Le casque vissé sur le crâne, vous vivez au rythme des playlists. Mais certaines mélodies continuent de résonner même lorsque vous coupez le son. Qu’il s’agisse de « Flower » de Miley Cyrus ou de « Shake it off » de Taylor Swift, il y a des musiques qui tournent en boucle dans la tête. Vous avez beau vouloir les mettre en sourdine, elles restent toujours au coin de votre oreille. Vous vous surprenez alors à les siffler ou à les chantonner du matin au soir. Impossible de changer de disque. Mais pourquoi certaines musiques restent-elles gravées en tête et se font plus rugissantes que d’autres ? Éclairage.
Le curieux phénomène du ver d’oreille
Vous ne l’avez entendue qu’une seule fois et pourtant elle prend toute la place dans votre tête. Cette musique qui bourdonne au creux de votre oreille vous tape littéralement sur le système, mais vous n’arrivez pas à l’arrêter. Il peut s’agir d’un slogan publicitaire, d’un tube planétaire ou d’un générique de dessin animé, ce son semble avoir pris le pas sur votre voix intérieure. Il est plus fort que le reste et devient obsédant.
Même si vous êtes fan de Beyoncé, vous aimeriez mettre un bon scotch sur la bouche de la queen, qui commence à se faire un peu trop intrusive dans vos pensées. Ces musiques, qui restent gravées en tête et qui perturbent votre tranquillité, ont retenu l’attention de la classe scientifique. Selon les spécialistes, ces airs aux allures de « velcro » illustrent une tare bien commune : les vers d’oreille.
Vous imaginez certainement des petites bêtes grouiller dans vos cavités. Mais inutile de prendre un rendez-vous en urgence chez l’ORL. En fait, selon la définition scientifique, il s’agit d’un thème musical, d’une mélodie ou d’une suite de notes dont le souvenir est mentalement persistant, répétitif et difficile à réprimer. Tout comme les fourmis dans les jambes, les vers d’oreille posent une image sur une sensation, qui peut devenir très pénible.
Le ver d’oreille se forme souvent lorsque votre esprit est déconcentré et se voue à une activité qui demande peu d’effort cérébral. En bref, moins vous êtes focus sur ce que vous faites et plus facilement elle vous envahira. Les musiques qui restent gravées en tête ont également une structure précise. Elles ont un tempo rapide, des paroles simplistes, un fond sonore dynamique et plusieurs récurrences. Pas étonnant que « I will survive » vous « habite ». Cette chanson iconique de Gloria Gaynor possède en effet tous les composants pour se tatouer dans les esprits. Même écho pour « Baby shark » qui a fait vriller de nombreux parents.
Votre cerveau, le principal coupable
Le cerveau est un organe complexe sur lequel vous n’avez pas vraiment de pouvoir. En définitive, c’est lui qui décide si oui ou non, vous allez vous farcir « Ça fait rire les oiseaux » ou « Call me maybe » toute la journée. Si certaines musiques s’encastrent fermement dans la tête, ce n’est pas un hasard. Les sons que vous affectionnez et que vous pouvez écouter inlassablement s’impriment naturellement dans votre cerveau puisqu’ils procurent du « bien-être ».
Lorsque vous les écoutez, votre cerveau produit un joyeux medley de dopamine, de morphine endogène et de sérotonine, soit des hormones relatives au plaisir. Si vous raffolez du titre de « Chandelier » de Sia, votre cerveau fera en sorte de le faire perdurer, quitte à vous en écoeurer. C’est le même principe avec la drogue. Vous pouvez essayer de vous raisonner autant que vous voulez, votre cerveau aura toujours le dernier mot et vous fera consommer cette symphonie jusqu’à épuisement.
Un message de votre inconscient
« Hometown Glory » d’Adèle ne vous quitte plus depuis que vous avez déménagé ? Vos oreilles balancent pour « Cry me a river », faisant le parallèle avec votre rupture amoureuse toute fraîche ? Ou au contraire, c’est « Sun is shining » de Bob Marley qui retentit dans votre esprit en permanence ? Ces musiques qui restent gravées dans votre tête font parfois sens avec votre état moral du moment. Elles incarnent vos ressentis d’une façon plus abstraite. Elles transportent avec elles une myriade de messages subliminaux et traduisent votre humeur.
Si le morceau « Kim » d’Eminem campe dans votre tête, c’est peut-être que vous avez un trop plein de haine en vous. À l’inverse, si c’est « Ne me quitte pas » qui vous taraude, alors vous devez probablement avoir le béguin pour quelqu’un. Apprenez à lire entre les lignes de ces chansons qui enduisent votre esprit et à interpréter les lyrics pour comprendre pourquoi elles vous hantent.
Comment se sortir une musique de la tête ?
Malgré tous vos efforts pour vous détourner de cette ritournelle et l’expulser de vos oreilles, elle fait toujours autant de bruit. Même en vous gavant d’autres musiques, celle-ci semble avoir des amplificateurs surpuissants. À ce jour les chercheur.se.s n’ont pas vraiment trouvé de technique « miracle » pour mettre ces musiques intérieures sous silence.
En revanche, les chercheurs de l’université de Reading en Angleterre préconisent de mâcher un chewing-gum. Une méthode plutôt anecdotique, en apparence, qui distrait l’esprit autrement, à travers le système nerveux parasympathique. Vous pouvez également essayer de calmer cette irruption musicale et contrer l’effet redondant en lançant un autre titre.
Ces musiques qui restent gravées en tête sont plus ou moins supportables d’un être à l’autre. Certaines personnes prennent un malin plaisir à les entonner tandis que d’autres les maudissent. Quoi qu’il en soit, vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous avez une leçon à retenir : mettez-la sur une partition.