Être une super-héroïne dans les comics : entre invisibilisation & hypersexualisation

Visiblement, c’est très difficile pour les éditeurs de comics de ne pas sexualiser la femme. À croire qu’elle ne peut exister qu’au travers d’un regard masculin, macho et sexiste. Autrement dit, si Batwoman, Spider-Woman ou encore She-Hulk sont de super-héroïnes, elles ne doivent pas se contenter de leur pouvoir. Elles doivent forcement être vêtues d’une tenue moulante dans laquelle leurs fesses et leurs seins sont bien visibles. Ou encore, se mettre en position suggestive et équivoque. Sinon, bien sûr, qui va lire ou voir ce comics ? 

Zoom sur une industrie qui a encore du chemin à faire en termes d’engagements féministes et d’égalité.

Les comics, un genre pour et écrit par les hommes

Parce que notre société est fondée sur des bases patriarcales et sexistes, les comics ont été longtemps un « truc de mec ». Et pour vendre un comics aux hommes, il faut penser comme tel.

Les hommes, sont bien évidemment, des mâles alpha, supra-virils, super baraques et viennent forcément sauver une femme. En revanche, pas n’importe laquelle. Seulement celle aux gros lolos, à la taille de guêpe et au ventre plat. Parce que, franchement, autrement, ça ne vaut pas trop le coup de la sauver…

Mais, si ce regard subsiste encore et toujours c’est parce que peu de femmes travaillent en tant qu’éditrices dans cette industrie. En effet, d’après une étude réalisée par Tim Hanley, historien des comics et chercheur, pour chaque femme travaillant dans l’industrie des comics, il y a neuf fois plus de collègues masculins.

En juin 2014, la DC Comics comptabilisait 519 hommes, contre 58 femmes. Marvel, embauchait 545 hommes et seulement 74 femmes. Des chiffres qui montrent ô combien le monde des super-héros souffre encore d’une vision masculiniste.

Des super-héroïnes encore et toujours sexualisées

Si les éditeurs de Marvel et de la DC Comics ont abordé assez rapidement, dès les années 70, les questions d’homosexualité, de drogue chez les jeunes et de violences conjugales. En revanche, ils ont pris du temps à créer des homologues féminins à leur super-héros. Ils ont dû attendre que les associations féministes les interpellent pour laisser plus de place aux femmes et réinterpréter leur rôle.

Mais bien que les dessinateurs de comics ont daigné laisser une petite place aux femmes, celles-ci sont toujours sexualisées. Pensons à notre Wonder-Women, longtemps représentée comme une pin-up, avant d’être la guerrière féministe qu’elle est aujourd’hui. Sa tenue, même si les créateurs soutiennent qu’elle donne une meilleure liberté de mouvement, représente avant tout un fantasme masculin.

Ou encore à notre chère She-Hulk, la cousine du titan de Marvel, Hulk. On le connait tou.te.s ce monstre vert aux muscles veineux et à la mâchoire carrée. On aurait pu croire que sa cousine, She-hulk, aurait droit à la même transformation. Eh bien, non ! Elle ressemble davantage à une « fit girl » d’Instagram. Brushing parfait, maquillage soigné, tenue coquette, physique de déesse… bref, de quoi rendre jaloux le colossal et nerveux Hulk et nous donner un nouvel exemple de double standard.

Les avancées féministes

Néanmoins, il ne faut pas négliger certaines avancées en termes de féminisme et de représentation féminine dans les comics. Le féminisme n’est plus seulement attribué qu’aux héroïnes. Les super-vilaines sont également mises en avant. On pense notamment au personnage de Hela, la soeur de Thor, à Harley Quinn ou encore à Poison Ivy.

La question de l’orientation sexuelle des femmes est aussi abordée et n’est plus seulement réservée aux hommes, comme à l’époque. Et alléluia, les domaines de l’armée, les sciences et les services secrets sont aussi associés aux femmes !

Notons également, l’énorme progrès de la part de Marvel, qui a récemment créé, la première héroïne musulmane, latine et homosexuelle, Kamala Khan. Une super-femme qui ne se réduit pas à ses amourettes ou à sa plastique.

Du côté de la DC, nous avons également l’héroïne asiatique Traci Thirteen.

Il faut le dire qu’après tant d’années, Marvel et DC doivent assumer leur puissance et sont obligés de représenter la société telle qu’elle est. Ne dit-on pas qu’un « grand pouvoir implique de grandes responsabilités » ? Mais, si les clichés se brisent petit à petit, il reste encore des progrès à faire. 

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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