Dans l’imaginaire collectif, les super-héros et super-héroïnes sont forcément des montagnes de muscles capables de vaincre l’ennemi en une pichenette. Mais celles et ceux qui s’attèlent à sauver le monde peuvent aussi restaurer la paix avec un handicap physique. Ce qui est pointé comme un « défaut de fabrication » par la société devient une véritable force dans la pop culture. Aux antipodes de Superman ou Wonderwoman qui se conforment à un « idéal », d’autres super-héros et super-héroïnes moins célèbres prouvent que le handicap est loin d’être un désavantage pour repousser le mal. Mutisme, surdité ou paralysie des organes « moteur »… le récit fantastique prend un tournant inclusif et ça fait du bien.
Jéricho, plongé dans le silence malgré lui
Personnage clé de l’univers DC Comics, Jéricho est le fils du redoutable mercenaire Deathstroke. Souvent menacé, il a toujours échappé au « pire ». Jusqu’au jour où il se fait séquestrer par un terroriste du nom de Jackal qui voulait faire pression sur son père. Mais qu’importe le sort de Jéricho et les conséquences de son silence, le truand ne délivre aucune information. En représailles, Jackal découpe la gorge du jeune homme, ce qui le prive de ce sens « vocal ».
C’est suite à cette sombre mésaventure que Jéricho hérite d’un handicap à vie. Plus aucun mot ne peut sortir de sa bouche. Pourtant, il continue de veiller sur sa contrée et de chasser le chaos avec courage. Mais dans cette quête de justice, Jéricho se sent illégitime et peine à trouver sa place. Un parallèle troublant avec le rejet réel de la société. Les super-héros et super-héroïnes qui ont un handicap ne se complaisent pas seulement dans la bagarre, ils nous poussent à la réflexion.
Oracle, la manageuse du cyber-space
Les super-héros et super-héroïnes ont rarement un handicap de naissance. Iels finissent avec une fonction en moins durant des échauffourées. C’est le cas d’Oracle, alter ego de Barbara Gordon. Elle est clouée à un fauteuil roulant à cause du Joker. Le super-vilain lui a tiré une balle en plein dans la colonne vertébrale. Depuis cette attaque-surprise, ses membres inférieurs sont « inutilisables ». C’est à partir de cet événement qu’elle a pris l’étoffe d’Oracle.
Elle est désormais les yeux et les oreilles d’une horde de super-héros et super-héroïnes. Grâce à ses capacités intellectuelles supérieures et sa maîtrise affûtée de l’informatique, elle surveille, coordonne et conseille un vaste réseau de justicier.ère.s. Elle devient la tête pensante de toutes les opérations de terrain. Même si elle reste derrière son écran, c’est elle qui maintient l’ordre sur Terre.
Daredevil, le malvoyant aux sens surdéveloppés
Les super-héros et super-héroïnes qui ont un handicap ne sonnent pas tou.te.s inconnu.e.s. Daredevil est sûrement l’un des plus emblématiques. Inscrit dans l’univers Marvel, il est en quelque sorte le premier à avoir insufflé la diversité dans le clan des surhumains. Son instinct de sauveur est né assez précocement. Adolescent, Daredevil qui n’était alors que Matt Murdock, a volé à la rescousse d’un citoyen sur le point de se faire percuter par un camion.
Mais pendant ce sauvetage spontané, il a été ébloui jusqu’à la rétine par les produits radioactifs présents dans le poids lourd. Une lumière littéralement aveuglante, qui lui a fait perdre la vue. Cependant, il y a gagné au change puisque ses autres sens ont été grandement décuplés. Son ouïe, son odorat, son toucher et sa proprioception exceptionnels lui permettent ainsi de se battre contre les criminels avec une précision inégalée.
Écho, une surdité qui pousse à l’ultra-vigilance
Maya Lopez, plus connue sous le pseudo « Écho », est sourde depuis le berceau. Son histoire personnelle est assez crue. Son père a été tué alors qu’elle n’était qu’une enfant. Le meurtrier, qui se fait appeler « le Caïd » l’a alors pris sous son aile, en se faisant passer pour son géniteur. Même si Maya a eu du mal à accepter son handicap, elle a su s’en enrichir autrement.
Pour combler cette ouïe absente, elle a hérité d’un don unique de mémoire photographique qui lui permet de reproduire n’importe quel mouvement ou compétence après l’avoir vu une seule fois. En plus de ses fonctions cognitives haut de gamme, elle excelle dans les arts martiaux et a le coup de pied fatal. Lorsqu’elle découvre la supercherie autour de ses origines, elle met à l’œuvre toute sa force pour vaincre « le Caïd », celui qui s’est servi d’elle comme un pantin. Ne jamais sous-estimer la puissance des super-héros et super-héroïnes qui partent avec un handicap.
