Le deuxième album d’Angèle est à peine sorti qu’il a déjà fait couler beaucoup d’encre. Intitulé « Nonante-Cinq », il dépeint de manière intime les questions de ruptures amoureuses, de solitude, de rapport à soi-même, et de questions sociétales comme les violences contre les femmes notamment. Un disque à la fois adoré pour sa douceur et sa sincérité, et critiqué pour son côté « vulnérable » et auto centré.
En l’espace de trois ans, la chanteuse belge Angèle a su très vite (et parfois malgré elle) se faire une place internationale dans le monde de la musique, mais aussi des luttes sociales comme le féminisme. Retour sur son parcours et ce qui l’a amené à faire un disque si intimiste.
De l’universel au personnel
Angèle a été révélée en 2018, lors de la sortie de son premier album « Brol », certifié double disque de diamant et écoulé à plus d’un million d’exemplaires. Ses chansons parlent à un public « universel ». Très vite, elle remplit les scènes de concert, et on l’appelle pour des projets de plus en plus grands. La chanteuse bruxelloise se retrouve dans un film avec Carax, dans le rôle d’égérie et d’ambassadrice pour Chanel, et dans un documentaire Netflix.
Avec le titre « Balance Ton Quoi », elle est propulsée au rang des militantes féministes, et « Ta Reine » fait d’elle une nouvelle icône de la communauté LGBTQIA+. Si tout à l’air de lui sourire avec facilité, l’artiste tient à raconter elle-même son histoire.
Dans « Angèle », le documentaire Netflix qui vient tout juste de sortir, la chanteuse revient sur son parcours en lisant ses plus vieux journaux intimes devant la caméra. Elle se questionne alors sur elle-même et sur sa relation à sa vie de pop star adulée.
En parallèle, son nouvel album qui traduit ses pensées est paru le 3 décembre dernier sur les plateformes d’écoute (avant sa sortie officielle, prévue initialement le 10 décembre). « Nonante-Cinq » fait référence à son année de naissance (1995), et est sorti le jour de ses 26 ans. C’est donc un disque qui annonce la couleur : il sera très personnel.
« Nonante-Cinq », un journal intime libre
Si le ton est bien moins universaliste que sur ses travaux précédents, l’artiste touche tout de même à des questions sociétales qui parleront à plusieurs d’entre nous. C’est le cas notamment de « Tempête » et de « Mots Justes », qui évoquent les violences faites aux femmes. Elle dévoile aussi son côté nostalgique en offrant une sorte de relecture du grand classique « Comme d’habitude ». On retiendra la beauté de cette phrase « On s’habitue à tout/Sauf peut-être à perdre ce qu’on aime ».
On se laisse également bercer par les chansons : « Pensées Positives », « Profite » ou encore « Démons » en featuring avec le rappeur Damso. On détecte également des références à Erik Satie et à Charles Aznavour. Parmi les 12 titres de l’album, la plupart touchent donc à l’intime de la pop star. Parolière, Angèle écrit et se livre sans fard sur son parcours et son rapport à soi-même.
Dans « On s’habitue », elle chante par exemple les douloureuses premières fois, les peines de cœur. La rupture amoureuse revient avec « Taxi », et la solitude avec « Solo ». Comme elle l’avoue elle-même sur l’une de ses chansons : « D’ailleurs, je ne peux pas m’empêcher/De composer comme exutoire/Racontant ma vie privée/Et puis ensuite de m’en vouloir. » Pourtant, sa sincérité fait tout de même bon nombre de critiques.
« Nonante-Cinq » : un album imparfait, mais touchant
Son dernier album a reçu des critiques négatives de la part de médias comme Le Monde, qui trouve qu’il n’apporte rien de nouveau, du Figaro qui déplore l’utilisation de l’autotune. Ou encore de Libération, qui a titré sa critique musicale « journal infime ». De manière générale, la presse aime tout de même son travail, mais déplore l’égocentrisme et le ton « sanglotant » de la pop star.
Quoiqu’il en soit, Angèle dit ne pas chercher à faire croire qu’elle se prend au sérieux. Pour cela, elle la joue naturel, plus authentique, depuis ses débuts au-devant de la scène il y a trois ans. Cela se traduit notamment par l’humour, léger, mais direct, sur ses réseaux sociaux comme Instagram. Ou encore par cet album « Nonante-Cinq » imparfait (personne n’est parfait après tout..), mais touchant. En somme, un art qui lui ressemble, et qui parlera surtout aux jeunes filles.
« Elle a un côté ‘girlnext door’ plein d’autodérision. C’est plutôt rare. Son discours frontal est simple, mais chargé de sens », explique la journaliste Rebecca Manzoni
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