Pour 1 jeune sur 2, les séries permettent de lutter contre les stéréotypes

Le quotidien d’information 20 minutes a récemment interrogé sa communauté de jeunes lecteurs et lectrices sur les questions d’inclusivité dans les séries actuelles. Résultat : les avis sont assez partagés, mais dans l’ensemble, les jeunes vantent les bienfaits d’une meilleure représentativité des minorités. Sex Education arrivant visiblement en pole position sur le podium des séries qui abordent des sujets « briseurs de stéréotypes ». Une bonne nouvelle !

Lutter contre les discriminations par la représentation

À l’occasion, le 17 septembre dernier, de la sortie très attendue de la saison 3 de la série britannique Sex Education sur Netflix, et du nombre montant de séries inclusives20 minutes et Opinion Way ont publié les résultats de leur étude. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 450 jeunes âgés de 18 à 30 ans, elle a révélé qu’un jeune sur 2 (50 %) pense que des séries comme Sex Education permettent de lutter contre les stéréotypes véhiculés, notamment, par la pornographie. 58 % des sondé.e.s pensent que les séries peuvent aider un peu à lutter contre le racisme et l’homophobie, et un tiers (32 %) en sont convaincus.

Sex Education est en effet une série qui séduit un large public, étant à la fois drôle, dynamique, et déconstruisant les stéréotypes sur les sexualités. Elle traite avec justesse la plupart des sujets progressistes tels que le consentement, le racisme, l’homophobie, le validisme, le sexisme, la binarité, et pense à n’exclure aucune minorité, ni dans ses récits ni dans son casting.

On pense notamment à une scène dans un des épisodes de la saison 3, qui brise avec brio plusieurs tabous tenaces, dont celui de la sexualité d’un personnage en fauteuil roulant, Isaac. L’acteur George Robinson qui l’interprète expliquait à la BBC l’importance de son rôle dans la série pour la communauté de personnes en situation de handicap :

« Les retours qui me sont faits de la part des personnes en situation de handicap, c’est que c’est vraiment rafraîchissant de voir quelqu’un de si à l’aise avec lui-même et qui ne remet pas en question son existence. »

Bienfaits et limites de la visibilisation des minorités

Globalement, si les avis des jeunes sondé.e.s sont très partagés, beaucoup expliquent qu’une meilleure représentativité des minorités est positive :

« Avoir la possibilité de comprendre l’autre, c’est la beauté des histoires, commente un sondé. On va avoir de l’empathie pour les personnages de l’histoire, notamment si c’est le héros, et le fait d’avoir des minorités permet de voir les situations auxquelles elles sont confrontées, et qu’on ne pourrait pas imaginer… »

Cependant de nombreux jeunes voient les limites de cette représentation des minorités. En effet selon ce sondage 20 minutes et Opinion Way, 65 % des jeunes trouvent « utile » ou « normal » la présence de personnages LGBTI ou racisés dans les séries, mais à côté de cela, 35 % pensent que c’est « politiquement correct » ou « pénible ».

« Je suis contente pour toutes ces minorités, mais c’est parfois forcé. Aujourd’hui, dans toutes les séries il y a un coming-out, une minorité qui subit du racisme, ou du girl power en veux-tu en voilà. Du coup, c’est toujours un peu les mêmes histoires », explique en ce sens un sondé.

Ce traitement des mouvements sociétaux dans l’unique but de générer des bénéfices porte d’ailleurs un nom : le « woke-washing ». À noter que la plupart des femmes sondées (77 %) ont un avis positif sur l’inclusivité dans les séries contre seulement 53 % des hommes.

La fonction « révolutionnaire » des séries

Malgré quelques septiques au regard de ce sondage, il est un fait que les séries ont joué au fil des siècles, et jouent encore, un rôle majeur dans la représentation des sexualités, des stéréotypes de genre ou encore des violences sexistes et sexuelles. Iris Brey, spécialiste de la représentation du genre dans les séries, expliquait en ce sens à France Inter la fonction révolutionnaire des séries :

« Elles inondent nos écrans, sont accessibles à toutes et à tous, et ont un impact mondial. Les séries anticipent les grands moments sociétaux tant elles connaissent une augmentation des créatrices de séries qui sont des femmes politisées qui se battent dans l’univers du cinéma et de la télévision contre toute forme de sexisme. Comme Shonda Rhimes (Grey’s anantomy, Scandal) ou encore l’actrice et productrice Reese Witherspoon de « Big little lies »… »

Cet exercice d’inclusion dans les séries est aujourd’hui manifestement plus pris au sérieux qu’avant. Reste à s’assurer que cette diversité dans la culture bénéficie réellement aux minorités représentées, et non uniquement aux majorités dominantes (comme la plateforme de streaming Netflix, par exemple). Sans quoi ce progressisme ne serait qu’une illusion, un argument de vente.

D’ailleurs, une jeune femme sondée ajoute que la culture n’est pas suffisante pour que les discriminations soient prises en charge dans la réalité, dans les autres sphères du pouvoir :

« Les séries peuvent participer à la lutte contre le racisme et l’homophobie, mais ce travail doit aussi et surtout se faire dans les entreprises, les lieux de pouvoir, et les lois… »

Et vous, que pensez-vous du pouvoir de la représentation de nos diversités à l’écran ? Venez partager vos impressions sur le forum de The Body Optimist !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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