Ce n’était censé être qu’un clin d’œil de quelques secondes. Plus de 30 ans après la sortie de « Maman, j’ai encore raté l’avion ! », son réalisateur, Chris Columbus, confie amèrement regretter une scène en particulier : celle où Donald Trump, alors magnat de l’immobilier, indique le chemin au jeune Kevin McCallister dans le hall du Plaza Hotel. Une apparition devenue culte, puis controversée. Voici pourquoi elle gêne aujourd’hui profondément le cinéaste.
Une scène imposée pour accéder au Plaza Hotel
En 1992, Chris Columbus souhaite tourner plusieurs scènes de son film au Plaza Hotel, établissement prestigieux de New York, dont Donald Trump est alors le propriétaire. À la recherche d’un cadre grandiose pour les errances de Kevin, le réalisateur obtient un accord… à une seule condition. « Trump a dit : « La seule façon dont vous pouvez utiliser le Plaza, c’est si je suis dans le film » », explique Chris Columbus dans une interview accordée en avril 2025 au San Francisco Chronicle.
Ce n’était pas une simple suggestion, mais une clause non négociable. Le caméo est donc tourné : Kevin entre dans l’hôtel, demande son chemin à un homme dans le hall – Trump – qui lui répond simplement : « Tout droit, puis à gauche ».
Une scène applaudie… à l’époque
Lors des premières projections tests, notamment à Chicago, le public réagit de manière enthousiaste à l’apparition surprise de Donald Trump. Rire, applaudissements, complicité dans la salle. Pour le réalisateur Chris Columbus, c’est la preuve que la scène fonctionne. Elle reste donc dans le montage final. « Ils ont trouvé ça hilarant. À ce moment-là, c’était perçu comme amusant, presque prestigieux », explique-t-il.
À l’époque, Trump est une figure médiatique excentrique, mais encore largement perçue comme un homme d’affaires provocateur, bien loin de son futur rôle à la Maison-Blanche.
Une « malédiction » devenue politique
Avec le virage politique pris par Donald Trump dans les années 2010, et plus encore avec sa présidence, cette brève scène est devenue pour Chris Columbus une source de malaise. Il va jusqu’à la qualifier de « malédiction » : « C’est devenu une chose dont j’aimerais qu’elle n’existe pas. Une scène maudite ».
Dans un contexte où l’image de Trump polarise fortement l’opinion publique, le réalisateur regrette que son film, destiné à un jeune public et censé incarner l’esprit de Noël, soit aujourd’hui associé, même brièvement, à une figure aussi controversée.
Une polémique qui enfle entre les deux hommes
La controverse ne s’arrête pas à de simples regrets. En 2023, Donald Trump affirme publiquement que l’équipe du film l’a « supplié » de participer, assurant que sa présence ajoutait de la valeur au long-métrage. Une affirmation que Chris Columbus réfute catégoriquement : « Il a dit que je mentais. Je ne mens pas. Jamais je n’aurais supplié un non-acteur de jouer dans mon film. Nous voulions juste tourner dans son hôtel ».
Un désaccord qui prend des accents personnels, alors que Chris Columbus évoque une certaine frustration à voir cette scène perdurer, sans possibilité de la retirer sans relancer la polémique. « Si je la coupe, je serai probablement expulsé du pays. On dira que je ne suis pas digne d’être Américain ou que je dois retourner en Italie… ».
Malgré ses regrets, Chris Columbus reconnaît qu’il est trop tard pour supprimer la scène. Elle fait partie de la mémoire collective autour du film. Tentatives de montage alternatif ou suppressions numériques ont bien été évoquées sur les réseaux sociaux, mais le réalisateur refuse de céder à une forme de censure.