de l’éducation sexuelle, le clitoris est souvent placé au second plan. Pourtant, ce petit organe aux 8000 terminaisons nerveuses s’esquisse comme un allié de taille pour doper le plaisir féminin. Même à l’heure d’une vie intime décomplexée, le clitoris fait encore rougir les plus arriérés.
Rabaissé au rang de tabou, ce bout de chair aux mille pouvoirs ne jouit pas encore d’une immense gloire. D’ailleurs, 20 % des femmes françaises ignorent toujours où il se trouve. Pour révéler au grand jour ce qui se cache sous les jupes des filles, Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet ont sorti le documentaire « Mon nom est Clitoris ». Une ode à la sexualité féminine qui met enfin le doigt sur cet organe de l’ombre.
Des confidences sincères
Le documentaire « Mon nom est Clitoris » est un bijou à l’état brut. Les deux auteures belges ont capturé des paroles sincères. Elles ont recueilli les témoignages de douze femmes âgées de 16 à 20 ans. Comme lors d’une soirée entre copines, on pousse ainsi les portes de leur chambre et on s’abreuve de leurs confessions percutantes.
Sans filtre, elles se livrent face caméra et partagent leurs questionnements, leurs peurs, leurs expériences… Autant d’aspects qui confèrent à ce film une dimension amicale et tendre. « Le clitoris fait la taille d’un pénis, il mesure 11 cm »… la véracité transpire et les scoops fusent. Grâce à ce côté confidentiel et ces mises en scène épurées, on parvient aisément à s’identifier.
Tordre le cou au patriarcat
Dans un même temps, ce documentaire met une bonne claque au culte de la pénétration. Daphné Leblond et Lisa Billuart-Monet souhaitaient en finir avec cette image désuète que l’on a des rapports sexuels et de la masturbation.
Lors de cette succession d’interviews, ces jeunes femmes modernes ont encore des idées préconçues, des croyances anciennes qui leur collent à la peau. « Je pensais que c’était mal de se toucher donc je n’en parlais à personne »… une phrase qui prouve que les injonctions dominent, et qu’il est temps de lever le voile sur la sexualité féminine. D’ailleurs, les deux réalisatrices s’impliquent et les éclairent de temps à autre pour laisser une empreinte pédagogique.
Vaginisme, pornographie, homosexualité… un discours sans pudeur
Au fil de ce dialogue à cœur ouvert, des thèmes précis et édifiants s’esquissent : la sexualité infantile, la masturbation, la découverte (ou non) du clitoris, sa nature, la première relation sexuelle, le rôle des hommes, le plaisir… « Mon nom est Clitoris » donne aussi de la voix aux sujets étouffés comme le vaginisme, la virginité ou encore la pornographie.
Les jeunes femmes font un travail d’introspection et replongent dans leurs proches ou lointains souvenirs. Elles parlent de leur difficulté à se masturber par méconnaissance de leur corps, la honte d’en parler à leurs copines, l’ignorance de leur famille face à leurs questionnements ou la sous-représentation de la sexualité dans les cours d’SVT.
Bien que la femme se hisse comme le pilier de « Mon nom est Clitoris », d’autres profils sont mis à l’honneur. Munies de bienveillance, les deux réalisatrices tendent à montrer les multiples visages de la sexualité. Dans cette démarche inclusive, elles redorent alors le blason de l’homosexualité, des personnes rondes, des êtres colorés… En définitive, ce documentaire est une œuvre d’utilité publique.
D’ailleurs, il est en lice pour le César du Meilleur Film Étranger 2021. Une pointe de fun, une pincée de fous rires et une bonne dose d’enseignements… Ces 88 minutes éducatives feront saliver le jury. Une pépite à savourer sans modération ! Disponible en DVD le 2 mars et en VOD dès le 2 avril.