Humiliées, invisibilisées, stéréotypées… Les personnes grosses, « les gros », sont encore beaucoup trop stigmatisés. Le photographe français Axel Perez s’est installé dans une clinique près de Toulouse et les a photographiés durant un mois et demi. Le résultat se découvre dans une expo située le 11ème arrondissement de Paris, jusqu’au 27 avril 2019. Vous voulez en savoir un peu plus ? On vous raconte.
BIG : l’exposition pour célébrer les personnes obèses
« Delphine vit dans un monde imaginaire, s’identifie aux personnages de ses livres et s’évade » explique Axel Perez à propos de la femme qui se trouve en photo de couverture de cet article. Car oui, Delphine est grosse, Delphine est obèse, mais elle est surtout un être humain, au même titre que tous ceux qui vivent sur cette Terre.
Durant un mois et demi, Axel Perez, photographe spécialiste du milieu médical, a suivi plusieurs patients obèses dans une clinique du sud de la France. Lors une interview accordée au Huffington Post, il explique :
Cette exposition est une manière pour moi de redonner la parole et de la visibilité à des personnes qui n’en ont pas. Les premiers jours, on ne m’a pas adressé la parole. Puis, au bout d’un certain temps, on a commencé à me demander ce que je faisais là, à me poser des questions sur ma démarche. Alors que celle-ci aurait pu me faire passer pour un intrus, ils m’ont accordé toute leur confiance.
Delphine, Ida, Marie-Claude ou encore Jean-François, tous ont accepté de poser devant l’objectif et d’y laisser une petite partie d’eux-mêmes. Pas d’authenticité si on ne se met pas à nu derrière l’objectif… Axel Perez renchérit :
Ce qui m’intéresse, c’est de faire en sorte que le monde devienne un peu moins fou et qu’on s’attache moins aux valeurs matérielles.
Car oui, qu’on le veuille ou non, nous vivons dans une société où l’apparence est primordiale. Le gros ne fait rien comme il faut car il ne rentre pas dans ce cliché de minceur et de beauté unique dans laquelle notre société s’évertue à vouloir nous enfermer.
Quand la grossophobie engendre l’obésité
La psychanalyste Catherine Grangeard (et coauteure de l’excellent « La femme qui voit de l’autre côté du miroir ») a été conviée à l’exposition en tant qu’intervenante. Elle explique à quel point la grossophobie est ancrée dans les mœurs et acceptée par tout le monde :
Je sais à quel point les gens ne s’aiment pas. Nous sommes toutes et tous grossophobes à l’égard de la prise de poids, pas seulement face aux personnes en surpoids. On a intégré le fait qu’il ne fallait pas qu’on prenne trois ou quatre kilos en trop avant l’été, par exemple.
À cela, la raison est simple :
Cette société nous a longtemps fait comprendre que la beauté d’un individu résidait dans sa minceur. Du coup, les gens vont regarder celles et ceux qui sont en obésité avec horreur. Cette exposition fait beaucoup cogiter.
En effet, on peut s’amuser à renverser la situation. Et si l’obésité était la norme, les personnes minces seraient-elles également regardées avec dégoût ? Englué dans les clichés et les stéréotypes, on perd bien trop souvent de vue qu’un gros reste avant tout une personne, un être humain fait de chair et de sang.
Avec cette exposition, la différence se célèbre, au naturel, sans fioriture et ça fait tout simplement du bien. Rendez-vous à la galerie Pleine Ouverture (11ème arrondissement de Paris), du mardi au samedi entre 14h et 20h et jusqu’au 27 avril 2019.