On a vu « Le Garçon et le Héron » : voici les bonnes raisons de courir le voir au cinéma

Avec son œuvre « Le Garçon et le Héron », le grand Miyazaki laisse une empreinte notable dans l’histoire du cinéma. Ce nouveau tableau onirique, qui brosse le portrait d’un jeune homme en proie au deuil et poursuivi par un curieux héron, est le premier film d’animation japonais à recevoir un Golden Globe. Cette énième création, qui succède au « Voyage de Chihiro » et à « Princesse Mononoké » s’ouvre sur un univers saisissant où tous les sujets « durs » sont transformés en joyeuses métaphores. Une toile visuelle aux accents fantastiques et une narration savante parsemée de messages subliminaux, voilà les ingrédients qui font tout le succès de ce film, pas si enfantin qu’il en a l’air. Si vous hésitez encore, voici de bonnes raisons de franchir le pas des salles obscures et de plonger dans « Le Garçon et le Héron ».

Il aborde des thèmes sensibles avec une plume légère

À travers « Le Garçon et le Héron », Miyazaki raconte une histoire lourde avec une finesse qui lui est propre. Ce maître penseur de l’animation s’est toujours distingué par ses sujets de prédilection crus et ses mondes nébuleux. Mais au lieu d’y poser un regard fataliste ou obscur, il développe ces thèmes sombres sous le filtre de la fantaisie. Il ne déroge pas à cette règle dans sa douzième fresque. « Le Garçon et le Héron » suit le petit Mahito dans son quotidien mouvementé.

Il évolue dans le Tokyo des années 40 et mène une vie difficile. Sa mère séjourne à l’hôpital en permanence pour des raisons que Miyazaki décide de taire. Un jour de mauvais augure, l’établissement de santé se transforme en brasier et sa maman périt dans les flammes. Ce décès précipité acte un changement radical. Mahito quitte la ville pour prendre ses quartiers à la campagne, dans la demeure cossue de sa tante.

À son arrivée, il remarque un héron un peu trop intrusif contre lequel il décide d’abord de mener une petite guerre. Mais à mesure de l’intrigue, il se lie d’amitié avec cet oiseau des lacs uniques en son genre. Ce héron hybride, à mi-chemin entre l’homme et l’animal, le conduit jusqu’à une vieille tour à moitié en ruine. C’est là que démarre sa bascule dans une réalité parallèle, où les éléments du passé se mêlent à un décor excentrique.

Le génie de Miyazaki réside dans sa capacité à retranscrire ce vécu abrupt avec poésie et volupté. Il raconte les diverses étapes du deuil sans jamais tomber dans le discours plaintif. Il l’explore sous une tonalité plus décalée, en plébiscitant des symboles ou des allégories. Cette écriture lumineuse qui convertit le scénario le plus noir est une des bonnes raisons d’aller voir « Le Garçon et le Héron ».

Il a une esthétique captivante qui ravive nos yeux d’enfant

Parmi les bonnes raisons d’aller voir « Le Garçon et le Héron », il y a aussi et surtout le décor de fond très contemplatif. Ce film d’animation, fraîchement décoré, est d’une beauté immodérée. À la croisée d’« Alice aux Pays des Merveilles » et du « Château Ambulant », il empile les références artistiques et les clins d’œil aux précédents Ghibli.

C’est un film intelligent qui fait de multiples ricochets vers la brillante filmographie de Miyazaki. La forêt dense rappelle celle de « Mon Voisin Totoro » tandis que les portes temporelles renvoient très nettement au « Château Ambulant ». En filigrane se dresse également un message autobiographique, qui trouve des similitudes avec « Le Vent se lève », création plus terre-à-terre de Miyazaki.

« Le Garçon et le Héron » ouvre une fenêtre sur un imaginaire luxuriant et énigmatique. Le jeune Mahito déambule, « ébahi », dans ce dédale visuel où le présent et le passé ne font qu’un. Ce monde insaisissable, mais saisissant qui s’affiche devant lui est confus et désordonné, à l’image de son esprit post-deuil. Ces liens subtils entre le fond et la forme de l’intrigue apportent du relief à la création.

Il a plusieurs lectures et pousse à la réflexion

Parmi les bonnes raisons d’aller voir « Le Garçon et le Héron » sur grand écran, il y a également cette fin aux interprétations plurielles. En sortant de la salle, vous risquez de débattre longuement avec vos proches pour trouver une traduction logique et cohérente de ce film. « Le Garçon et le Héron » est plus qu’une œuvre divertissante. C’est un film en « kaléidoscope » qui retourne le cerveau et laisse de nombreux points d’interrogation dans la tête.

C’est un puzzle à reconstruire à la force de ses méninges. Cette œuvre de Miyazaki est plus complexe et exigeante que les précédentes. Vous n’avez pas intérêt de vous assoupir si vous voulez entrevoir l’issue de ce film aux allures de « casse-tête » narratif. Pendant 2h, Miyazaki déploie d’innombrables messages abstraits et explicites qui font toute l’abondance du long-métrage.

C’est un film « testament » qui clôture l’ascension de Miyazaki

Même si Miyazaki n’a pas encore officiellement tiré sa révérence et rendu son crayon, des rumeurs prétendent que « Le Garçon et le Héron » est son œuvre finale. Ce film a d’ailleurs tout d’un « dernier hommage ». Il est truffé de messages intimistes et de sous-entendus. Le héron, qui cherche à tout prix un héritier à son maître, ne serait autre que la réincarnation fictive de Toshio Suzuki, le producteur en chef du studio Ghibli. Une personnification maline, qui passe presque inaperçue dans ce flot d’informations.

Cette œuvre est une sorte de lettre d’adieu, écrite à l’encre du cœur et enrobée dans une intrigue à caractère initiatique. Elle souligne toute la virtuosité de Miyazaki. Véritable magicien du 7e art, il s’adresse aussi à celui ou celle qui prendra la relève de son empire. Ce double sens et cette connotation solennelle s’inscrivent dans les bonnes raisons de filer voir « Le Garçon et le Héron » au cinéma.

C’est le premier film d’animation japonais à décrocher un Golden Globe

Lors de la 81e cérémonie des Golden Globes, « Le Garçon et le Héron » a reçu le titre honorifique de meilleur film d’animation de l’année. Un couronnement inédit pour un film d’animation japonais. L’œuvre de Miyazaki s’est érigée face à d’autres créations d’envergure. Dont « Super Mario Bros », « Spider-man : Across the Spider-Verse », « Élémentaire et Wish : Asha et la bonne étoile ».

Elle s’est classée au-dessus des dernières sorties Disney, ce qui témoigne de son immensité et de son histoire pénétrante. Cette victoire illustre également l’engouement pour les créations nippones, toutes catégories confondues. Elle assoit la réputation de Miyazaki et confirme la prestance de ses tableaux. « Le Garçon et le Héron » est l’un des films les plus lucratifs du studio Ghibli. Ce Golden Globe est la consécration du talent de Miyazaki. Ce blason, fraîchement arboré, est une des bonnes raisons de courir voir « Le Garçon et le Héron ».

Toutes ces bonnes raisons vont forcément vous convaincre d’aller plus loin que le synopsis et de voir de plus près « Le Garçon et le Héron ». Ce film d’animation habile, profond et plein de prose s’ajoute à la rutilante galerie des studios Ghibli.  

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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