The Substance : la révolution du film d’horreur féministe !

The Substance, le film d’horreur de Coralie Fargeat primé au Festival de Cannes 2024, incarne un tournant dans le genre horrifique en abordant de manière féministe des thèmes tels que le vieillissement, la perception du corps des femmes et les pressions de l’industrie du divertissement. L’actrice Demi Moore, icône des années 1990, y fait un retour audacieux en incarnant Elisabeth Sparkle, une ancienne star du fitness brutalement évincée à ses 50 ans. Elle succombe alors à une injection révolutionnaire, la « substance », permettant de recréer une version plus jeune et idéalisée d’elle-même. Ce double plus jeune, interprété par Margaret Qualley, devient son alter ego, mais également son propre ennemi.

La subversion des codes du corps féminin dans le cinéma d’horreur

Avec ce film, Coralie Fargeat met en scène une représentation hyperbolique et sanglante des pressions qui poussent les femmes à atteindre un idéal de jeunesse et de beauté impossible. Les injections de la « substance », qui manipule les traits de l’héroïne jusqu’à les transformer en une caricature de perfection, illustrent les sacrifices auxquels les femmes se soumettent pour correspondre aux standards inatteignables imposés par le patriarcat et l’industrie du divertissement.

La violence graphique utilisée dans le film, marquée par des aiguilles et des déferlements de sang, symbolise les tourments physiques et psychologiques qu’endurent les femmes en raison de ces idéaux oppressifs. Pour Fargeat, le corps des femmes devient un terrain de bataille, où les attentes sociétales causent des inégalités et des violences, parfois auto-infligées, par la quête de conformité.

Une héroïne complexe face aux pressions sociétales

Elisabeth Sparkle, le personnage de Demi Moore, illustre cette lutte contre la « décadence » liée à l’âge, une réalité dans le monde du divertissement, où les femmes sont souvent écartées à l’approche de la cinquantaine. L’obligation implicite de rester éternellement jeune est renforcée par le caractère intrusif de la « substance », qui pousse Elisabeth à renier sa véritable identité pour devenir « Sue », une version plus jeune, plus belle et plus désirable de son propre être. Cependant, la relation complexe entre Elisabeth et Sue prend un tournant lorsque Sue, au lieu de se limiter à un rôle secondaire, cherche à dominer.

Ce jeu de pouvoir entre l’héroïne et son alter ego expose la perte d’autonomie que subissent de nombreuses actrices à mesure qu’elles vieillissent, mises de côté au profit de jeunes talents. Le producteur manipulateur du film, incarné par Dennis Quaid, est une représentation symbolique de cette industrie patriarcale qui objectifie et instrumentalise les femmes, ne leur permettant d’exister que selon des standards stricts.

Un film horreur au service d’un message féministe profond

En choisissant un genre cinématographique ancré dans l’effroi, The Substance redéfinit les contours de l’horreur pour explorer les tensions entre féminité, vieillissement et acceptation de soi. La relation entre Elisabeth et son double plus jeune devient une métaphore d’une société où les femmes se battent non seulement contre les attentes externes, mais aussi contre leur propre critique intérieure. La réalisatrice, Coralie Fargeat, déclare que le corps féminin, souvent instrumentalisé, devient une source de conflits et de tourments, façonnant la manière dont la société perçoit et juge les femmes à différents âges.

Une oeuvre engagée qui marque un tournant dans le cinéma d’horreur

The Substance incarne l’angoisse ressentie par les femmes face aux normes de beauté et à la pression pour paraître jeunes, une critique poignante des réalités de l’industrie cinématographique. En intégrant ces thèmes dans un scénario horrifique, Coralie Fargeat réussit à faire de l’horreur un espace d’exploration féministe, délaissant les stéréotypes de victimes fragiles pour des personnages profonds et résilients. Cette œuvre audacieuse élève le cinéma d’horreur à un espace de critique sociale, où le rejet du vieillissement des actrices est dénoncé de façon viscérale, sans compromis.

Ainsi, The Substance ne se contente pas d’inquiéter, mais invite aussi à la réflexion sur les normes de beauté, le vieillissement et l’autonomie féminine, offrant une vision féministe marquante qui résonne au-delà des frissons habituels du cinéma d’horreur.

Anaëlle G.
Anaëlle G.
Adepte des réseaux sociaux, j'ai toujours passé mon temps à naviguer sur les sites de mode, santé et beauté pour les femmes. On a toutes besoin de se sentir belles quelle que soit sa taille et c'est ce qui me plaît chez The Body Optimist.
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