Le 18 janvier dernier, France 2 diffusait le documentaire « Noirs en France ». Réalisé par Aurélia Perreau et Alain Mabanckou, il entend donner la parole aux premier.ère.s concerné.e.s. Pendant 1h45, les générations se côtoient pour raconter le racisme dont tou.te.s sont victimes, parfois quotidiennement.
Raconter la «France noire de 2022 comme une trajectoire de vie »
Le cœur de « Noirs en France », ce sont six personnages. Une petite fille de 8 ans, un lycéen de Niort, une danseuse de 22 ans, un aide-soignant, un couple mixte et un ancien tirailleur. Une sorte de chaîne de vie que le documentaire déroule lentement afin de faire comprendre à son public ce que signifie exister en tant que personne racisée dans notre pays.
En plus de ces histoires, se mêlent les expériences de personnalités publiques comme Yannick Noah, Maboula Soumahoro, Jean-Pascal Zadi ou encore Soprano. Pour la première fois, la parole est donnée aux premier.ère.s concerné.e.s. Raconté par l’écrivain Alain Mabanckou, le film oscille savamment entre clichés, discriminations, espoir et fierté pour raconter notre société.
« Je suis noir.e » : une prise de conscience difficile & violente
Si le documentaire fait autant de bruit, c’est parce qu’il contient des scènes absolument bouleversantes. L’une des plus médiatisée et relayée sur les réseaux sociaux est celle du test de la poupée. Elle reprend une expérience de sociologie mise en place aux États-Unis dans les années 1950.
Le but est de demander à des enfants noirs quelle poupée ils préfèrent entre une blanche et une noire. La plupart pointent alors du doigt la poupée blanche en expliquant naïvement que c’est « la plus belle ». Une démonstration saisissante des effets des standards de beauté racistes, et ce dès le plus jeune âge.
Une fois intégrées, ces injonctions à la « blanchitude » ont pour conséquence une mise à l’écart des personnes racisées, parfois très violente. À la rédaction nous ne sommes pas resté.e.s insensibles lorsque la petite sœur de Maïly explique s’être fait traiter de « caca » par ses camarades à cause de sa couleur. Une insulte pourtant courante comme l’atteste les autres personnes interviewées dans ce documentaire.
Parfois, les injures vont même plus loin. 32 % des personnes originaires d’Afrique sont victimes de harcèlement. Ibrahima, jeune lycéen résidant à Niort, explique sa souffrance lorsque ses camarades de sixième l’ont déshabillé puis traité de « négro ». Des agressions racistes qui peuvent créer de réels traumatismes, surtout lorsqu’elles sont répétées. Et c’est malheureusement le cas puisque les personnes interrogées expliquent que cela a lieu partout et tout le temps. Dans la rue, au travail, dans l’intimité d’une belle-famille, d’un groupe d’amis, d’un couple…
J’étais en stage pour devenir aide-soignante, je devais aider un monsieur à s’habiller et il a dit « Non, la noire ne me touche pas », j’étais choquée, les larmes aux yeux. Ma collègue, blanche,lui a dit « Alors personne ne vous aidera dans ce cas» Merci Monique #NoirsEnFrance pic.twitter.com/S7unbD1qXi
— Isad⭕️ra 🥀 (@Isadora46314697) January 18, 2022
Bien que l’inclusion ne cesse de faire des pas, suscitant de grands espoirs, les discriminations raciales restent une réalité que ce documentaire décrypte et explique avec justesse. Une production touchante qui nous alerte sur l’urgence de déconstruire les stéréotypes racistes.
« Noirs en France » est accessible en replay jusqu’au 19 mars 2022 sur France.tv.