L’ambiance sinistre d’Halloween coule sur les écrans et transperce l’obscurité des chambres à coucher. Si les films d’épouvante sont trop rudes pour vos yeux, explorez le vaste catalogue des revenge movies, beaucoup plus indulgents avec les âmes sensibles. Pas de giclée de sang ou de fantômes démantibulés, mais des histoires de représailles. Ce sous-genre laisse entrevoir des récits absorbants qui reflètent toutes les souffrances de la société. Avec ces 8 revenge movies, la vengeance se déguste entre un plaid et une tasse de chocolat chaud.
Hard Candy
Hayley Stark, jeune adolescente téméraire, suspecte un photographe trentenaire d’être un prédateur en ligne. Futée, elle se lie d’amitié avec lui sur la toile et prend volontairement l’étoffe d’une « proie ». Après quelques échanges formels, elle lui propose une rencontre physique, directement chez lui. Pour ne pas attiser les doutes, Hayley se montre crédule et un peu naïve. Elle joue la comédie pour mieux le piéger. Mais dès que l’homme révèle son vrai visage, les pouvoirs s’inversent radicalement.
Le photographe devient alors le petit agneau et Hayley, le lion féroce. Bien décidée à mener son enquête jusqu’à son terme, Hayley n’hésite pas à enfreindre ses valeurs « morales » pour faire parler le photographe. Un des revenge movies les plus criants sur la quête de justice personnelle et l’impunité des prédateurs.
Gone Girl
En façade, Amy et Nick forment le tandem amoureux que tout le monde adule secrètement. Mais derrière ce romantisme dégoulinant se cache une terrible noirceur. L’image du couple irréprochable se déchire lorsque la jeune femme disparaît presque sans laisser de trace. Une enquête d’envergure s’ouvre et suscite un véritable engouement médiatique. Nick, campé par Ben Affleck, devient le suspect numéro un dans cette affaire d’envergure. À mesure des interrogatoires, il s’aperçoit que malgré les années de vie commune, il ne connaît pas si bien sa femme.
Même s’il ne cesse de clamer son innocence, Nick se fait engloutir dans cette course effrénée de la vérité. La presse n’hésite d’ailleurs pas à le catégoriser en « sociopathe ». À bonne distance, Emy se délecte de ce spectacle, savamment établi… Les revenge movies ouvrent une réflexion troublante sur des sujets tristement communs.
Ma
Les revenge movies s’imbriquent souvent dans des thrillers psychologiques. Un genre naturellement glacial qui se consomme avec les mains moites et le palpitant en accéléré. « Ma » conjugue d’ailleurs adroitement ces deux styles cinématographiques. Ce film suit Sue Ann Ma Ellington, une cinquantenaire recluse dans la province profonde de l’Ohio.
Lorsqu’elle croise la route d’un groupe d’adolescent.e.s, elle se révèle pleine de bonnes intentions. Elle va même jusqu’à leur prêter son sous-sol pour qu’iels puissent faire la fête sans déranger. Mais ce lieu d’amusement improvisé se transforme peu à peu en enfer à huis clos. « Ma », qui était si sympathique, voit ressurgir ses vieux démons et devient le diable en personne pour ces jeunes gens. L’apparence est parfois trompeuse…
Jennifer’s body
Voici un grand nom des revenge movies. Ce film, qui mêle comédie noire et horreur, se focalise sur l’amitié de deux adolescentes diamétralement opposées. Jennifer, interprétée par Megan Fox, est la fille la plus populaire du lycée. Elle récolte l’admiration de tout un fan-club. Needy, elle, est plutôt invisible aux yeux des autres. Pour elle, Jennifer est plus qu’une amie, c’est un « modèle », une divinité. Pourtant, sous ce physique avantageux et cette peau veloutée, un monstre se développe en catimini.