Blue Ear, des prothèses auditives en arme de défense
Les personnages Marvel Comics ne sont pas tous le fruit d’un imaginaire débordant. Certains trouvent leur jumeau dans la vraie vie. C’est le cas de Blue Ear, qui a été créé en l’honneur d’un jeune garçon malentendant nommé Anthony Smith. Dès ses premières années de vie, il a dû porter des prothèses auditives qui ont rapidement fait l’objet de moqueries. Sa mère a alors pris l’initiative d’écrire une lettre à Marvel pour raconter le quotidien de son fils. C’est ainsi que « Blue Ear » est né.
Saisi par cette histoire touchante, Marvel a accouché de ce super-héros qui ressemble de très près à Anthony. Ses prothèses auditives renferment un pouvoir spécial qui lui permet de capter des sons inaudibles par les autres. Ce sont elles qui lui apportent cette fameuse « valeur ajoutée ». Les super-héros et super-héroïnes qui ont un handicap délivrent de belles leçons de tolérance aux enfants.
Professor X, le télépathe en chaise roulante
Le Professeur Charles Xavier, visage incontournable des X-Men, semble assez passif comparé à ses homologues qui ont encore leur deux jambes fonctionnelles. Souvent retenu à cause de sa chaise roulante, il est pourtant doté de pouvoir télépathique d’envergure. C’est d’ailleurs lui qui apprend aux mutants à canaliser leurs capacités hors normes pour servir la paix du monde.
C’est cette bravoure qui lui a coûté ses membres inférieurs. Pendant un passage dans l’Himalaya, il a tenté de sauver des habitant.e.s prisonnier.ère.s de Lucifer. Mais pour défendre son « butin humain », l’alien a fait tomber un lourd morceau de plafond sur les jambes du Professeur X. Cependant, le fait d’être paraplégique ne l’a pas empêché de propager le bien autour de lui.
Silhouette, la battante aux béquilles
Les super-héros et super-héroïnes ont souvent un pouvoir associé à leur handicap. Dans la majorité des scénarios de fiction, les deux sont même complémentaires ou co-dépendants. Silhouette, elle, est une super-héroïne qui sert de taupe dans un gang de malfrats.
Lors d’une opération cruciale, elle est la victime collatérale de tirs entre trafiquants et policiers. Elle se fait toucher à pleine balle dans la colonne et la jambe, ce qui la contraint à marcher en béquille. Mais grâce à son patrimoine génétique et les diverses mutations passées de sa famille, Silhouette peut se téléporter. Une fonction surnaturelle qui compense ces capacités réduites.
Hawkeye, le malentendant aux mains habiles
Maintenir le calme sur Terre n’est pas de tout repos et Hawkeye est bien placé pour le savoir. Dans sa lutte pour le bien de la Nation, son ouïe a été mise à rude épreuve. Ses tympans ont été transpercés de nombreuses fois, dégradant considérablement son système auditif. Mais c’est le Clown qui le plonge une bonne fois pour toutes dans un « blanc » éternel. Il porte alors des appareils auditifs spéciaux pour entendre des semblants de bruit.
Ce support, qui a pour vocation de soutenir son ouïe, devient une part intégrante de son identité. En supplément, il a aussi la main adroite pour le tir à l’arc, ce qui le rend quasi imbattable. Finalement, les super-héros et super-héroïnes qui ont un handicap sont les porte-paroles des invisibles de la société.
Komodo, le lézard « humain »
Ce dernier itinéraire providentiel contient un petit message préventif subtil. Six mois après avoir obtenu son permis, Komodo troque son siège conducteur contre un fauteuil roulant. Sa conduite imprudente et ses innombrables excès de vitesse l’ont destitué de ses jambes. Mais cette expérience traumatisante est révélatrice.
C’est elle qui fait germer son pouvoir. Komodo, alors amputée des jambes, voit ses membres repousser de façon curieuse. De la même manière que les queues de lézard, les parties de son corps perdues se régénèrent à vitesse éclair. Komodo, une biologiste née, est également formée aux techniques de combat, aux premiers secours et aux véhicules.
Les super-héros et super-héroïnes qui ont un handicap se nourrissent de ce que la société hisse en « faiblesse » ou en « tare ». Toutes et tous illustrent une résilience qui n’est d’ailleurs pas réservée aux personnages masqués. Ce qui s’affiche sous le filtre de la fantaisie reflète une force d’esprit réelle. Dans une version plus « courte », les enfants peuvent aussi découvrir une autre facette du handicap à travers ces courts-métrages.