Entre 2010 et 2017, la série Pretty Little Liars a connu un succès planétaire. La vie de ces jeunes filles harcelées par un certain « A » a su nous tenir en haleine. Récemment, un reboot de la série est sortie sur Amazon Prime, Pretty Little Liars: Original Sin. C’est une réussite, voici pourquoi !
Un synopsis réadapté
Alors que la créatrice I. Marlene King avait réalisé deux spin-offs, Ravenswood et The Perfectionnists, ces derniers n’ont pas connu de succès. Proposer un reboot de Pretty Little Liars était donc un pari risqué. Le producteur-réalisateur Roberto Aguirre-Sacasa (Riverdale, Les Nouvelles Aventures de Sabrina) et la productrice-scénariste Lindsay Calhoon Bring ont réussi à relever ce défi. Leur idée ? Reprendre le concept de la série originale en lui offrant un aspect plus sombre, horrifique.
La série originelle Pretty Little Liars est elle-même adaptée des romans Les Menteuses signée Sara Shepard. Nous y suivions quatre adolescentes persécutées par un mystérieux « A » suite à la disparition de leur amie un an plus tôt. Des années durant, elles enquêtent et subissent cette traque, tout en menant une vie normale d’adolescentes.
Pretty Little Liars: Original Sin reprend les mêmes bases. Cinq jeunes filles se fédèrent dans l’investigation qu’elles mènent pour découvrir l’identité et les motivations de « A ». Il semble que ce dernier, bien plus violent que son alter originel, souhaite leur faire payer les péchés commis par leurs mères 20 ans auparavant. Ce reboot s’organise donc autour d’un double récit. En 1999, la ville de Millwood était frappée par la mort tragique de la lycéenne Angela Waters. Les flashbacks de la série nous laissent découvrir les lourds et traumatisants secrets bien gardés par les mères. Ces non-dits sont si graves qu’ils ont poussé l’une des mères à se suicider, laissant derrière elle sa fille enceinte Imogen.
Des easter eggs cachés dans le reboot
Si vous avez adoré Pretty Little Liars, vous serez ravi.e.s de retrouver des références plus ou moins cachées dans le reboot. D’abord, vous pourrez renouer avec le célèbre générique tant écouté. Ensuite, la série Original Sin commence elle aussi par un flashback avant de retrouver les amies au présent. Le harceleur, bien qu’il ne soit pas le même que dans la première série, porte le même pseudo : « A ».
D’autres easter eggs bien cachés s’immiscent au fil du récit, saurez-vous les trouver ? Le réalisateur Roberto Aguirre-Sacasa s’amuse de cela auprès du site TVLine :
« Une fois que vous atteignez l’épisode 6, les easter eggs commencent à arriver rapidement et furieusement, jusqu’à littéralement le dernier moment du dernier épisode »
Original Sin règle les problèmes de Pretty Little Liars
Même si Pretty Little Liars a marqué toute une génération, la série présente de nombreuses failles. Au-delà d’incohérences scénaristiques, de rebondissements sans fin et de son dénouement ahurissant, elle a de véritables problèmes de fond. Original Sin s’est donné l’objectif de les enrayer.
1 – Quand la sororité gagne
Pretty Little Liars était déjà intéressante en ce qu’elle construisait des liens amicaux entre des jeunes filles aux origines sociales et aux orientations sexuelles différentes. Pour autant, la sororité n’était pas particulièrement encouragée. Alors, dans le reboot les rivalités féminines s’effacent clairement face aux bienfaits de la sororité. Ces amies sont solidaires les unes des autres, elles savent pardonner et soutenir toutes les femmes de leur entourage, même celles qui les blessent. Aussi, on voit se construire un espace safe autour de cette amitié, permettant la libération de la parole sur leurs traumatismes.
Aussi, le rapport des filles avec leurs mères est largement exploré. Il paraissait souvent malsain dans la première série. Ici, la complexité des liens mères-filles n’est pas voilée. Elle sert même de modèle de transmission, de confiance et de réconciliation.
2 – Orignal Sin, une série qui dénonce le racisme
En introduisant davantage de personnages racisés, le reboot Pretty Little Liars: Original Sin visibilise le racisme en 2022. Nous pouvons y découvrir les différentes facettes que prend le racisme. Cela se fait notamment au travers des micro-agressions quotidiennes subies par Faran dans le milieu de la danse classique ; ou du programme scolaire blanc et masculin du cours de cinéma de Tabby. Aussi, ce reboot aborde aussi des sujets spécifiques comme le rapport des femmes noires à leurs cheveux.
3 – Victimes ou harceleuses ?
C’est un sujet que Pretty Little Liars avait totalement occulté, le harcèlement scolaire est largement abordé dans Original Sin. Le reboot offre une réflexion plus approfondie sur le harcèlement et la loi du silence, tant dans l’histoire des cinq amies que celle de leurs mères.
Nous voyons à l’écran de très nombreuses scènes d’humiliations, de harcèlements et de détresse. D’ailleurs, Original Sin n’a pas une vision dichotomique de ce phénomène : les victimes peuvent se transformer en harceleuses et inversement.
4 – Pretty Little Liars: Original Sin, résolument féministe
Le reboot de Pretty Little Liars n’hésite pas à aborder frontalement le sujet du patriarcat et des violences faites aux femmes. Ici, les joueurs de l’équipe du lycée ne sont pas fantasmés. Au contraire, certains d’entre eux incarnent une figure d’oppression sur les femmes. Ils ont de nombreux propos et attitudes misogynes désarçonnés par les filles avec brio. La série nous permet aussi de croire en une évolution des mentalités et une déconstruction des comportements sexistes.
Aussi, on suit en particulier la reconstruction d’Imogen et Tabby, survivantes de viols. Grâce à la sororité, elles pansent leurs traumatismes et tâchent de retrouver leur agresseur. Qui plus est, Imogen est enceinte : cela pose des questions pertinentes à une époque où les droits des femmes sur leurs corps sont remis en cause aux États-Unis. Dans le reboot Original Sin, les héroïnes ne sont pas réduites au statut de victimes passives. Elles décident de se lever pour lutter contre le male gaze et le système patriarcal, incarné par un shérif corrompu.
Enfin, ce reboot corrige le tir d’une des plus vives critiques lancées à Pretty Little Liars : la relation entre Aria et Ezra. Le problème ? Aria a 15 ans et elle est l’étudiante d’Ezra, lui-même âgé de 22 ans. Dans Original Sin, Tabby subie les nombreuses avances de son responsable au travail. Néanmoins, le scénario se refuse à toute romantisation d’un détournement de mineur. Elle explique clairement son refus à Wes qui cesse de l’importuner.
Pretty Little Liars: Original Sin saura vous offrir la nostalgie de la série originelle tout en vous tenant en haleine grâce à cette nouvelle intrigue. À l’image de Ginny & Georgia, c’est une série importante qui aborde avec justesse les écueils de notre société. Nous avons hâte de découvrir la suite de leurs aventures dans la deuxième saison…