Après une soirée avec un groupe de rock « cheap », Jennifer mute subitement en une succube meurtrière. Une transition surnaturelle qui découle directement d’un traumatisme. Mi-femme, mi-vampire, elle se nourrit alors des âmes des jeunes hommes. Sa haine de la gent masculine semble insatiable. « Jennifer’s Body » est un film à la fois provocateur et satirique, avec des éléments risibles qui ajoutent une couche de complexité à son récit.
Les nuits avec mon ennemi
Dans ce film, Julia Roberts dépose l’étoffe de la prostituée séduisante de « Pretty Woman » pour enfiler celui d’une jeune femme torturée et confinée dans la violence. Elle incarne Laura, une femme qui tente d’échapper à un mariage abusif. Prisonnière de son bourreau, Martin, elle décide de simuler sa disparition en mer pour reconstruire sa vie loin de ses peurs. Elle se réapproprie une nouvelle identité et commence enfin à s’extirper d’un gouffre.
Mais Martin découvre la supercherie. Épris d’une colère irascible, il s’élance à ses trousses pour lui faire payer son mensonge. Alors que Laura court inlassablement après la liberté, elle est encore freinée dans sa quête. « Les Nuits avec mon ennemi » est un thriller prenant qui garde le public sur le bord du siège, tout en soulevant des questions sur les relations toxiques et la force de la résilience humaine. Sous leur aspect divertissant, les revenge movies ont aussi une fonction dénonciatrice puissante.
The Nightingale
Parmi les revenge movies les plus marquants, celui-ci esquisse un drame historique en toile de fond. Il se tient dans la colonie pénitentiaire de la Tasmanie au XIXe siècle. L’Australie est alors entre les mains des Anglais. Au milieu du chaos et de la brutalité ambiante, Clare, une bagnarde d’origine irlandaise voit enfin l’issue de son injuste détention. Pressée de rejoindre son mari et son bébé, elle est pourtant retenue par son officier de tutelle, qui refuse de la libérer.
Sa famille est prise en otage, torturée et massacrée sous ses propres yeux. Les soldats britanniques ont exterminé tout ce qui lui restait de plus cher. Armée d’une rage intarissable, elle entreprend un voyage périlleux à travers la sauvagerie de la Tasmanie, accompagnée par un guide aborigène. « The Nightingale » est un portrait brut et dérangeant de la condition féminine et des injustices subies par les peuples autochtones à l’époque.
Carrie
Inspiré du best-seller éponyme de Stephen King, ce film pose la caméra sur Carrie, une adolescente qui peine à trouver sa place dans la société. Élevée par une mère catholique radicale et ultra autoritaire, elle baigne dans les interdits. L’école pourrait prendre l’allure d’une parenthèse heureuse dans ce cauchemar à domicile, mais c’est le contraire. Carrie, introvertie et discrète, est au cœur de toutes les moqueries dans son collège.
Véritable « chat noir », elle semble condamnée à son statut de victime. Mais son sort s’inverse le soir du bal de promo. Alors qu’elle est la cible d’une humiliation collective, des pouvoirs télékinétiques s’ouvrent à elle, comme un cadeau du ciel. L’occasion, pour elle, de se venger de ses persécuteurs et de leur offrir un juste retour de brutalité. Parmi les revenge movies, celui-ci dénonce savamment le silence qui entoure la violence scolaire.
Le club des ex
Les revenge movies peuvent aussi se prêter à des scripts plus burlesques et loufoques. C’est toute l’ambition de cette comédie qui gravite autour d’un trio de femmes pétillantes, mais sournoises. Trois amies partagent une histoire commune : elles se sont toutes faites trompées par leur mari respectif.
Pour donner une bonne leçon à ces goujats, elles mettent en place un stratagème délicieusement machiavélique. Ces « drôles de dames » exécutent leur plan à grand renfort de sororité et de réplique kitsch. Un film très « second degré » pour prendre une grande dose de girl power.
Ces revenge movies transportent avec eux un message militant subtil qui pousse à la réflexion. Un autre itinéraire pour sortir des sentiers battus de l’horreur. Si vous aimez vous mettre les poils, vous pouvez aussi piocher dans les films d’épouvante plus trash.