« Parlons poils ! » est un de nos livres préférés de l’été 2021. Les deux journalistes à l’origine du compte Instagram du même nom, Juliette Lenrouilly et Léa Taieb, ont concocté ce petit manifeste féministe, avec tous les outils pour mieux comprendre et normaliser le poil féminin. Leur but est que de plus en plus de femmes et de minorités de genre puissent faire le choix, de manière décomplexée, de s’épiler ou non. Elles parlent autant de révolution du poil que d’épilation intégrale au laser.
Le poil féminin, un sujet au cœur des débats
C’est l’un des premiers livres sur le sujet. Les auteures de « Parlons poil ! » sont Juliette Lenrouilly et Léa Taieb, toutes deux journalistes, à l’origine du compte Instagram militant du même nom. Sur ce compte, elles déconstruisent les idées reçues sur la pilosité féminine, dans le monde de l‘art, de la sociologie, de la science, des médias et de la publicité. Elles partagent leurs recherches à une communauté majoritairement féministe, à travers des contenus pédagogiques et drôles.
De ce compte a découlé la création de cet ouvrage, dans lequel elles brossent un portrait complet d‘une simple réalité anatomique au cœur des débats actuels : le poil féminin. Depuis janvier 2019, les deux militantes récoltent en ce sens plusieurs milliers de témoignages de femmes et d’hommes, d’anonymes, de personnalités, de chercheur.euse.s, pour questionner leur rapport au poil féminin. Avec les résultats de leur enquête et toutes leurs connaissances acquises durant leur travail, elles ont publié cet ouvrage, sorti le 22 avril aux éditions Massot.
Mieux connaître son corps et sa place dans la société
Les auteures dénoncent une vraie méconnaissance sur l’utilité du poil aujourd’hui. Finalement, peu de gens l’entendent de cette manière, mais les poils sont avant tout une barrière de protection. Dans l’ouvrage, on apprend par exemple que les poils des aisselles permettent de réguler la température de notre corps, on découvre aussi les origines de la domestication masculine de la pilosité des femmes, depuis l’Antiquité. Des anecdotes historiques, des recherches anthropologiques, des expériences sociologiques… bref, on apprend à mieux connaître notre corps, sa place dans notre société, et à se réconcilier avec ses poils.
« Le but de notre enquête, n’est pas d’inciter à s’épiler ou ne pas s’épiler, mais d’inciter à faire un choix », expliquent-elles au HuffPost
80 % des Françaises se déclarent contre les aisselles non épilées
D’un côté, les couvertures de magazine et les publicités body positive prônent toujours plus de diversité des corps. Les contenus militants et pédagogiques sur les bienfaits du poil se multiplient ces dernières années, notamment sur Instagram et TikTok. Le poil libre, assumé et mis en valeur est aussi une tendance chez les stars. On pense notamment à la chanteuse Miley Cyrus, qui avait affiché avec fierté des aisselles teintes de rose sur Instagram, et imitée par le chanteur de reggaeton Bad Bunny. Notons que ce dernier a reçu beaucoup moins d’insultes et bien plus de messages d’admiration pour son acte.
Pourtant, la question d’émancipation féminine à travers l’épilation ne fait pas l’unanimité. D’après un sondage de Glossybox réalisé en 2017, ce sont près de 80 % des Françaises qui se déclarent contre le retour des aisselles non épilées. De plus, le marché des produits dépilatoires se porte à merveille, et beaucoup de personnes continuent à associer le poil féminin à quelque chose de « viril » ou de « sale », « non hygiénique ».
L’injonction à l’épilation toujours présente
Publié juste avant l’été 2021, il est tombé à pic pour faire face aux diktats du Summer Body et notamment à l’injonction à une pilosité inexistante ou infantile chez les femmes et les adolescentes. Alors bien sûr, à notre époque, personne ne met le couteau sous la gorge d’une femme si elle ose laisser pousser les poils. Mais il n’empêche qu’on va décréter qu’elle est sale, qu’elle ne prend pas soin d’elle. En ce sens, les deux auteures s’accordent sur le fait que l’épilation féminine est une charge mentale pour la femme, et une réelle injonction.
« Les femmes ne sont pas libres de faire ce qu’elles veulent de leurs poils et de leur corps. Si elles décident de garder leurs poils, elles s’exposent au harcèlement, à de la violence sexiste, de l’humiliation au quotidien. Même dans le cadre professionnel, on peut leur faire une sorte de chantage : si elles ne s’épilent pas, elles portent atteinte à la réputation de la boîte. Même l’employeur a son mot à dire sur le corps de la femme », raconte Léa à Konbini.
Vous avez aimé (ou détesté) ce livre ? Venez en discuter sur le forum de The Body Optimist !