Aussi improbable que cela puisse paraître, la série Black Mirror avait vu juste. Elle savait tout depuis le début. Du premier épisode en 2011 à la dernière saison en 2023, chaque mini film était annonciateur des inventions actuelles, des plus utiles aux plus effrayantes. Ces scénarios dystopiques que l’on pensait réservés au petit écran et que l’on prenait à la légère se sont, pour la plupart, concrétisés dans la vraie vie. La réalité a fini par dépasser la fiction. Voici ce que la série Black Mirror avait prédit. Ça va bien au-delà de l’œuvre glaçante de Charlie Brooker, son créateur. Si vous vous demandiez : « et si ça se produisait un jour ? », vous avez la réponse.
Le système de note social
Fiction : dans l’épisode culte « Chute libre » (Nosedive), Black Mirror imagine un monde où chaque interaction sociale est notée via une application, et où votre score détermine votre statut social. Cette « dictature du like » pousse les citoyen·ne·s à calculer leurs moindres faits et gestes, de la façon dont iels remercient le·a serveur·se à la manière dont iels mangent leur biscuit. Les habitant·e·s de cette ville ultra-connectée décident du sort des autres en un simple revers de pouce. Iels se jugent avec des étoiles, comme on le fait sur Tripadvisor, et peuvent détruire la réputation d’une personne en un claquement de doigts.
Réalité : sur le papier, le scénario semble assez extrême. Pourtant, Black Mirror n’a rien inventé. L’épisode fait écho à un concept qui existe déjà dans l’Empire du Milieu. En Chine, le système de crédit social attribue une note aux citoyen·ne·s selon leur comportement. Une mauvaise note peut limiter l’accès à des services essentiels comme les transports ou le logement. Pas de prédictions dans ce chapitre de Black Mirror, mais une dénonciation.
Les puces sous la peau
Fiction : parfois, on aimerait bien avoir un disque dur encastré dans le cerveau pour préserver nos souvenirs les plus chers. Eh bien, dans l’épisode intitulé « The Entire History of You », les habitant·e·s sont doté·e·s d’une puce qui enregistre en continu leurs expériences. Cette technologie de pointe baptisée « Grain » leur permet de revivre des scènes de leur vie, mais aussi de clarifier des malentendus et de prouver des faits. Une trouvaille en apparence sympathique, mais qui trouve rapidement ses limites. Chaque interaction peut devenir un élément à charge et se transformer en dossier d’enquête.
Réalité : même si pour l’heure, les puces sont encore « marginales », elles pourraient bientôt s’inscrire dans le corps humain. C’est une des prédictions de Black Mirror les plus brûlantes. Elon Musk, le « gourou de la Tech », entend bien démocratiser ses implants cérébraux « Neuralink ». Selon ses dires, ils pourraient restaurer des fonctions motrices et connecter le cerveau humain à une IA. En Suède aussi, la population arbore une puce entre le pouce et l’index. Ces puces permettent de remplacer des cartes bancaires, des clés ou des badges d’entreprise.
L’émergence des robots tueurs
Fiction : c’est certainement l’une des prédictions les plus terrifiantes de Black Mirror : l’invasion de robots chiens destructeurs. Dans l’épisode « Metalhead », ces toutous futuristes semblent s’être ligués contre la race humaine et s’en prennent aux hommes comme un véritable chien s’en prend à son os. Ces bêtes, faites de métal et de boulons, règnent au cœur d’un univers désertique, où tout n’est que poussière et ruine. Dotées de capacités hors normes, elles font régner un climat de terreur.
Réalité : pour l’heure, les seuls robots que vous avez croisés se contentent de vous servir votre plat au restaurant ou de vous narrer la météo à la télévision. Pourtant, des robots chiens semblables à ceux de la série vont bientôt faire irruption en zone de guerre. C’est ce que laissait présager l’armée américaine avec sa dernière œuvre : un robot canin armé d’un fusil d’assaut. De là à ce qu’il se retourne contre l’Homme et se venge de ses années d’esclavage, on peut encore attendre quelques siècles, normalement.
Les discussions avec les morts
Fiction : dans l’épisode « Bientôt de retour », la série Black Mirror crée un pont entre le monde des mort·e·s et des vivant·e·s. Les scénaristes auraient pu imaginer un téléphone renvoyant vers le paradis, mais ils ont préféré rester le plus « crédible » possible. À travers « Be Right Back », ils portent la lumière sur une technologie capable de « ressusciter » les mort·e·s en récoltant leurs données sur les réseaux. Miraculeuse pour les un·e·s et glauque pour les autres, elle permet de discuter avec une personne défunte et de la garder éternellement à ses côtés. Dans cette intrigue qui dresse les poils, une entreprise en fait d’ailleurs son business. Martha, qui ne se remet pas de la mort de son mari, sollicite ses services pour l’entendre encore et encore.
Réalité : c’est une des prédictions de Black Mirror qui nous réjouit autant qu’elle nous épouvante. Pourtant, avec le règne de l’IA, cette invention, qui relevait du pur esprit créatif, est en train de devenir la norme. Le marché des ghostbots a visiblement trouvé son public et conquis le monde.
Une limite de temps pendant les dates
Fiction : dans l’épisode « Pendez le DJ », les applis de rencontre sont beaucoup plus évoluées. Les protagonistes ne se contentent pas de balayer de gauche à droite leur écran, iels ont des tas d’options et de nombreuses directives. D’ailleurs, iels se baladent avec un boîtier sous la main, où toutes leurs préférences sont stockées et exploitées. C’est ce petit gadget qui décide à leur place dans le jeu du cœur, comme un Cupidon numérique. Au point même de choisir leurs plats au restaurant et la date d’expiration de leur rendez-vous. Si les deux personnes sont compatibles, alors l’idylle se poursuit, sinon elle prend fin dans les plus brefs délais. Pas du tout stressant l’engin…
Réalité : dans notre ère ultra connectée, les applis de rencontre n’ont rien d’extraordinaire. Mais il en existe bien une qui possède la même fonctionnalité que celle de la série. Elle s’appelle « Juliet et », par la magie de l’IA, elle vous envoie un profil quasi sur-mesure, qui colle à vos attentes et vos goûts. Sauf que voilà, vous avez une limite de temps pour faire connaissance et la découvrir. C’est l’application qui prend le contrôle de votre cœur.
La surveillance ultra rapprochée des enfants
Fiction : dans « Arkange », une mère célibataire craint pour la sécurité de sa fille. Pour avoir l’esprit plus tranquille et toujours garder un oeil sur elle, même en son absence, elle succombe à une technologie soi-disant prometteuse. Grâce à un implant imposé à sa fille, elle peut voir ce qu’elle fait en temps réel. Ce système d’avant-garde permet aussi de flouter les images trop violentes qu’elle regarde. Elle restreint les contenus en direct.
Réalité : les parents d’aujourd’hui surveillent les enfants, non pas avec des implants, mais via des applis de géolocalisation ou les fameux air tag. Ces techniques sont moins « radicales » que dans la série, mais elles vont peut-être aussi prendre un tournant d’ici quelques décennies ?
Les producteurs de la série Black Mirror ne sont pas devins, simplement « logiques ». Finalement, tout était prévisible. Espérons que les prédictions de Black Mirror s’arrêtent là. Personne n’aimerait finir enfermé dans une peluche comme l’esquisse l’épisode « Black Museum ».